* Le passage du ratio de solvabilité à 12% en 2010 ranime la problématique sur les moyens de renforcement des fonds propres. * Les banques recourront-elles aux dettes subordonnées ? Dans ce cas, suivant quel coût ? 2010 sera-t-elle lannée de la consolidation de la mise en place de Bâle II dans le secteur bancaire ? Tout porte en tout cas à le croire. Le Fonds monétaire international a même indiqué, dans le rapport relatif à sa dernière mission au Maroc, «quen matière de politiques macroprudentielles, le pays poursuit lapplication du dispositif de Bâle II», indiquant que le ratio de solvabilité des banques a été relevé à la fin de 2008 de 8% à 10 % des actifs pondéré; mais surtout que «les autorités marocaines ont exprimé lintention de porter ce ratio à 12% pour certaines institutions bancaires, en fonction de leur profil de risque, tout en tenant compte de la conjoncture». Le ratio de solvabilité, que les banques et les sociétés de financement devraient assurer, atteindrait donc 12% après avoir été relevé à 10% en 2008 et 2009. Pour rappel, plusieurs établissements bancaires de la place ont eu recours, lexercice écoulé, à des émissions obligataires subordonnées qui leur ont permis dassurer le minimum de fonds propres requis par la réglementation. Au final, ce sont pas moins de 6 Mds de DH qui ont été levés sur le marché de la dette pour compenser les 2% de hausse qua connue le ratio de solvabilité. Ceci étant, le renforcement des fonds propres sera aussi dactualité durant lexercice en cours faisant, fort probablement, du secteur bancaire le principal fournisseur du marché obligataire en titres frais. Dailleurs, en marge de la présentation des résultats annuels dAttijariwafa bank, son management na pas exclu lidée démettre un ou deux emprunts obligataires subordonnés durant lannée en cours. Une information que le marché a rapidement reliée aux exigences en fonds propres que devrait émettre la Banque centrale courant 2010. Et la filiale de lONA ne sera certainement pas la seule qui aura recours au marché de la dette pour se renforcer, vu lassèchement de liquidité qui marque le marché monétaire depuis plusieurs mois déjà. Les banques semblent ainsi trouver en les dettes subordonnées une belle parade pour sauver la face. Mais la réussite de cette solution demeure actuellement moins certaine, comme en témoigne ce professionnel : «Oui pour les dettes subordonnées, mais à quel prix et à quelles conditions ? Il nest pas sûr que les investisseurs institutionnels puissent suivre les banques à perpette dans ces opérations». En effet, la volonté du Trésor de renouer avec les levées de fonds à longs termes sur le marché risque de modifier considérablement les coûts des dettes subordonnées que les banques pourraient émettre. «Les taux des bons de Trésor à long terme seront certainement appelés à augmenter sur le marché primaire si lEtat confirme son retour vers le financement sur ces maturités», confie un gestionnaire de portefeuille. Dans cette configuration, et sachant que les taux servis par les banques dans leurs émissions obligataires sont indexés sur les bons de Trésor, majorés dune prime de risque, ces établissement se verront contraints daccorder de meilleurs taux dintérêt sur leurs levées et, partant, leur financement deviendra plus cher. Dès lors, la seule optique qui soffrira aux banques, en attendant le développement de nouveaux instruments dans notre marché financier, serait de faire appel aux actionnaires pour injecter de largent. Une piste que plusieurs analystes au sein du marché rejettent dun revers de main. «Si les banques pouvaient faire des augmentations de capital, pourquoi ne lont-elles pas déjà fait ?», se demandent-ils. * Ratio de solvabilité : Quid des sociétés de financement Les établissements bancaires ne seront pas les seuls à faire face à la contrainte des fonds propres, puisque les sociétés de financement sont également concernées. Mais à ce niveau, lémission demprunts obligataires est moins probable. Plusieurs analystes de la place penchent pour une recapitalisation de ces établissements. «Le rehaussement prévu du ratio de solvabilité pourrait amener certains opérateurs à procéder à des recapitalisations en vue de poursuivre le développement de leur encours de crédit», prévoit-on au sein de BMCE Capital. Cela dit, toutes les sociétés de financement ne peuvent pas se permettre le luxe de faire appel à leurs actionnaires pour renforcer leurs fonds propres, ce qui pousse certains opérateurs à envisager la disparition des petites structures, absorbées par dautres plus robustes financièrement.