Comparativement aux ménages dirigés par un homme, ceux dirigés par une femme ont rencontré plus de difficultés pour bénéficier des services de santé pendant le confinement sanitaire, indique le Haut-Commissariat au Plan (HCP) dans son "rapport d'analyse genre de de l'impact du coronavirus sur la situation économique, sociale et psychologique des ménages", élaboré en partenariat avec ONU Femmes. Dans une partie du rapport consacrée aux "Indicateurs de santé dans le contexte du confinement", le HCP indique "qu'avant même de naitre les enfants issus de familles dirigées par des femmes vivent une situation d'inégalité des chances aggravée par la crise". Cette situation est plus prégnante en milieu rural. Dans les ménages dirigés par les hommes, il y a près de deux fois plus de chances d'accéder aux services de soins prénatals et postnatals que pour les membres des ménages dirigés par des femmes (69% versus 37%), poursuit le rapport.
Le HCP indique aussi que le manque de ressources financières est l'une des raisons de privation des soins de santé pendant le confinement sanitaire, que la présence de femmes actives occupées au sein du ménage augmente les chances d'accès aux services de santé, ou que l'accès aux soins de santé diffère selon la tranche d'âge et que les personnes âgées restent prioritaires. La principale raison évoquée par les ménages qui n'ont pas eu accès aux services de santé est la peur de la contamination au coronavirus. On retrouve ensuite la difficulté d'accès (Indisponibilité des moyens de transport, éloignement, etc.) et le manque d'argent. Cependant, les fréquences de ces causes varient selon le type de maladie, précise le HCP. Etat psychologique et qualité de vie des ménages Les résultats du deuxième passage de l'enquête révèlent que les femmes déclarent davantage être « très inquiètes » en cas d'apparition d'une nouvelle vague par rapport aux hommes (36,8% contre 31,4%). Cette remarque confirme l'analyse des données du premier passage qui révèlent que les femmes subissaient plus de pression pendant le confinement, comparées aux hommes, peut-on lire. Les données révèlent aussi, d'une part, que 18,7% de la population a souffert de la promiscuité pendant le confinement et, d'autre part, qu'il existe des différences notoires selon le genre. Ainsi, 21% de femmes contre 16,4% d'hommes affirment avoir souvent souffert de la promiscuité, est-il expliqué. L'analyse économétrique a permis de confirmer qu'être un chef de ménage femme accroît la possibilité de déclarer subir des conséquences psychologiques ou encore subir des conflits inhérents à la promiscuité. D'autre part, l'inquiétude est plus forte lorsque dans les ménages seules les femmes sont des actives occupées. "Habiter en milieu urbain augmente la probabilité non seulement de déclarer subir des conséquences psychologiques, mais aussi celle de connaître des conflits dus à la promiscuité. Il en va de même quand le nombre de personnes par pièce dans le logement est supérieur à 3. La densité de la population urbaine par rapport au milieu rural explique ces résultats", détaille l'institution statistique. Enfin, avoir des difficultés sévères pour honorer ses engagements financiers va avec la déclaration de subir des conséquences psychologiques et accroît le risque d'inquiétude et de vivre des conflits, et le fait d'avoir des conflits au sein du ménage accroît la propension à subir des conséquences psychologiques.
Réalisé sur la base des résultats de son enquête sur l'impact de la pandémie COVID-19 sur la situation économique, sociale et psychologique des ménages, ce rapport s'inscrit dans le cadre du programme de partenariat entre le HCP et ONU- Femmes intitulé "Les Femmes Comptent" dont l'objectif est de promouvoir un environnement institutionnel favorable à la production, la dissémination et l'utilisation des statistiques sensibles au genre, renforcer la production de statistiques sensibles au genre et appuyer la diffusion et l'accessibilité des statistiques sensibles au genre auprès de l'ensemble des utilisateurs au Maroc. A partir d'informations réunies grâce à deux enquêtes réalisées par le HCP auprès des ménages pendant et à la sortie du confinement, ce rapport analyse les conséquences de la crise sanitaire ainsi que des diverses dispositions prises pour en atténuer les effets. Il met en exergue la dimension genre dans l'acuité du vécu de la crise et les bénéfices tirés des politiques publiques palliatives implémentées.