* Le ministère de lEconomie et des Finances avait présenté au Conseil de gouvernement un projet de loi visant à réglementer la profession de «comptable agréé» et à créer un «Ordre des comptables agréés». * LOrdre des experts-comptables na pas été associé à lélaboration dun tel projet. * L action de lOrdre des experts-comptables sera concentrée au niveau du Parlement afin, dune part de faire changer lappellation «Ordre» et, dautre part, de faire barrage à toute tentative visant à introduire des passerelles entre «comptables agréés» et «experts-comptables». - Finances News Hebdo : Suite au communiqué publié récemment par lOrdre des Experts-Comptables, pouvez-vous nous dire quels sont les tenants et les aboutissants du projet concernant linstitution de la profession de comptable agréé ? - Abdellatif Bernossi : Je pense que vous faites allusion à un article paru sur la question, car lOrdre na pas publié de communiqué à ce sujet. Ceci étant dit, nous avons exprimé publiquement notre adhésion à ce projet dans son principe et ses grandes lignes. En effet, maintenir lanarchie dans le secteur de la tenue et de la supervision de la comptabilité et des travaux connexes ne pouvait que nuire à léconomie nationale. Il était donc temps que la réglementation de cette profession intervienne. Il est vrai que, par le passé, lOrdre était opposé au projet de réglementation qui lui avait été soumis pour avis à lépoque. La raison en était que ledit texte, outre lappellation «Ordre», comportait des passerelles automatiques entre le corps des comptables agréés et celui des experts-comptables, ce qui portait préjudice à notre profession dont laccès se fait par un diplôme bac + 8. - F. N. H. : Quels sont les points que vous critiquez fortement dans ce projet ? - A. B. : Je dirai un point essentiel qui a trait à lappellation «Ordre». Outre la confusion que ce terme va susciter avec celui dexpert-comptable, la notion dOrdre suppose le monopole dune mission dintérêt public sanctionnée par le biais dune évaluation de lexécution de cette mission. Or, dune part, le monopole de la tenue et de la supervision de la comptabilité est dévolu à la fois aux experts-comptables et aux comptables agréés et, dautre part, cette mission na pas de support légalement défini comme cest le cas du commissariat aux comptes où le commissaire aux comptes matérialise son travail par un rapport dûment normalisé et signé engageant ainsi directement sa responsabilité. - F. N. H. : Pourquoi à votre avis lOrdre des experts-comptables na pas été associé à lélaboration dun projet qui nest pas sans impact sur votre profession ? - A. B. : Cest une bonne question en effet. LAdministration a estimé que ce projet, dans la mesure où il ne touche pas la loi 15-89 qui régit la profession dexpert-comptable, ne pouvait être que soumis pour avis à notre institution. Cest un point de vue qui se justifie en principe. Cependant, des questions se poseront à lavenir sur lémission et la mise en uvre des normes comptables, sur la représentation internationale de la profession comptable, sur des conflits de compétence Alors, on avisera le moment venu dans lintérêt de léconomie nationale, de sa performance et de sa place dans le monde. Je tien à rappeler à ce sujet que lOrdre des experts-comptables du Maroc est membre de lIFAC (Fédération Internationale de la Comptabilité) et lun des premiers pays arabes et africains à voir son plan de convergence aux normes internationales validé et publié par cette instance. - F. N. H. : Quest-ce qui empêche votre instance de disposer dun système de « réseautage » pour faire valoir ses droits ? - A. B. : Nous sommes parfaitement «réseautés» et nous comptons tout simplement assumer nos responsabilités en tant que profession en charge de lassurance de la transparence de linformation financière des entreprises pour que la production de cette information se fasse aux meilleurs standards car il y va de la promotion de linvestissement et de la crédibilité de nos professionnels. - F. N. H. : Nest-ce pas, daprès-vous, leffet de masse qui a joué en faveur des comptables agréés, sachant que vous constituez une poignée par rapport à eux ? - A. B. : On na aucune idée sur le nombre futur des comptables agréés car les mesures transitoires prévues par le projet sont très larges et peuvent effectivement donner naissance à une organisation massive. Pour ce qui nous concerne, nous ne sommes pas une poignée. Nos effectifs actuels sont de 496 y compris les personnes morales membres de lOrdre. Avec la réforme en cours du diplôme national dexpert-comptable, le nombre dexperts comptables formés annuellement sera multiplié par 4. Encore une fois, nous ne sommes par en conflit avec ce projet, donc il ny a pas confrontation. Nous pensons tout simplement que lappellation «Ordre» est inappropriée en loccurrence. Du reste, nous risquons de devenir le seul pays au monde où il y aurait deux ordres pour un même secteur dactivité.