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L'effort d'éducation inhibé par la faiblesse des résultats: 4 élèves sur 5 sont proches de l'analphabétisme et 3 élèves sur 4 n'ont aucune notion en mathématiques
Un contraste fondamental caractérise le système éducatif marocain : si l'Etat a consenti d'importants efforts budgétaires pour ce secteur, les résultats demeurent pour autant en deçà des aspirations. En effet, les dépenses de l'Etat allouées au système éducatif et de formation sont passées de 24,1 milliards de DH en 2001 à près de 60 milliards de DH actuellement, portant ainsi l'Indice de l'Effort Absolu (IEA) à plus de 6,6% (IEA est le rapport entre budget global de l'éducation et de la formation et la richesse nationale). Toutefois, et malgré les quelques avancées réalisées en termes de généralisation, les diagnostics établis (rapports nationaux et internationaux) sur les performances du système d'éducation et de formation marocain convergent tous vers le même constat : inefficacité interne et externe de ce système. Ainsi, après de multiples réformes, les insuffisances sont, non seulement d'ordre qualitatif (qualité des apprentissages), mais d'abord d'ordre quantitatif (accès et durée de scolarisation). Ces insuffisances sont amplifiées davantage par les problèmes liés à la gouvernance du système. Deux catégories d'indicateurs de comparaison internationale attestent du poids pénalisant de l'éducation dans la construction du développement économique et social au Maroc : Le classement du Maroc dans l'indice du développement humain (IDH) : en effet le Maroc est classé 126éme sur 188 pour l'IDH 2015 (classement et indice de 2014). A ce titre, force est de constater que depuis le début de la « décennie éducative », le Maroc est classé selon cet indice à un rang situé entre 122éme et 130éme (parmi les 177 ou les 188 pays comparés selon les années considérées). L'examen des valeurs enregistrées par chacun des indicateurs composant l'indice, montre que la déscolarisation et l'analphabétisme (32% de la population âgée de 15 ans et plus, dont les 2/3 sont des femmes) tirent toujours vers le bas le niveau du développement humain au Maroc10. Un des points négatifs que soulève à ce titre le rapport du PNUD sur l'IDH 2015, est la durée moyenne de scolarisation qui atteint péniblement 4,4 ans, alors qu'elle tourne autour de 12 ans dans les pays développés. Cela est d'autant plus frappant que le Maroc fait partie du quintile supérieur des pays qui consacrent une part importante de leurs PIB au financement du secteur éducatif (plus de 6% du PIB). En effet, l'effort budgétaire de l'Etat déployé en faveur de l'éducation reste très important comparativement à plusieurs pays : en moyenne plus de 25% du budget de l'Etat -hors charges communes et dépenses imprévues- sont consacrés uniquement pour l'enseignement scolaire et depuis au moins 2002, le budget alloué à l'éducation progresse presque chaque année de 5%. Ce classement moins honorable dans l'IDH est corroboré par d'autres classements internationaux comme celui du Forum économique mondial sur le capital humain11 où le Maroc est classé 98éme sur 130 pays (The Humain Capital Report 2016/World Economic Forum) ; Le classement des élèves marocains dans les tests d'évaluation internationaux des connaissances. Si on prend les résultats de 2011 des enquêtes TIMSS (Trends in Mathematics and Science Study) et PIRLS (Progress In Reading and Literacy Study) auxquelles le Maroc participe, respectivement depuis 1995 et 200112, ils montrent que le Maroc affiche de faibles performances qui traduisent l'échec des apprentissages. Ces résultats sont restés loin en dessous de la moyenne internationale et en baisse même par rapport aux résultats obtenus en 2003 et en 2007. Lus et interprétés autrement, les résultats de ces deux enquêtes d'évaluation révèlent qu'en matière de lecture, presque 4 élèves marocains sur 5 sont proches de l'analphabétisme et que près de 3 élèves sur 4 n'ont aucune notion en mathématiques. Dans le même sillage, selon une étude de l'OCDE effectuée sur 76 pays, dans le cadre du programme pour l'éducation post- 2015, sur la relation entre les compétences de base et le dynamisme économique14, le Maroc est classé en queue de liste (73ème) en matière de scoring lié notamment aux tests des compétences en mathématiques et en sciences pour les élèves de 15 ans. Il ressort de cette étude que la qualité de l'éducation dans un pays reste un puissant facteur prédictif de la richesse produite par ce pays à long terme. Ainsi, cette étude estime qu'une amélioration des compétences de base des élèves réalisée d'ici 2030 (mesurée par un score équivalent au moins à 420 points PISA) pourrait multiplier le PIB courant du Maroc de plus de 10 fois à l'horizon 2095 et de près de 16 fois à cet même horizon en cas à la fois d'achèvement des taux de scolarisation dans les cycles du secondaire et de renforcement des compétences fondamentales15. En d'autres termes, les gains économiques consécutifs à l'élimination des résultats scolaires très médiocres dans un pays comme le Maroc d'ici 2030 suffiraient largement à financer l'éducation primaire et secondaire de tous les élèves.