Avortement clandestin L'avortement illégal ou clandestin est de nouveau au devant de la scène , surtout après la condamnation à 10 ans de prison d'un gynécologue impliqué dans plusieurs affaires d'avortements clandestins et ce à la suite du démantèlement a Meknès du plus grand réseau d'avortement . Le tribunal de première instance de Meknès a condamné le gynécologue responsable de plusieurs avortements clandestins a 10 années de prison ferme assorties d'une amende de 100 millions de Cts . Le tribunal a aussi ordonné la fermeture définitive du cabinet médical du gynécologue et a demandé que ce praticien soit rayé de l'ordre des médecins . La même juridiction a condamné , un infirmier anesthésiste qui travaillait à l'hôpital militaire de Meknès à 4 ans de prison ferme pour participation active aux avortements clandestins qui procédait , quand aux deux assistantes du gynécologue elles ont été condamnées a deux années et demi de prison chacune. Rappelons que cette histoire d'avortements clandestins avait défrayé la chronique au mois d'Avril puisqu'il s'agissait au fait du démantèlement à Meknès du plus grand réseau d'avortement des mères célibataires à Meknès , mais que le Maroc a connu jusque là. En effet au début du mois d'Avril 2013 , les éléments de la police judiciaire avaient investi les locaux d'une espèce de cabinet situé à la rue Jamal dine El Afghani , Boulevard des Forces Armées Royales à Meknès , et arrêté un gynécologue, un infirmier anesthésiste qui travaille à l'hôpital militaire de la ville et deux assistantes du gynécologue qui procédait à des opérations d'avortements clandestins sur des jeunes filles dont l'âge est compris et 20 et 21 ans en contre partie de sommes d'argent qui varient de 1500 DH à 15.000 DH selon les cas Notons que dans cette affaire d'avortement clandestins le procureur général du roi auprès du tribunal de première instance de Meknès a aussi ordonné la poursuite de 9 autres personnes qui ont des liens avec cette affaire . Comment doit – on aujourd'hui interpréter toutes la condamnation de ces médecins a de lourdes peines de prison , la perte de leur emploi puisqu'ils ne pourront plus exercer leur métier au moment ou ils ont consacré des années de leur vie pour faire des études médicales. On peut imaginer ce qui aurait pu se passer , si le Maroc avait amendé la loi sur l'avortement, comme le réclame de nombreux acteurs médicaux, politiques et associatifs ..... Toutes ces femmes pourraient être prises en charge dans de très bonnes conditions par le corps médical qui fera son travail dans d'excellentes conditions de sécurité pour la femme et pour le professionnel de santé et puis cela permettra de vider les prisons de ces hommes et femmes inculpés pour avortement clandestin Il ne s'agit pas de défendre la pratique aveugle de l'avortement , non mille fois non , il s'agit de permettre une interruption de grossesse quand il y a viol , inceste , risque de malformation du fœtus , risque pour la mère Notre société est sans pitié face à une jeune fille qui se retrouve enceinte pour diverses raisons et souvent les conséquences sociales face à cette grossesse sont dramatiques , c'est malheureusement parfois le suicide et les crimes d'honneur , ne vaudrait il pas mieux dans ces conditions peser le pour et le contre ..... Un problème complexe Le problème des avortements clandestins n'est pas uniquement celui de l'illégalité de cet acte , c'est aussi celui des conséquences immédiates et futurs sur la santé des femmes que fait courir cette pratique surtout quand on sait dans quelles conditions sont réalisés ces avortements. Souvent ces femmes sont admises au niveau des différents service des urgences dans un état de choc avec de fortes hémorragies, après une tentative d'avortement non réussie. Celles qui arrivent vite aux urgences et qui sont prises en charge par les médecins des différents hôpitaux ont des chances d'être sauvées . Malheureusement Certaines femmes décèdent des suites de ces pratiques dangereuses. On comprend pourquoi le taux de mortalité maternelle est élevé au Maroc ( 100 / 100.000 naissances vivantes), 13% de ces cas de décès sont liés à l'avortement, selon l'Organisation mondiale de la santé. Dés lors, on peut dire que l'avortement clandestin est un réel problème de santé publique, un drame humain qui ne peut laisser personne indifférente. En effet , il faut insister sur un aspect fondamental qui mérite d'être connu de tous car l'avortement clandestin n'est pas un acte anodin, c'est une pratique dangereuse qui se solde parfois par un drame et chaque jour des femmes victimes d'avortements clandestins qui sont réalisés dans des conditions d'hygiène catastrophiques sont admises au niveau des services des urgences , les maternités ou les cliniques dans un état de choc avec de fortes hémorragies, après une tentative d'avortement non réussie. Malheureusement, certaines femmes décèdent des suites de ces pratiques dangereuses C'est aussi un phénomène social très complexe. Sa prévalence en termes de cas et de complications inhérentes à cette pratique est telle qu'aucune femme ne sort indemne à la suite d'un avortement clandestin. Les séquelles de l'avortement clandestin sont lourdes tant sur le plan psychologique que sur le plan physique. Par ailleurs, il faut savoir qu'un avortement mal pratiqué est la cause directe de la stérilité de la femme. Des chiffres qui interpellent Selon les chiffres avancés par l'association Marocaine de lutte contre l'avortement clandestin (AMLAC) entre 600 et 800 avortements clandestins sont pratiqués par des réseaux spécialisés dans les avortements . Ces réseaux font appel pour leur sales besognes à certaines sages-femmes peu scrupuleuses , à quelques médecins et infirmiers véreux . Ces avortements sont réalisés soit au niveau de certains cabinets médicaux , certaines cliniques privées sont renommées pour cette pratique et se sont un argent fou , l'avortement clandestin peut aussi se réaliser à domicile et parfois dans des arrières boutiques ou des endroits désaffectés ou n'existe aucune hygiène . Dire que 600 ou 800 avortements sont quotidiennement réalisés peut sembler en deçà des réalités car a ce jour aucune étude digne de ce nom n' a été réalisée et les chiffres avancés ne sont que des estimations . Déni Parler de l'avortement au Maroc n'est pas chose aisée , car cette pratique est entourée de plusieurs interdits, de tabous et autres barrières enchevêtrées et complexes. On trouve côte à côte la religion qui bannit l'avortement. Concernant la religion, au Maroc , nous sommes dans un pays musulman , où les valeurs propres à l'éthique musulmane sont fortement intériorisées, la légalisation de l'IVG, même dans certains cas, apparaît choquante, à juste titre. Au regard de l'Islam et même si il y a quelques points de divergence, l'avortement est en effet par principe interdit car considéré comme un crime contre l'humanité dès lors qu'il s'agit d'interrompre la formation d'un futur être. Et puis il y a la loi qui interdit l'avortement , en effet l'article 449 du Code pénal punit de 1 à 5 ans de prison et d'une amende de 200 à 500 DH toute personne ayant provoqué, ou tenté de provoquer, un avortement avec ou sans l'accord de l'intéressée. La peine est portée à 20 ans de réclusion en cas de décès et est doublée si l'avorteur est récidiviste A ces deux éléments , il faut ajouter le regard de la société et celui du voisinage qui sont empreints d'hypocrisie .Des éléments qui ont de tous temps handicapé et paralysé un débat que l'on aurait pourtant voulu serein , constructif , ouvert , sincère et surtout honnête .Un débat que réclame depuis des lustres notre société car les enjeux de l'avortement clandestin qu'il soit médicalisé ou non sont énormes et lourds de conséquences. Nécessité d'un débat responsable La question d'un débat franc , sincère , courageux et responsable n'est pas nouvelle , elle a suscité l'intérêt de plusieurs potentialités , associations , femmes et hommes politiques et on se souvient du combat mené par notre camarade Nouzha Skalli , ancienne Ministre du développement sociale et de la famille qui avait fait sienne la défense de la loi visant à légaliser l'avortement, en cas de force majeur, comme les cas de viol, d'inceste ou de malformation du fœtus . Une réforme qui si elle voit le jour permettra de lever le voile sur un phénomène tabou qui se répand de façon clandestine au Maroc et qui échappe aux autorités du pays ayant interdit cette pratique , il s'agit de légiférer sans aucun état d'âme , mais légiférer en prenant en considération l'intérêt et le droit des personnes a décider librement ce qu'elles veulent ou non . Légiférer à la fois parce qu'il est capital que chacun sache ce qui est ou non légal dans notre société et aussi parce qu'il s'agit d'un problème humain et donc relevant et intéressant la population toute entière, plutôt que de laisser cette question en suspens ou donner l'opportunité à quelques individus d'imposer une position nette mais non prouvée. En l'état actuel, chacun reste libre d'agir selon ses convictions et, rappelons-le, personne n'impose à l'autre d'agir contrairement aux siennes. Nous sommes nés libres et nous entendons défendre cette liberté pour laquelle nous nous battons. Permettre à une jeune fille qui se retrouve enceinte pour moult raisons (Viol – inceste ...) de pouvoir se faire avorter dans des conditions médicales saines et sécurisées, par un personnel qualifié est une composante de cette liberté. La légalisation de cet acte devra permettre justement d'exercer cette liberté dans un cadre protégé par la loi et la médecine, contrairement à ce qui se fait actuellement. Ce que dit la loi Marocaine L'article 449 du Code pénal punit de 1 à 5 ans de prison et d'une amende de 200 à 500 DH toute personne ayant provoqué, ou tenté de provoquer, un avortement avec ou sans l'accord de l'intéressée. La peine est portée à 20 ans de réclusion en cas de décès et est doublée si l'avorteur est récidiviste. L'article 454 punit de 6 mois à 2 ans toute femme s'étant livrée à l'avortement sur elle-même. Enfin, l'article 455 punit de 2 mois à 2 ans les complices d'un avortement, notamment les intermédiaires ou les vendeurs de produits abortifs. En outre, s'il est prouvé que le coupable se livrait habituellement à cet acte, les peines sont portées au double. Si le coupable fait partie du corps médical ou para-médical, il peut, en outre, être frappé de l'interdiction d'exercer temporairement ou définitivement. Concernant la femme qui s'est volontairement prêtée à un avortement ou qui a utilisé elle-même des moyens qui lui ont été indiqués pour avorter, elle risque une peine d'emprisonnement de 6 mois à 2 ans.