La chercheuse et auteure s'exprime, pour la première fois depuis sa démission il y a une semaine sur les raisons de sa décision. Dans un long communiqué parvenu à 2M.ma, Asma Lamrabet évoque « des pressions » et des « divergences » et rappelle son engagement en faveur d'une « lecture progressiste, réformiste et dépolitisée pour opérer une nouvelle approche de la question des femmes dans l'Islam ». « Je n'ai pas souhaité m'exprimer, depuis l'étranger, où je participais à un séminaire académique, sur les raisons ayant conduit à ma démission et ce pour éviter toute instrumentalisation malveillante qui viendrait travestir mon patriotisme, mes valeurs et mes profondes convictions », lit-on dans sa mise au point. Ses propos, tenus lors d'une conférence de présentation de l'ouvrage collectif sur l'héritage, ont suscité une vive polémique. Des propos « exprimés à titre strictement personnel », souligne Lamrabet, avant de poursuivre : « Devant une telle pression, j'ai été contrainte à présenter ma démission en raison des divergences portant sur l'approche de l'égalité femmes hommes au sein du référentiel religieux ». Devant une telle pression, j'ai été contrainte à présenter ma démission en raison des divergences portant sur l'approche de l'égalité femmes hommes au sein du référentiel religieux ». Asma Lamrabet Celle qui défend une lecture« réformiste » des textes religieux s'est aussi adressée à ses détracteurs, directement. « A ceux qui voudraient m'accabler, je dirais que mon action, à titre bénévole au sein de la Rabita, pendant près de dix ans n'avait d'autre ambition que de servir mon pays et de promouvoir cette troisième voie, celui d'un islam apaisé, contextualisé et en phase avec les valeurs humanistes universelles compatibles avec nos valeurs culturelles », écrit-elle. La présidente démissionnaire du centre d'études féminines en Islam au sein de la Rabita a tenu a rappelé les principes qui la motivent. « Je porte en moi et défends les valeurs que Sa Majesté le Roi n'a cessé de prôner pour la préservation des constantes du pays, pour la défense des droits légitimes des femmes et la marche irréversible du Maroc vers la modernité », souligne-t-elle. Et de poursuivre que « L'islam comme référentiel incontournable et tel que clairement stipulé dans notre Constitution, ne saurait être pour nous marocains, femmes et hommes, ni une barrière ni un obstacle pour l'émancipation dans la justice et l'égalité en droits ». L'islam (...) ne saurait être pour nous marocains, femmes et hommes, ni une barrière ni un obstacle pour l'émancipation dans la justice et l'égalité en droits ». Asma Lamrabet Lamrabet explique aussi qu'en « « que marocaine, qui a puisé son inspiration dans notre Islam, je me sens fière et forte de ses enseignements et des portes qu'il m'a ouvertes sur la réalité, l'altérité et la pluralité culturelle, ce qui a permis à notre pays de faire de sa richesse, de sa diversité et de sa spiritualité, un atout reconnu, respecté et souvent envié. Cet engagement n'est pas seulement le mien, il est nourri et porté par la majorité des composantes de notre Nation. Il est celui du consensus national, du compromis, de l'Islam du juste milieu, celui qui a permis à notre pays d'évoluer sereinement et lucidement vers la modernité » ». "J'ai toujours prôné une lecture progressiste, réformiste et dépolitisée pour opérer une nouvelle approche de la question des femmes dans l'Islam", Asma Lamrabet Concernant sa vision de l'Islam, l'essayiste rappelle qu'elle a toujours prôné « une lecture progressiste, réformiste et dépolitisée pour opérer une nouvelle approche de la question des femmes dans l'Islam. « C'est l'action que j'ai toujours menée à travers la déconstruction des lectures rigoristes et patriarcales, notamment à travers mes différents ouvrages et au sein du Centre d'études féminines, qui est devenu un espace de référence dans la réforme du champ religieux initié par la plus haute autorité politique du pays », précise-t-elle. "Je poursuivrai sereinement et librement mon engagement " , Asma Lamrabet A la fin de son communiqué, Asma Lamrabet n'a pas manqué de remercier ses soutiens. « Le plus important aujourd'hui est de soutenir, plus que jamais, les droits légitimes des femmes pour un Maroc de justice et d'égalité». Et de conclure : « J'ai pris donc mes responsabilités. Et comme je l'ai dit dans mon post : « une étape est terminée . Je poursuivrai sereinement et librement mon engagement ». Lire aussi: Héritage : une pétition incite les théologiens à aller plus loin dans l'interprétation des textes