L'Instance nationale d'évaluation du système d'éducation, de formation et de recherche scientifiques (INE) a publié, récemment, un résumé de son enquête nationale sur l'insertion des lauréats de l'enseignement supérieur au Maroc. Elaborée par l'instance dépendant du Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS), l'enquête suggère une évaluation de l'intégration des lauréats des universités, des établissements de la formation des cadres, de la formation professionnelle post-baccalauréat et de l'enseignement supérieur privé au marché du travail. Menée auprès de 9 899 lauréats de la promotion 2014 et qui sont interrogés de manière rétrospective en 2018, l'enquête se base sur un questionnaire adressé à ces diplômés permettant de recueillir des informations sur leur itinéraire professionnel après l'obtention du diplôme par le biais d'un calendrier professionnel mensuel en reconstituant de façon séquentielle dans le temps (48 mois) les différentes situations rencontrées depuis la sortie du système de formation : emploi, chômage, poursuite d'études, inactivité. L'analyse des résultats de l'enquête révèle que quatre ans après la sortie des établissements de formation, plus des deux tiers (69,4%) des diplômés de l'enseignement supérieur sont en situation d'emploi, 13,3% sont à la recherche d'emploi (chômage), 9,4% sont en situation de reprise ou de poursuite d'études et 7,9% sont inactifs et ne suivent ni études ni formation. « Ces indicateurs témoignent de la forte participation des diplômés de l'enseignement supérieur au marché du travail», puisque près de 82,6% des lauréats ont déclaré être en situation d'activité quatre ans après leur sortie des établissements de formation », indique l'Instance nationale d'évaluation du système d'éducation, de formation et de recherche scientifiques.
Lauréats en situation de chômage Sur l'ensemble des diplômés de l'enseignement supérieur en 2014 qui ont déclaré être en situation d'activité quatre ans après leur sortie des établissements de formation (2018), 16,2% ont déclaré être en situation de chômage, ce qui correspond à un taux de chômage toutes composantes confondues, proche du double de celui de l'ensemble de la population au niveau national en 2018 (9,5%). Ce taux de chômage diffère selon le genre, le type de diplôme et la composante d'enseignement supérieur. Il est relativement élevé chez les femmes (20,9% contre 12,3% pour les hommes) et chez les diplômés de la formation professionnelle post bac et ceux des établissements universitaires à accès ouvert, avec respectivement 20,5% et 18,7%, contre seulement 2,9% chez les diplômés des établissements ne relevant pas des universités, 5,6% chez les diplômés de l'enseignement supérieur privé et 8,5% par parmi les diplômés des établissements universitaires à accès régulé.
L'enquête pointe «des disparités par niveau de diplôme», soulignant que les titulaires d'une licence fondamentale et les techniciens spécialisés sont les plus touchés par le chômage quatre ans après leur sortie des établissements de formation. Deux types de diplômés ayant affiché des taux de chômage supérieurs à la moyenne (16,1%), avec respectivement 21% et 20,5%. Heureusement pour les lauréats, l'évolution mensuelle du taux d'insertion professionnelle, montre que ce dernier passe, en s'inscrivant dans une tendance haussière, de 47,9% un mois après la sortie de l'enseignement supérieur à 83,7% 45 mois après l'obtention du diplôme. S'agissant de l'entrée dans la vie active, les diplômés des établissements ne relevant pas des universités ont majoritairement des trajectoires professionnelles caractérisées par l'accès certain et durable à l'emploi (84,6%) avec une surreprésentation masculine (89,7% des hommes et 80,4% des femmes). Ces trajectoires concernent 58,6% des techniciens spécialisés lauréats de la formation professionnelle post bac, 53,9% des lauréats des établissements universitaires à accès régulé, 68,7% des diplômés de l'enseignement supérieur privé et 51,1% de ceux des établissements universitaires à accès ouvert, informe la même source
Le secteur privé formel est le plus grand pourvoyeur de postes d'emploi pour les jeunes diplômés Par ailleurs, l'enquête pointe une «inégalité d'accès au premier emploi en faveur des hommes à l'issue de leur diplomation de l'enseignement supérieur, toutes composantes confondues», en plus des difficultés d'accès des jeunes diplômés à l'emploi en général. Dans ce sens, elle révèle que les diplômés de l'enseignement supérieur en 2014, toutes composantes confondues, mettent environ 10,8 mois à trouver leur premier emploi. L'analyse de l'emploi selon le type d'employeur montre que le secteur privé formel est le plus grand pourvoyeur de postes d'emploi pour les jeunes diplômés de l'enseignement supérieur (64,8%), quatre ans après l'obtention de leur diplôme. Le reste des postes est assuré principalement par l'Etat (33,1%, y compris les entreprises publiques et semi-publiques) et l'auto-emploi (2,3%), tandis que le secteur informel ne contribue à l'emploi des jeunes diplômés que par une faible proportion ne dépassant pas 1,5% de postes.
En plus, le secteur privé formel profite plus aux diplômés de l'enseignement supérieur privé (87,2%) et à ceux de la formation professionnelle post bac (81,3%). Il y a lieu de noter que les diplômés des établissements ne relevant pas des universités et ceux des établissements universitaires publics à accès ouvert s'orientent plus que les diplômés des autres composantes vers le secteur public et semi public (respectivement 52,5% et 45,7% contre 31,2% pour les établissements universitaires à accès régulé, 13% pour la formation professionnelle post bac et seulement 10,7% pour l'enseignement supérieur privé). Par ailleurs, l'Instance nationale d'évaluation du système d'éducation, de formation et de recherche scientifiques plaide pour la réorganisation de l'enseignement supérieur.