Les jeunes diplômés à l'affût d'emploi Les mois de Juin, Juillet furent des moments de liesse et d'allégresse pour de nombreux diplômés et leurs familles. La joie était au rendez-vous avec des banquets bien conçus pour célébrer la circonstance. D'aucuns étaient même vêtus de toges, écharpes et chapeaux pour leur remise de diplômes. Rien que quelques mois et ces festivités sont déjà tombées dans les oubliettes, laissant place à une suite d'interrogations et d'inquiétudes qui alimentent le quotidien de ces jeunes diplômés. Que faire ? Trouver un emploi, mais où ? Sachant que le marché de l'emploi est miné par tous et le chômage se propage. L'inquiétude s'accroit alors qu'on se rappelle des expériences passées de certains prédécesseurs. Diplômes en poche, tous souhaitent un emploi qui sied à leurs qualifications académiques. Bref, un emploi bien rémunéré dans des entreprises prestigieuses. Un emploi qui s'inscrit bien évidemment dans le cursus universitaire suivi. Mais le triste sort veut que ce désir ne s'accomplisse pas toujours pour tous ces diplômés. Une réalité qui pousse certains à opter pour des emplois en déphasage avec leurs ambitions. D'autres ont recours aux «calls centers» pour palier à la situation et d'autres restent au chômage. L'ennui règne, les portes des entreprises ne sont pas toujours ouvertes, des alternatives naissent de jour en jour chez ces jeunes diplômés. D'autres par peur de devenir des «ni travail, ni formation» prévoient de poursuivre des formations doctorales. Trois années supplémentaires pour décrocher le précieux sésame qui leur ouvrira la porte au monde de l'emploi en tant qu'enseignant dans l'enseignement supérieur. Malheureusement, ce projet par défaut n'est pas toujours bien ficelé. Nour, titulaire d'un diplôme de master de la faculté des lettres et Sciences humaines de Ben M'sick en 2013 confie «maintenant, je ne fais rien. Je suis au chômage. Je ne peux pas non plus postuler pour un doctorat car j'ai besoin d'une année de pause. Je vais postuler pour l'ENS une fois que le concours sera lancé. Sinon, je vais chercher un emploi dans une école privée en tant qu'enseignante d'anglais.» Selon les chiffres pourvus par le Haut Commissariat au Plan, 2 chômeurs sur 3 sont dans la tranche d'âge 15-29 ans. Un demandeur d'emploi sur cinq (24,6%) est titulaire d'un diplôme de niveau supérieur. Mais d'après les statistiques, le chômage touche majoritairement les lauréats des facultés. Un cinquième d'entre eux est sans emploi depuis 60 mois. La peur du chômage se fait évidente dans le discours de ces jeunes. Rachid, titulaire d'un master recherche à l'université Hassan II-Casablanca confie «Je suis maintenant au chômage. J'espère bien que je trouverai un travail dans un futur proche, mais je ne sais même pas dans quel domaine.» Cette peur du chômage naît de la fermeture des entreprises, mais est dû également à un mal qui mine le système éducatif marocain : l'inadéquation entre les formations diplomantes et le monde professionnel. De nombreux programmes académiques sont coupés du monde professionnel. Ce qui ne permet pas aux étudiants d'avoir facilement accès à un emploi dans une entreprise. De nombreux diplômés ne prennent connaissance du marché de l'emploi et du monde de l'entreprise qu'à l'issu de leurs formations. Aucune préparation préalable pour favoriser la recherche et l'obtention d'un emploi. Avec des programmes académiques surchargés, ceux-ci n'ont pas la possibilité de faire des stages qui pourront les préparer à l'emploi. Ce n'est qu'à l'issu de leur formation que la question de l'emploi devient une hantise. Le chômage montant décourage de nombreux étudiants qui ne voient plus aux formations universitaires leur valeur et prestige d'antan. Un diplôme de master, un emploi sous payé ou le chômage. L'espoir étant là, l'horizon peut-être lumineux, mais encore faut-il envisager la résolution de la question du chômage de manière systémique en impliquant le système éducatif, les entreprises, le gouvernement et les jeunes diplômés dans un dialogue constructif.