Une révision de la croissance mondiale à la baisse en raison des performances de la zone Euro et du Japon qui restent décevantes, la persistance de la flambée des cours du pétrole, ainsi que la nécessité de contenir les exportations chinoises, tels sont les principaux axes sur lesquels sest penché le FMI dans son dernier rapport. Le dernier rapport publié par le FMI le 13 avril 2005 sur les perspectives de l'économie mondiale laisse prédire que la croissance économique reste excessivement dépendante des États-Unis et de la Chine qui, selon le rapport, comptent pour près d'un quart de la production mondiale. Un fait déplorable qui s'explique essentiellement par les déséquilibres financiers favorisés par la plus forte croissance qu'ont connue les États-Unis, le ralentissement de la zone Euro et la stagnation du Japon avec de faibles signes de relance. Les pays émergents demeurent dominés par la Chine et l'Inde qui restent particulièrement solides. Au Moyen-Orient, la hausse persistante du prix du pétrole devrait constituer une occasion de redressement des budgets en vue de promouvoir davantage l'emploi. En Afrique, la croissance prévue de 5% en 2005 et 5,4% en 2006 est remarquable, mais toujours insuffisante pour sortir les régions sub-sahariennes de la pauvreté. Dans son rapport, le FMI a passé en revue des risques qui, désormais, pèseront lourd sur les perspectives de l'économie mondiale. Il cite à cet effet le loyer de l'argent aux États-Unis qui pourrait impacter la consommation du pays le plus riche du monde, le creusement des déficits américains financés jusque-là par l'attrait étranger pour les obligations émises par le Trésor américain, tout en signalant que cette demande n'est pas intarissable. Il note, par ailleurs, la persistance du cours élevé du pétrole, le baril ayant dépassé récemment les 58 $ et des déficits budgétaires importants dans la plupart des grands pays industriels à l'exception du Canada. Une révision du PIB 2005 à la baisse Le FMI a fait part de ses inquiétudes au sujet de la vigueur de la reprise en zone Euro. En effet, la croissance a ralenti au cours du deuxième semestre 2004 à cause d'une demande interne qui est restée timide, d'autant plus que le ralentissement de la croissance mondiale et l'appréciation de l'Euro ont pesé sur les exportations. «Dans de pareilles circonstances, la politique monétaire devrait rester fermement ancrée là où elle se trouve jusqu'à ce qu'une reprise durable soit en place», conseille le FMI. Contrairement à son homologue américaine, la Fed, la BCE n'a pas modifié son taux directeur depuis mi-2003. Il est actuellement fixé à 2% contre 2,75% aux États-Unis. «De fait, on ne saurait exclure une nouvelle baisse de taux si la faiblesse économique actuelle ou une nouvelle appréciation de l'Euro devait se traduire par une inflation plus faible que prévu», ajoute le FMI. Le FMI a révisé par contre en légère hausse d'un dixième de point, à 3,6%, sa prévision de croissance pour les États-Unis en 2005 et 2006. Le FMI a justifié la révision à la hausse par la croissance solide des investissements d'entreprise et la reprise vigoureuse de la consommation depuis la mi-2004. «Les derniers chiffres ont été généralement robustes, la confiance des ménages et des entreprises forte et les perspectives pour 2005 sont encourageantes», a souligné linstitution, estimant que les risques pour l'économie américaine sont équilibrés. En s'interrogeant sur l'économie de l'archipel nippon, le FMI marque sa déception et un retournement des pronostics sur les perspectives. La croissance japonaise devrait s'établir à 0,8% en 2005 et connaître une accélération jusqu'à 1,9% en 2006. La déflation, le mal qui mine l'économie nippone depuis de nombreuses années, reste en recul, est-il noté. Mais une nouvelle appréciation du Yen ou du ralentissement prolongé de l'activité économique pourraient vite la rétablir. Le FMI préconise des mesures d'assainissement des finances publiques, partiellement en raison du vieillissement de la population. Nécessité de contenir les exportations chinoises Le rapport du FMI a passé également en revue la montée en puissance de la Chine, préconisant ainsi une limitation des exportations chinoises afin de compenser la levée des quotas au début de l'année parce que, comme ne cessent de le réclamer les manufacturiers en Europe et en Amérique, ça risque de «perturber le marché mondial». Tout laisse penser qu'une poignée de pays (Chine, Pakistan et Inde en particulier) vont récupérer l'essentiel des gains suite à cette levée de quotas. Une chose est sûre : la Chine est en train d'augmenter son rythme de production, si l'on en croit ses importations croissantes de matériel de fabrication textile et d'habillement, et sa part de marché devrait encore progresser. Du côté du gouvernement chinois, il a été récemment annoncé que des taxes à l'exportation seront ainsi posées sur 146 types de produits textiles. Toutefois, le gouvernement chinois a évoqué également la façon dont les autres pays devraient gérer ce défi concurrentiel. Sur ce point, le rapport demeure assez vague appelant à une réponse au cas par cas. Dans certains cas, les pays peuvent être à même de se spécialiser dans certaines niches de marché. Mais d'une manière générale, chacun doit travailler à éliminer les barrières à l'exportation par le biais d'une réduction des formalités administratives ou en facilitant la logistique et en créant un environnement favorable à l'investissement.