Les rapports faisant état de la faiblesse du système éducatif marocain se suivent et se ressemblent. Lors d'un atelier organisé conjointement par l'Agence américaine pour le développement international (USAID) et le ministère de l'éducation nationale et de la formation professionnelle (MENPF) tenu hier, mercredi à Rabat, il s'agissait de dresser un état des lieux de l'apprentissage de la lecture en arabe dans les écoles primaires publiques. Certains constats exposés lors de la première session de cet atelier, notamment concernant les perceptions des enseignants, étaient particulièrement préoccupants. Ainsi, 47% des enseignants du primaire sondés plus tôt cette année pensent que certaines catégories d'élèves sont simplement incapables d'apprendre à lire. 34% d'entre eux pensent que l'enseignement ne peut pas dépasser les difficultés que rencontrent les jeunes élèves. «Le plus inquiétant est que cette idée est également présente chez les enseignants stagiaires et futurs enseignants en cours de formation», a noté Fouad Chafiqi, directeur des programmes au ministère de l'éducation nationale. Commentant ces résultats, le ministre de l'éducation nationale et de la formation professionnelle, Rachid Belmokhtar, a assuré que ces chiffres témoignaient de la situation alarmante de l'enseignement au Maroc, ajoutant que «si près de 50% des enseignants pensent que des enfants ne peuvent pas apprendre, ce n'est rien de moins qu'une condamnation pour une large catégorie d'écoliers». La même étude, menée par le MENPF, atteste que les classes mêlant plusieurs niveaux sont encore très présentes: elles sont au nombre de 25.000 sur les 130.000 classes de primaire au Maroc, soit près de 20%, bien qu'une grande partie des enseignants du cycle primaire se dise incapable de gérer une classe de ce type. L'exposé de Fouad Chafiqi, qu'il a lui-même qualifié de «tableau noir de l'éducation au Maroc», n'est en fait qu'une série d'enquêtes et d'études nationales et internationales menées sur les élèves du primaire au Maroc entre 2011 et 2014. Ainsi, l'étude PIRLS (Progress in international reading literacy study) menée en 2011 dans 55 pays dont 5 pays arabes place le Maroc en dernière place avec un score de 310/1000, soit loin de la moyenne de 500 et en chute de 20 points par rapport à 2001. Cette étude centrée sur les compétences acquises par les écoliers a été menée sur un échantillon de 8.670 élèves de la quatrième année du primaire, issus de 289 écoles publiques du Royaume. La quasi-totalité de ces élèves était incapable d'extraire une information à partir d'un texte, de la comprendre et de l'utiliser dans un contexte différent. Une autre enquête menée par l'USAID dans les écoles de la région de Doukkala-Abda relève l'incapacité de 66% des élèves de 2ème et 3ème années du primaire de comprendre un texte de leur niveau d'étude. Cette étude a également démontré que certains de ces enfants ne savaient toujours pas nommer toutes les lettres ni prononcer des mots simples tandis que 33% des élèves de 2ème année et 17% des élèves de 3ème année ne savent pas lire un seul mot de l'arabe. En ce qui concerne les outils et ressources existant dans les écoles, cette enquête relève que 97% des élèves de la région disposent de manuels d'arabe et de mathématiques. «Il faut noter, en revanche, que beaucoup de ces manuels ne répondent pas aux cahiers des charges élaborés par le ministère, encore moins aux normes internationales», a souligné Fouad Chafiqi. Cependant, 98% des classes observées ne disposent d'aucun matériel de lecture aux côtés des manuels «La quasi-totalité de ces classes n'a aucun livre, ni brochure, ni magazine ni toute autre ressource de lecture», indique le rapport de l'USAID.