Deux structures, offrant deux qualités de formation pour deux populations. Une réalité pénalisant l'essor du système éducatif public, mise à nu dans une enquête de PIRLS (Progress in International Reading Literacy Study). Menée en 2016 sur onze mille élèves marocains, l'enquête fait ressortir un phénomène de gap social qui se creuse entre les écoles du public et celles relevant du secteur privé. Ce fossé ferait décidément problème, créant une sorte d'homogénéité dans les établissements du secteur public, d'un côté, où se concentrent uniquement les élèves issus de milieux sociaux dits défavorisés, et de l'autre, les établissements du privé où sont scolarisés les élèves de couches moyennes et aisées. Cette corrélation entre catégorie sociale et conditions de scolarisation a fait objet de l'enquête internationale PIRLS qui pointe du doigt une quasi-inexistance de la mixité sociale dans nos écoles. Sur 50 pays couverts par l'enquête, le Maroc compterait le plus important effectif d'enfants scolarisés dans les établissements dominés par les couches sociales défavorisées. Le Maroc ressort également parmi les pays où le taux le plus faible d'enfants scolarisés dans des écoles en équilibre social a été enregistré. Une anomalie qui fait perdre à l'école publique près de 70% de ses élèves avant le bac, note l'Economiste, relayant les résultats de cette étude. La Banque mondiale avait tiré la même sonnette d'alarme dans son mémorandum économique 2017 sur le Maroc. L'institution y dénonce une véritable fracture sociale qui empêche l'accès des jeunes marocains quelles que soient leurs origines, aux mêmes conditions de scolarisation. Toujours selon la BM, le système éducatif marocain présenterait des disparités flagrantes, notamment dues à la défaillance de l'enseignement primaire. "Tous les pays ayant réussi à relever le niveau de leur capital humain, tels que la Corée du Sud, Singapour ou la Finlande, se sont appuyés sur un primaire de qualité pour tous, presque à 100% public", souligne le rapport.