* Cumul pluviométrique excédentaire, taux de remplissage des barrages record, niveau de travail de la terre satisfaisant, la campagne agricole a tous les atouts pour réussir. * Certaines déclinaisons du PMV vont entrer en application dès cette année. * Malgré une production céréalière record, le Maroc devra importer près de 2 million de tonnes de blé. Il y a quelques semaines, exactement à la fin de la première quinzaine de décembre, un vent de pessimisme avait commencé à souffler sur le monde rural. Et pour cause, les deux mois doctobre et de novembre, normalement humides, affichaient un niveau de pluviométrie largement en deçà de la moyenne. Cette situation navait pas encouragé les agriculteurs à sintéresser aux travaux de la terre, notamment les opérations demblavement et autres semis dont le niveau saffichait en baisse à la mi-décembre de près de 35% par rapport à la campagne précédente. Mais dès cette date, tout a commencé à basculer et un optimisme sinstallait progressivement. La campagne avait trouvé son rythme habituel et une course contre la montre avait commencé pour rattraper le temps perdu. Le nombre des terres emblavées au 10 janvier 2010 atteint déjà environ 5 millions dhectares, soit la moyenne des cinq dernières années. Les pluies ont, certes, causé des dégâts importants surtout dans les régions comme le Gharb ou le Souss mais ils restent largement à la limite du supportable et nont rien à voir avec les catastrophes de lannée dernière. «Cest à cause de la fragilité des infrastructures que ces pertes se sont produites sous leffet des pluies abondantes. Certains pays ont des niveaux largement supérieurs aux nôtres, pourtant ils arrivent à supporter les excès du climat. En tout cas, daprès tous les spécialistes contactés, les pluies ont un effet indéniable, à commencer par lapprovisionnement de la nappe phréatique et lalimentation des réserves en eau des barrages. Au 12 janvier 2010, le volume stocké en eau des barrages est de près de 13,7 milliard de m3, soit un taux de remplissage de près de 87% contre 65% une année auparavant. Plus de dix barrages présentent un niveau de remplissage de plus de 100% et 14 autres plus de 90%. « Le record de lannée dernière de près de 82% est déjà battu et lapport en eau devrait encore se renforcer après la fonte des glaces à partir du printemps. Il faut préciser que ces réserves permettent un approvisionnement adéquat pour lirrigation au moins pour les deux années à venir», affirme-t-on auprès du secrétariat dEta chargé de lEau et de lEnvironnement. Avec larrivée des pluies, la saison sannonce dores et déjà sous de bons auspices. Létat végétatif des cultures devrait profiter largement de ces apports en eau. « Lépiaison et la montée qui sont les premiers stades du processus végétatif sont très importantes pour assurer les bonnes conditions de croissance des plantes », souligne-t-on auprès du ministère de lAgriculture. Il faut dire que ce département, depuis larrivée de Aziz Akhennouch, a été très réactif pour prendre les décisions opportunes à temps. Il était question dapprovisionner le marché en matière dintrants en quantités et conditions suffisantes et bien réparties sur tout le territoire national. Mais le comportement favorable de la campagne ne doit pas faire oublier les défaillances du secteur. Le niveau de mécanisation reste à la traîne ; malgré les mesures de soutien et autres subventions, le taux déquipement du Maroc en tracteurs et machines agricoles est en deçà de la moyenne mondiale. Une autre défaillance que le plan Maroc Vert (PMV) est appelé à combler. 2010 sannonce aussi comme lannée de la réalisation de plusieurs chantiers du PMV, notamment le début des travaux pour les contrats-programmes sectoriels. Dautres secteurs ou filières seront concernés. Il faut dire que le temps ne joue pas en faveur du Maroc. Il ne lui reste en tout quune décennie pour se mettre à niveau, surtout pour les filières les plus vulnérables comme la céréaliculture, les viandes rouges ou le sucre. Sous la supervision du département de tutelle, le programme dagrégation va commencer pour venir en aide aux petits exploitants en leur permettant daméliorer leur productivité et leur revenu. Les agriculteurs marocains, surtout les exportateurs, sont également confrontés à un nouveau défi. Il sagit de répondre aux nouvelles normes européennes en matière de traçabilité, de production ou denvironnement. Certes, laccord conclu entre Rabat et Bruxelles sur le volet agricole ouvre de nouveaux horizons aux producteurs nationaux permettant délargir les quotas, surtout pour les produits-phares exportés comme les primeurs, les agrumes et autres fruits et légumes. Déjà, le Maroc a enregistré une campagne agricole exceptionnelle à fin 2009 avec une production de primeurs en hausse de 12% (1,9 million de tonnes) et une production d'agrumes en hausse de 10% (1,4 million de tonnes). Le ministère de l'Agriculture estime que les perspectives pour la campagne 2009-2010 sont également bonnes. En raison des conditions climatiques favorables de la précédente campagne, les importations du Maroc en blé ont enregistré une baisse de 41%, pour atteindre quelque 2,1 millions de tonnes à fin novembre 2009, contre 3,57 millions une année auparavant, selon l'Office des changes. Cette régression du volume importé a été accompagnée par le recul de 55,8% des dépenses générées par les achats de blé, qui sont passées de 11,1 Mds de DH à fin novembre 2008 à quelque 4,9 MMDH durant la période janvier-novembre de l'année 2009. Malgré une production record, le pays devrait importer près de 2 millions de tonnes de blé pour la saison en cours pour satisfaire ses besoins qui sont constitués essentiellement de blé tendre.