Le débat sur l'avortement est remis sur le tapis après l'arrestation, le 1er mars 2008 à Agadir, de deux médecins, une gynécologue et un anesthésiste-réanimateur, et une infirmière pour avoir accepté de pratiquer une interruption volontaire de grossesse sur une victime de viol. Leur interpellation vient suite à une plainte déposée par deux étudiants contre trois jeunes garçons pour enlèvement, séquestration et viol. Les investigations de la police judiciaire d'Agadir a démontré que l'un des accusés était en relation avec l'une des victimes. Cette dernière est tombée enceinte de lui avant qu'elle ne se fasse avorter dans une clinique spécialisée. Au Maroc, l'avortement provoqué est sévèrement réprimé. Les seules exceptions tolérées par la loi sont l'avortement spontané ou l'IVG nécessités par la sauvegarde de la vie de la mère. En dehors de ces cas, la loi punit aussi bien la personne qui aide à interrompre une grossesse que la femme qui se prête à cet acte. Ainsi, celui qui se rend coupable de provoquer un avortement ou d'indiquer les moyens de le provoquer est puni d'une peine d'emprisonnement de 1 à 5 ans et d'une amende de 120 à 500 dirhams. Lorsque la mort en résulte, la réclusion est de 10 à 20 ans. S'il est prouvé que le coupable se livrait habituellement à cet acte, les peines sont portées au double. Si le coupable fait partie du corps médical ou para-médical, il peut, en outre, être frappé de l'interdiction d'exercer temporairement ou définitivement. Concernant la femme qui s'est volontairement prêtée à un avortement ou qui a utilisé elle-même des moyens qui lui ont été indiqués pour avorter, elle risque une peine d'emprisonnement de 6 mois à 2 ans. L'interdiction de l'avortement n'empêche pas sa pratique dans l'illégalité. Les chiffres exacts n'existent pas. Mais on estime que mille IVG sont pratiquées par jour dans les villes marocaines. Malheureusement, la plupart sont faites par des charlatans dans des conditions d'hygiène déplorables. Ce qui n'est pas sans danger. Hormis les infections et les risques de stérilité, la femme risque de mourir suite à une déchirure du col de la matrice ou des hémorragies. Aussi, est-il possible d'envisager un assouplissement de la législation sur l'avortement, en considérant les conséquences dramatiques liées à sa pratique clandestine ? D'autant plus qu'il a été prouvé que la majorité des grossesses hors-mariage proviennent d'agressions sexuelles. Pire encore, 3.240 des mères célibataires des 5.020 cas recensés, soit 65 %, ont déclaré, avoir abandonné leurs enfants après l'accouchement. Ne-peut-on pas limiter ce phénomène en autorisant aux jeunes filles victimes d'un viol ou d'un inceste d'avorter ?