* La part de lAfrique subsaharienne dans le commerce mondial est de lordre de 3%. Aussi, les échanges intra-africains restent marqués par des produits primaires à faible valeur ajoutée. * LAfrique est appelée à passer dun commerce de subsistance à celui de partenariat. La semaine dernière a été marquée par lorganisation dun événement de taille. Il sagit en fait du Forum Afrique Développement et lorganisateur nest autre quAttijariwafa Bank qui, au cours des dernières années, est entrée de plain-pied dans lAfrique subsaharienne. Placée sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, cette première édition a pour thème cette année : «Quelles opportunités de développement et dinvestissement en Afrique dans un contexte de sortie de crise ?». Ce forum se veut ainsi un espace déchange et de débat entre décideurs et hommes daffaires. Il vise à identifier les obstacles à linvestissement intra-africain, à faire prospecter aux opérateurs économiques des opportunités concrètes daffaires, à émettre des recommandations et à faire du forum un rendez-vous annuel incontournable où seront présentés le bilan des réalisations, au titre des recommandations formulées, et celui de la feuille de route pour lannée en cours. Initialement prévu pour 500 opérateurs économiques, le Forum Afrique Développement a réuni près de 900 participants issus de 11 pays africains. Ceci témoigne de la volonté des responsables africains de contribuer à la construction de lAfrique de demain et de faire en sorte que la coopération Sud-Sud soit un levier de développement régional important. A rappeler que depuis son intronisation, le Souverain avait manifesté un vif intérêt pour lAfrique sub-saharienne. Les nombreuses visites royales en constituent la plus grande preuve. «Le développement des échanges commerciaux et du partenariat dans ses multiples formes ont été mis en avant avec une réelle prise de conscience de part et dautre afin de faire jouer au continent africain un rôle actif dans léchiquier régional», a déclaré M. Kettani, président Directeur général du groupe Attijariwafa bank. A signaler, cependant quen termes de chiffres, les résultats restent en deçà des attentes. Lanalyse commerciale de lAfrique avec le reste du monde montre que les exportations africaines sont marquées essentiellement par des produits de base à faible valeur ajoutée. La part du continent africain dans le commerce mondial est de 3%. Et sa population dépasse 16% de celle mondiale. Le niveau des échanges intra-africains est de 10%. Idem, les investissements entre pays africains sont de lordre de 10%. Tout ceci est le fruit dun climat daffaires qui laisse à désirer. Daprès H. Mbaye, ministre chargé des affaires financières et Conseiller du président du Sénégal : «lAfrique souffre dun véritable manque de restructuration et il est temps de trouver le moyen dy remédier» Il cite à cet égard certains pays dAfrique Noire qui ne peuvent encore bénéficier du marché de capitaux, laccès de la PME africaine au financement qui demeure contraignant, un taux de bancarisation très faible qui montre que, valeur aujourdhui, une large frange de la population africaine est exclue du système. Même son de cloche chez A. Maâzouz, ministre du Commerce extérieur qui considère le partenariat Sud-Sud comme un outil de développement régional. Il préconise le développement du commerce extérieur comme vecteur de rapprochement des peuples. «Pour une accélération du commerce intra-africain, il est plus judicieux de passer dun commerce de subsistance à celui de partenariat», affirme-t-il. Et pour y parvenir, il faut assurer la régularité des lignes de transport, réduire les coûts de frêt, lever les mesures non tarifaires et investir dans le développement du commerce extérieur. Un cadre de change marocain de plus en plus propice Les intervenants ont identifié les modalités qui régissent lenvironnement des affaires (réglementation des changes, système judiciaire, fiscalité ) dans leurs pays. Au cours des dernières années, le Maroc a mis en place un arsenal de mesures afin de promouvoir les exportations. Sur le plan de la réglementation des changes, lopération dexportation nest soumise à aucune autorisation préalable. Pour la couverture de ses dépenses en devises à létranger, lexportateur peut disposer librement dune trésorerie en devises ou en dirhams convertibles à hauteur de 50% de ses recettes dexportation. Parallèlement à la simplification des procédures, à la libéralisation des investissements à létranger, jusquà 30 MDH par an, et à la promotion des produits marocains sur le marché extérieur, la réglementation des changes permet aux exportateurs de contracter librement des emprunts extérieurs pour le financement ou le préfinancement de leurs opérations dexportation. Cette réglementation pourrait propulser les échanges commerciaux entre le Maroc et les pays subsahariens qui sont régis par des accords commerciaux préférentiels. Il a été laissé entendre durant le forum que malgré la progression des échanges commerciaux du Maroc avec lAfrique subsaharienne, les accords préférentiels nont pas été suffisamment utilisés et ce pour des raisons telles que : une information insuffisante des opérateurs sur le contenu des instruments, le caractère relativement classique des accords préférentiels tarifaires, lesquels méritent dêtre revisités pour que le contenu soit au niveau des opportunités et des attentes des deux parties. A noter quune nouvelle génération dALE englobant les services est apparue. Les intervenants étaient tous unanimes pour convenir que le renforcement du partenariat entre les pays africains était devenu une nécessité. Il est désormais indispensable de repenser le cadre juridique devant régir les échanges et les relations de partenariat, daccélérer le processus de signature de laccord commercial et dinvestissement avec les pays de lUEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine) et dinitier des réunions exploratoires en vue dengager des négociations formelles avec la CEMAC (Communauté Économique et Monétaire dAfrique Centrale).