L'Institut Royal des Etudes Stratégiques vient de rendre publique la quatrième édition de son "tableau de bord stratégique". Un document qui dresse un état des lieux sur le positionnement du Maroc à l'échelle internationale dans les domaines politique, économique, social, culturel et environnemental. Le Royaume peut se targuer d'avoir réussi à réaliser des avancements en matière de sécurité publique. Le document magnifie le niveau élevé de sécurité atteint grâce "à la mise en place de nouvelles structures sécuritaires, au renforcement de leurs moyens d'action et à la formation des forces de l'ordre aux nouvelles formes de criminalité". Dans ce même sens, l'IRES préconise le recours à une approche sécuritaire axée sur la promotion de forces de l'ordre de proximité et la sensibilisation des citoyens sur leur rôle, en tant que partenaires de ces forces. Une stratégie qui devrait renforcer davantage le niveau de la sécurité intérieure du pays, estime l'institution. Insuffisance des effectifs de police Sur les indicateurs de criminalité, le document met en avant, chiffres à l'appui, la tendance haussière de l'effectif des fonctionnaires de police. Le nombre de policiers est en effet passé de 147 pour 100.000 habitants en 2003 à 182 pour 100.000 habitants en 2013. Toutefois, L'IRES accuse un personnel sécuritaire limité, jugé insuffisant pour faire face au développement de la criminalité dans le pays. Par ailleurs, le rapport livre des données relatives au nombre d'agressions. Celui-ci a grimpé de 164,5 agressions pour 100.000 habitants en 2003 à 205,3 en 2013, soit un taux de 25%. Une tendance haussière attribuable notamment à la hausse de la consommation des psychotropes, à l'urbanisation non maîtrisée et au creusement des inégalités. Sur 100.000 habitants, 215 marocains sont sous écrou, selon les chiffres de l'IRES. On compte une hausse considérable de la population carcérale, due au recours accentué à la détention provisoire, ce qui a contribué à l'engorgement des prisons. Sécurité globale: un bilan plutôt mitigé Autre enseignement à tirer, le niveau de la sécurité globale. Evalué sur la base de trois indicateurs, celui-ci est assez mitigé. S'agissant de l'indice global de paix, le document note "une résilience du Maroc face aux bouleversements sociopolitiques qu'ont connus certains pays de la région Mena, confirmée par le classement du Royaume à la 91ème position sur 163 pays dans l'édition 2016 du Global Peace Index". Pour ce qui est de l'indice "Fragile State", le positionnement du Maroc demeure contrecarré par certains phénomènes, notamment la migration, la fuite des cerveaux et les inégalités de développement économique. Le Maroc est passé du 88ème rang mondial en 2007 au 91ème rang en 2015 affichant ainsi la meilleure performance à l'échelle maghrébine. Enfin, quant à l'indice global du terrorisme, le document précise que le Royaume a vu son positionnement s'améliorer dans le classement mondial en occupant la 95ème place en 2016 alors qu'il figurait à la 119 ème place en 2002. L'IRES fait remarquer à ce sujet que le Maroc est exposé au risque terroriste "en raison de son engagement actif dans la lutte contre le terrorisme et de ses choix de société, axés sur l'ouverture et la promotion d'un Islam modéré et tolérant". Cela dit, l'efficacité du dispositif sécuritaire national et la mise en place du Bureau central des investigations judiciaires (BCIJ) "devraient renforcer davantage les capacités anticipatives du Maroc en matière de lutte contre le terrorisme et le crime organisé", fait savoir l'IRES. Progrès substantiels en matière de développement humain En matière de développement humain, des progrès ont été enregistrés, en dépit de quelques facteurs qui impactent négativement le score du Royaume, à leur tête, le niveau d'éducation jugé "insuffisant". En moyenne, la durée de scolarisation des Marocains n'est que de 4,4 années en 2014 contre 6,2 années pour les pays à développement humain moyen et 8,2 années pour les pays à développement humain élevé. Autre point faible, l'augmentation du taux de suicides, celui-ci a connu une hausse significative en passant de 2,7 pour 100.000 habitants en 2000 à 5,3 pour 100.000 habitants en 2012. L'IRES préconise "La mise en place d'un guide de prévention contre ce fléau et d'associations d'écoute des désarrois qui guettent les personnes vulnérables à ce phénomène ainsi que la sensibilisation de la population au rôle primordial de la famille pourraient réduire la progression du nombre de suicides". Pour finir, l'institution salue l'amélioration du positionnement du royaume à l'international pour ce qui est de l'indice de progrès social en passant de la 91ème place en 2013 à la 86ème position en 2016, et ce au même titre que l'indice de la croissance inclusive. Le rapport relève dans ce même registre que le Royaume réalise des performances en matière d'inclusion et d'équité intergénérationnelle relativement élevées. "Ce positionnement pourrait être amélioré si, à l'avenir, le pays parvient à accroître substantiellement le niveau de revenu de ses habitants et à éradiquer définitivement la pauvreté", fait valoir l'IRES.