Avec l'augmentation les deux dernières semaines du nombre de contaminations au Covid-19, la situation épidémiologique au Maroc se présente comme, « inquiétante ». Plusieurs spécialistes appréhendent une rechute et appellent à plus de prudence. Dans ce « 3 questions » accordé à 2M.ma, le professeur Tarik Sqalli Houssaini, vice-doyen de la faculté de Médecine et de Pharmacie de Fès (FMPF) souligne que le Maroc a fait le choix de reprendre les activités économiques mais cette reprise doit s'accompagner du respect des gestes barrières pour éviter un scénario alarmant. 2M.ma.Quelle explication vous pouvez donner à l'actuelle recrudescence des cas de Covid-19 au Maroc ? Tarik Sqalli Houssaini. Cette récente augmentation du nombre de cas atteints du virus Covid-19 était prévue. Il faut souligner que préalablement, nous étions conscients que le choix de dé-confinement, de l'ouverture des frontières, de la reprise des activités économiques avait un prix si les gestes barrières ne sont pas respectés. Aujourd'hui, nous sommes devant le constat alarmant d'un réel dépassement des seuils d'alerte dû, essentiellement, à d'une négligence presque totale des gestes barrières. En effet, le mardi 13 juillet, le Maroc a dépassé le taux symbolique de positivité de 7% pour enregistrer un taux de positivité de 8,15% pour la première fois en 2021. Ceci dit, le taux de reproduction du virus dépasse les 30%. Ce qui veut dire qu'on est en phase d'ascension du rythme de contamination et que le virus est remarquablement plus présent au milieu de la population. Il est à souligner dans ce sens que les nombreuses alertes des autorités sanitaires ne sont pas fortuites. La semaine dernière, le ministre de tutelle a fait une sortie dans les médias pour appeler à plus de vigilance, à quelques jours d'Aid Al Adha, nous réitérons l'appel du respect des gestes barrières, d'éviter les rassemblements et garder à l'esprit que même si on est vacciné on est pas à l'abri d'une contamination. Quelle réponse vous donneriez à ceux qui prétendent que le Maroc n'est pas concerné par le variant « Delta SARS-CoV-2 » ? Nous sommes dans un contexte de pandémie. Il y'a plus de frontières. C'est comme pour le premier variant du Coronavirus. LL'on s'achemine vers un remplacement de la première souche à des souches avec de nouveaux variants. L'Europe est juste à côté de nous et elle a connu le remplacement de la souche initiale par le variant anglais et désormais par le variant Delta. Le premier pays européen à connaitre une recrudescence du nombre de cas atteint du variant Delta, c'est le Portugal, il y'a deux semaines. Actuellement, la France, l'Espagne, la Belgique, presque tous les pays avec lesquels le Maroc a des échanges commencent à connaitre une croissance du nombre de cas atteints du variant Delta. Est-ce vrai que malgré l'actuelle augmentation des cas, le Maroc demeure un bon élève puisque l'opération de vaccination va bon train ? Le Maroc sur tous les plans a relativement bien géré cette crise sanitaire. Nous avons dépassé les 20 millions de doses de vaccin anti-Covid-19 administrées. A 30% de la population qui déjà reçu au moins une première dose, on évite au moins une augmentation des cas graves. Mais, il faut savoir que le vaccin ne protège pas à cent pour cent. Personne n'a jamais prétendu que le vaccin protège d'une façon totale. On peut être porteur du virus alors qu'on a été vacciné. D'où l'intérêt de rester vigilant même qu'on est vacciné. N'oublions pas qu'il y'a encore deux tiers de la population qui restent à vacciner.