* Le timing de la fusion est opportun. Certaines entités ont atteint un stade de développement pérenne et une taille critique leur permettant désormais de voler de leurs propres ailes. * Une véritable Bourse se doit d'abriter des sociétés dont le flottant est important pour permettre la liquidité et les vraies prises de positions. * La nouvelle entité sera amenée à céder tout ou partie du capital des filiales contrôlées à savoir Sopriam, Optorg, Managem, Onapar, Marjane, Wana, Nareva dès lors qu'elles auront atteint leur vitesse de croisière. * Point de vue dAymane Taud, Directeur de la SNI. - Finances News Hebdo : Comment pouvez-vous expliquer le timing dans lequel intervient la fusion ONA/SNI ? - Aymane Taud : Ce timing s'avère opportun pour les raisons suivantes : Certaines entités ont atteint un stade de développement pérenne et une taille critique leur permettant désormais de voler de leurs propres ailes. L'économie marocaine devenant plus performante, avec des marchés de plus en plus efficients, le changement de vocation de groupe intégré vers celle de holding d'investissement devient pertinent. La mise en place d'un nouveau régime fiscal applicable aux fusions, réclamé depuis plusieurs années par le patronat, offre désormais un cadre propice aux opérations de restructuration que les entreprises marocaines concernées ne manqueront pas de saisir. - F.N.H. : Comment le retrait des deux groupes pourra-t-il redynamiser le marché boursier ? - A.T. : S'il est vrai que sur le très court terme la capitalisation totale va être impactée par le retrait, l'opération est à lire sur la durée car ses effets vont être structurants. Elle va donner aux investisseurs institutionnels une influence accrue sur les sociétés cotées et renforcera l'attractivité de la place marocaine auprès des investisseurs internationaux. En effet, une véritable Bourse se doit d'abriter des sociétés dont le flottant est important pour permettre la liquidité et les vraies prises de positions, ce qui est le cas dans les Bourses plus développées. Par cette opération, nous proposons tout de suite au marché trois grandes entreprises dont le flottant sur le marché sera considérable. Les volumes traités, qui sont corrélés au flottant, ne pourront qu'être redynamisés. Et au fil des ans, nous enrichirons la cote par ce type de sociétés, ce qui va réellement contribuer au développement de la Bourse de Casablanca sur le long terme. - F.N.H. : Quelles sont les filiales dont le holding gardera le contrôle, et comment seront financées les deux offres publiques de retrait ? - A.T. : Toutes les entreprises, sans exception, sont destinées à sortir un jour ou l'autre du giron de la holding. Incuber et faire croître les actifs pour ensuite en céder le contrôle, fait désormais partie intégrante de la vocation de la nouvelle entité. Si, à court terme, seules les sociétés Cosumar, Lesieur et Centrale Laitière/Bimo/Sotherma sont concernées par le programme de cession, la nouvelle entité sera amenée à céder tout ou partie du capital des filiales contrôlées à savoir Sopriam, Optorg, Managem, Onapar, Marjane, Wana, Nareva dès lors qu'elles auront atteint leur vitesse de croisière. Pour ce qui est du financement des OPR, cette opération sera structurée de manière classique avec le recours aux fonds propres des initiateurs de ces opérations et de leurs partenaires et à l'endettement sur le court, moyen et long termes. Cet endettement sera remboursé en partie par les cash-flows de la nouvelle entité et par des opérations de cession à court, moyen et long termes. - F.N.H. : Nous ne connaissons pas d'exemple de cette opération dans le contexte marocain. Il semble que le groupe privilégie les opérations d'ingénierie financière complexes ? - A. T. : S'il est vrai que l'opération est inédite au Maroc, il faut noter que le démantèlement des groupes multimétier est un mouvement mondial qui s'observe aussi bien dans les pays développés que dans les pays émergents. Des noms emblématiques de conglomérats comme les chaebols asiatiques Hyundai ou Daewoo, ont été découpés. S'agissant de l'ingénierie financière, elle peut effectivement paraître complexe car elle mixe de nombreux outils tels que des offres publiques de retrait, des opérations de fusion et, plus tard, des offres publiques de vente sur la Bourse de Casablanca. Mais, il ne faut pas s'y tromper. Il ne s'agit pas d'une opération financière. C'est une opération de repositionnement stratégique et d'affirmation de nouveaux principes d'intervention et de gouvernance. Les aspects financiers ne sont que les moyens pour réaliser ce repositionnement. - F.N.H. : La radiation de la SNI et de l'ONA de la cote ne constitue-t-elle pas un recul de la transparence ? - A.T. : Bien au contraire, la transparence s'accroîtra de plus en plus car les entreprises du portefeuille seront amenées à communiquer plus activement et plus régulièrement sur leur activité et leurs résultats. Elles seront désormais en première ligne et rendront compte directement de leurs performances au marché. Cela dit, même non coté, le nouvel holding continuera à déposer ses comptes annuels et à tenir ses assemblées générales, à l'occasion desquelles il répondra aux questions de ses actionnaires. - F.N.H. : Quelles sont les prochaines étapes du projet ? Un calendrier a-t-il été arrêté ? - A.T. : Nous déposerons très rapidement deux projets d'offres publiques de retrait auprès du CDVM. Ces projets décriront tous les aspects des offres publiques envisagées. Ils seront accompagnés des attestations d'équité relatives aux prix d'offres délivrées par un expert indépendant internationalement reconnu. Une fois les projets d'offres approuvés par le CDVM, ce dernier publiera un avis de recevabilité puis visera les notes d'information destinées à informer les épargnants. S'ouvrira alors la période des offres publiques de retrait pendant laquelle les actionnaires auront le choix d'apporter leurs titres ou les conserver. Le processus entier du retrait de la cote devrait s'étaler sur trois mois environ.