* L'intensification de la concurrence sur les marchés du Nord incite au renforcement de la coopération avec les pays africains. * Le Maroc se positionne relativement mieux sur les marchés subsahariens que d'autres pays d'Afrique du Nord, notamment l'Egypte et la Tunisie. La Direction des Etudes et Prévisions Financières a jugé opportun de mettre en exergue le bilan des relations du Maroc avec les pays d'Afrique subsaharienne et d'analyser les perspectives de coopération avec ces pays à la lumière des nouvelles initiatives en faveur du Continent africain. Le renforcement de la coopération du Maroc avec les autres pays du Continent s'avère par ailleurs indispensable dans un contexte marqué par l'intensification de la concurrence sur les marchés du Nord. L'élargissement de l'UE à 27 pays membres est aussi un argument suffisant pour que le Maroc renforce son partenariat avec les pays africains. En guise de rappel, les pays africains ont enregistré des résultats économiques décevants au cours des années 80 et au début des années 90. Ces pays, dans leur majorité, se sont avérés incapables de rompre avec un scénario de faible croissance économique, de forte inflation et de déficits chroniques. Toutefois, depuis 2000, la situation économique de l'Afrique subsaharienne s'est relativement redressée avec une croissance du PIB réel évoluant autour de 4%, contre 2,3% en moyenne annuelle sur la période 1988-1997. Ce redressement s'est poursuivi en 2004 et en 2005, période durant laquelle l'Afrique subsaharienne a réalisé ses meilleures performances économiques avec une croissance du PIB réelle de 5,5% et 5,2% respectivement. Les prévisions établies par le FMI pour l'exercice 2006 sont estimées à 5,8%, même si certains pays sont aux prises avec de graves difficultés, notamment la crise humanitaire du Darfour au Soudan, l'effondrement économique au Zimbabwe et l'instabilité politique en Côte d'Ivoire et en Ouganda. D'après l'étude de la DPEG, le redressement positif des économies d'Afrique subsaharienne s'explique également par des facteurs exogènes. A noter que la région a bénéficié de l'amélioration des termes de l'échange, en lien avec le raffermissement des prix des matières premières et l'augmentation de l'aide internationale. En outre, l'inflation est tombée à des niveaux historiquement bas, et ce malgré le renchérissement des importations énergétiques. Exception faite de certaines économies de la région, les pays qui affichent les rythmes de croissance les plus élevés sont souvent ceux où d'importantes ressources en matières premières sont entrées en exploitation intensives comme l'Angola, le Tchad et la Guinée équatoriale. Attractivité limitée de l'Afrique subsaharienne pour les IDE La part de l'Afrique dans l'IDE mondial n'a que faiblement progressé au cours des dix dernières années. Elle s'est établie à 3% en 2004 contre 2% en moyenne au cours des années 1990. En terme de répartition par habitant, les flux d'IDE reçus par l'Afrique sont passés de 8 dollars en 1995 à 20 dollars en 2004, mais ne représentent qu'à peine la moitié de ce qui est reçu par des pays comme la Chine. Pis encore, ces IDE sont restés confinés dans le secteur primaire, ce qui n'a pas conduit à l'émergence d'un secteur industriel prospère. Cette situation aurait pourtant permis de rompre la dépendance de l'Afrique à l'égard des produits de base aux cours incertains. L'influence des deux principales économies du Continent, l'Afrique du Sud et le Nigéria, qui représentent ensemble près de la moitié des échanges de la zone, masque des performances disparates entre les Etats. En effet, plusieurs pays de la région affichent une faible valeur de leurs échanges extérieurs, reflétant l'étroitesse de leur taille économique et leur ouverture économique illimitée. Mais outre la mauvaise spécialisation, les faibles performances commerciales des pays africains sont consécutives à la persistance de restrictions importantes qui entravent l'accès des produits subsahariens aux marchés internationaux, notamment ceux des pays développés. Dans ces pays, le soutien des prix agricoles tend à encourager une production non compétitive, limitant en conséquence les débouchés des pays de l'Afrique subsaharienne, tout en exerçant une pression à la baisse sur les prix mondiaux. Aussi faut-il souligner que les initiatives récentes, prises dans le cadre du processus de libéralisation commerciale multilatérale en faveur d'un meilleur accès des produits agricoles africains aux marchés des pays industrialisés du Nord, devraient conforter la position des producteurs africains sur le marché agricole mondial et leur permettre de tirer pleinement profit des avantages comparatifs dont ils disposent en la matière. Durant les dernières tournées Royales dans plusieurs pays d'Afrique subsaharienne, une multitude de conventions ont été signées, des projets inaugurés dans lesquels le Maroc a pris part, soit par son expertise soit par des apports de fonds. A l'issue de ces visites, le Maroc a signé avec ces pays des conventions dont les plus importantes sont celles portant sur le principe de la non-double imposition et l'encouragement et la protection des investissements. De plus, d'autres conventions spécifiques à certains secteurs porteurs ont été conclues. Il s'agit en l'occurrence des conventions dans les domaines de la marine marchande, du secteur minier, du génie civil, du logement, de l'eau et de la formation. L'intérêt du Maroc pour les pays d'Afrique s'est concrétisé par l'adoption d'une stratégie envers les pays les moins avancés (PMA) du Continent. En effet, lors de la conférence du Caire du sommet Europe-Afrique en 2000, le Maroc avait procédé à l'annulation de la dette des pays africains les moins avancés, tout en exonérant totalement leurs produits des droits de douane à l'entrée du marché marocain. Dans un contexte international marqué par une dynamique particulière, les échanges commerciaux du Maroc avec les pays africains restent marqués par les mêmes limites que celles qui caractérisent les relations commerciales entre les pays du Sud. En dehors de l'Afrique du Sud, les principaux fournisseurs africains du Maroc sont le Gabon et la Côte d'Ivoire, tandis que nos principaux marchés à l'export sont le Sénégal, le Nigeria et la Côte d'Ivoire. Le Maroc se positionne relativement mieux sur les marchés subsahariens que d'autres pays d'Afrique du Nord, notamment l'Egypte et la Tunisie. Durant la période 1990-2003, les échanges de ces derniers avec les pays de l'Afrique subsaharienne n'ont pas dépassé 243 millions de dollars pour l'Egypte et 96 millions de dollars pour la Tunisie.