"La Politique européenne de voisinage (PEV) est plus que nécessaire, au regard du contexte de la crise pandémique que nous vivons", a affirmé, jeudi 26 novembre, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, Nasser Bourita. Dans son allocution à l'occasion de la Conférence ministérielle "UE-Voisinage Sud, pour une association rénovée", M. Bourita a indiqué que la Covid-19 a interpellé le concept de voisinage, a donné un autre sens au concept de sécurité et a démontré des fragilités, mais a aussi révélé des opportunités à exploiter ensemble. Après 17 ans de mise en œuvre, la PEV garde toute sa pertinence stratégique, a-t-il relevé, soulignant qu'elle est pertinente dans son esprit, celui de proposer à ces différents voisins des chemins partenariaux différenciés, pertinente dans sa méthode, puisqu'elle mobilise une palette d'instruments et de programmes selon des modalités nouvelles, et pertinente dans son acquis, celui de faire converger sous son chapitre des pays différents. Ainsi, l'acquis de la PEV se matérialise par un dialogue politique institutionnalisé, avec plus de 30 milliards € investis entre 2003 et 2020, à travers des modes d'appui diversifiés, parfois complexes mais toujours adaptés, une coopération sectorielle structurée et un accès ouvert sur les agences et programmes, a noté le ministre. Toutefois, les 17 ans de la PEV ont montré quelques limites à surmonter, a-t-il relevé, notant que sur la finalité, elle n'a pas déployé une offre suffisamment féconde pour réduire l'écart de développement entre les deux rives. "La richesse produite au Sud est 13 fois inférieure qu'au Nord, et l'écart des niveaux de vie est de presque 1 à 5", a fait observer M. Bourita. "Sur la méthode, la PEV a fini par ériger en plafond ce qui pourrait être, pour certains – dont mon pays – un niveau planché de coopération", a-t-il soutenu, ajoutant que sur la démarche, l'apport des instruments financiers est resté limité. La PEV doit transcender la logique financière pure, a suggéré M. Bourita, ajoutant qu'une PEV rénovée gagnerait à disposer d'instruments flexibles, adaptés à l'engagement de chaque partenaire et à ses priorités. Il a également plaidé pour une plus grande implication du Sud dans le +decision shaping+ le concernant, à l'instar des membres de l'Espace économique européen. S'agissant du Maroc, M. Bourita a indiqué que l'Union européenne est une évidence géostratégique. "Sa Majesté le Roi Mohammed VI est fin connaisseur de l'UE, de ses mécanismes et de son Partenariat avec le Maroc. Le Souverain nous a fixé un cap, qui est notre doctrine", a-t-il souligné. Fort de son Statut avancé, le Maroc a fait, avec l'UE, le choix de recapitaliser les relations autour d'un partenariat global, a assuré M. Bourita, affirmant que "nous sommes décidés à optimiser l'opportunité que constitue la révision de la PEV, pour aller ensemble sur des terrains d'avenir, comme les transitions jumelles – digitale et verte – à travers la conclusion de Pactes Vert et Numérique". Le ministre a également évoqué "la recherche et l'innovation dans le domaine de la santé, afin constituer un rempart contre de futures crises". La Politique européenne de voisinage (PEV) de l'Union européenne vise à rapprocher l'Europe de ses voisins, dans leur intérêt mutuel. Elle a été lancée dans le but d'aider l'UE à soutenir et favoriser la stabilité, la sécurité et la prospérité dans son voisinage direct. En 2015, l'UE a lancé une consultation publique et une révision de la PEV, un processus ayant débouché sur la publication, en novembre de la même année, d'une Communication conjointe pour adapter cette politique aux défis et aux crises qui ont frappé les régions du voisinage depuis 2008.