L'évacuation des diplomates et d'autres ressortissants étrangers et afghans se déroule à un rythme effréné à Kaboul, tombée dimanche aux mains des talibans après une offensive militaire éclair et le départ du pays du président aghan Ashraf Ghani. Les citoyens afghans et étrangers voulant fuir l'Afghanistan "doivent être autorisés à le faire", ont déclaré les Etats-Unis et 65 autres pays dans un communiqué commun, mettant en garde les talibans qu'ils devaient faire preuve de "responsabilité" en la matière. L'Union européenne avait auparavant souligné que l'arrivée des talibans à Kaboul avait "rendu encore plus urgente la protection" contre de possibles représailles à l'égard de son personnel afghan, qu'elle essaye de mettre en sécurité. * Afghanistan : Le Canada annonce l'évacuation totale du personnel de son ambassade à Kaboul L'armée américaine, pour sa part, a "sécurisé" lundi l'aéroport de Kaboul, où a été regroupé le personnel de son ambassade dans l'attente d'être évacué après la prise de la capitale par les talibans, a indiqué le Département d'Etat. L'Allemagne, la France et les Pays-Bas font partie des pays qui ont aussi transféré des membres de leur personnel diplomatique de leur ambassade à Kaboul à l'aéroport avant une évacuation. Berlin prévoyait les premiers départs dans la soirée dimanche de ses diplomates présents à l'aéroport. D'autres pays membres de l'Otan dont le Royaume-Uni, l'Italie, le Danemark et l'Espagne ont de leur part annoncé l'évacuation de leur personnel diplomatique, tout comme la Suède. Le ministère français des Affaires étrangères a annoncé dimanche que Paris déployait des renforts militaires aux Emirats arabes unis pour faciliter l'évacuation des ressortissants français de Kaboul. La première rotation aérienne d'évacuation organisée par l'armée française entre sa base aux Emirats et la capitale afghane est prévue d'ici "la fin de ce lundi", a déclaré la ministre française des Armées Florence Parly. Il y avait "plusieurs dizaines" de Français à évacuer, ainsi que des "personnes qui sont sous notre protection", a précise la ministre Parmi les Français à évacuer figurent notamment le personnel diplomatique, a déclaré la ministre. Plus de 600 Afghans employés dans des organisations françaises en Afghanistan sont arrivés en France avec leurs familles, selon le gouvernement. La progression des talibans avait conduit Londres à annoncer jeudi soir l'envoi d'environ 600 militaires pour évacuer les ressortissants britanniques. Pour sa part, le Canada a annoncé dimanche soir la fermeture provisoire de son ambassade, précisant que le personnel canadien était déjà sur le chemin du retour. Le ministère italien de la Défense a de son côté évoqué l'arrivée dimanche d'un premier avion militaire pour commencer les opérations d'"évacuation d'urgence". Le Danemark et la Norvège ont fait état de leur côté de la fermeture provisoire de leurs ambassades à Kaboul tandis que la Finlande comptait évacuer jusqu'à 130 travailleurs afghans locaux. La ministre suédoise des Affaires étrangères Ann Linde a également fait savoir qu'il y aurait parmi les personnes évacuées des interprètes afghans et d'autres membres du personnel local. Le Pentagone a annoncé dimanche que "plusieurs centaines" d'employés de l'ambassade américaine à Kaboul ont déjà quitté l'Afghanistan. De même, le drapeau américain a été retiré lundi de l'ambassade des Etats-Unis à Kaboul dont "presque tout" le personnel se trouve à l'aéroport dans l'attente d'être évacué, a annoncé le département d'Etat. Le chargé d'affaires américain en Afghanistan Ross Wilson s'y trouve également, a précisé la même source. Le président américain Joe Biden avait porté à 5.000 soldats le dispositif militaire à l'aéroport de Kaboul pour procéder à cette évacuation, qui concerne environ 30.000 personnes. Il a décidé dimanche d'envoyer 1.000 militaires supplémentaires. La Russie quant à elle ne prévoyait pas d'évacuer son ambassade. "Aucune évacuation n'est prévue", a affirmé dimanche Zamir Kaboulov, émissaire du Kremlin pour l'Afghanistan, cité par l'agence de presse Interfax. Quant à la Chine, qui partage 76 km de frontière avec l'Afghanistan, elle a affirmé lundi qu'elle souhaitait des "relations amicales" avec les talibans, au lendemain de la prise de Kaboul par les insurgés. Pékin "respecte le droit du peuple afghan à décider de son propre destin et de son avenir", a déclaré à la presse une porte-parole de la diplomatie chinoise, Hua Chunying. Dimanche, le chef de l'Etat afghan Ashraf Ghani a annoncé avoir quitté le pays pour "éviter un bain de sang". "Les talibans ont gagné (...) et sont à présent responsables de l'honneur, de la possession et de l'auto-préservation de leur pays", a reconnu le président Ghani sur sa page Facebook, précisant avoir quitté le pays pour "éviter un bain de sang", car (s'il était resté) "d'innombrables patriotes auraient été tués" et la capitale "aurait été détruite".