* Les mesures visant lamélioration du pouvoir dachat ne sont pas suffisantes, étant donné la cherté du coût de la vie. * La réforme qui tarde à voir le jour est celle de la Caisse de compensation. * Une réforme fiscale savérerait plus judicieuse que des mesures prises dune manière ponctuelle. * Point de vue de J. Kerdoudi, président de lIMRI. - Finances News Hebdo : Quelles sont, daprès-vous, les mesures contenues dans la Loi de Finances 2010 et qui prennent en considération la donne relative à la crise économique et financière ? - Jawad Kerdoudi : Trois mesures, à mon avis, ont été introduites dans le projet de Loi de Finances 2010 pour tenir compte de la crise économique et financière. La première a pour but de stimuler la consommation grâce à la baisse de limpôt sur le revenu, et la hausse des salaires des fonctionnaires et du SMIG. Ces dispositions doivent générer, daprès le projet, un revenu supplémentaire de 16 milliards de dirhams. La seconde mesure concerne laugmentation des investissements publics qui vont augmenter de 20% par rapport à 2008, et qui auront une répercussion favorable sur les entreprises et les ménages. La troisième mesure concerne le soutien aux secteurs économiques qui ont le plus souffert de la crise, à savoir les exportations (Fonds de promotion de 400 millions de dirhams) et le tourisme (budget de 821 millions de dirhams). - F. N. H. : Les pouvoirs publics envisagent une amélioration du pouvoir dachat à travers la baisse de lIR et autres dispositions de la Loi de Finances 2010. Est-ce que vous estimez que les mesures visant cette amélioration sont suffisantes, sachant quelles risquent dêtre contrebalancées par certaines hausses relatives à la TVA ? - J. K. : Les mesures visant lamélioration du pouvoir dachat ne sont jamais suffisantes, tant les besoins des ménages marocains sont importants. Cependant, la baisse de lIR et la hausse des salaires auront une répercussion favorable sur le pouvoir dachat. Il est certain que la hausse de la TVA va grignoter le pouvoir dachat additionnel. Il est dailleurs significatif que la TVA et la TIC sont les seuls impôts par lesquels le projet de budget prévoit une augmentation en 2010 par rapport à 2009. Le gouvernement a pris soin, cependant, de ne pas augmenter la TVA sur les produits essentiels de base. - F. N. H. : Les accords de libre-échange signés par le Maroc avec la zone Quad ou les Etats-Unis, continuent de souffrir de certains dysfonctionnements, essentiellement en matière de développement des exportations du Maroc vers ces pays. En tant que président de lIMRI, est-ce que vous estimez que les pouvoirs publics en ont suffisamment tenu compte dans la LF 2010 ? - J. K. : Comme déjà dit, le projet de Loi de Finances 2010 prévoit un Fonds de promotion des exportations de 400 millions de dirhams, dont vont profiter également les exportations du Maroc vers la zone Quad et les Etats-Unis. Mais à mon avis, là nest pas la vraie question. Le Maroc est devenu moins compétitif sur le marché international, et sa gamme de produits exportés est trop limitée. Cest donc toute une politique à lexport quil faut revoir pour que le Maroc ne perde pas des parts de marché à lexport dans lavenir. - F. N. H. : Les syndicats avancent que le côté social na pas été pris en considération dans la LF 2010, faisant allusion aux caisses de retraite qui risquent daffronter des difficultés en 2015 ? Etes-vous de cet avis ? - J. K. : La question des retraites est très complexe, à laquelle on ne peut répondre sans une analyse approfondie. Le gouvernement y travaille, et il faut attendre les premiers résultats avant de se prononcer. - F. N. H. : En tant quéconomiste, quelles sont les mesures qui méritent dêtre revues dans la Loi de Finances 2010 ? - J. K. : Depuis longtemps, jai attiré lattention sur la nécessité dune véritable réforme fiscale, et non pas des mesures prises dune façon ponctuelle à chaque Loi de Finances. Cette révision fiscale doit permettre daugmenter lassiette des contribuables, en imposant les secteurs et les niches exonérés, et en faisant la chasse au secteur informel. Cette réforme permettra à la fois daugmenter les recettes fiscales pour faire face aux besoins grandissants de lEtat, et de diminuer les taux dimposition pour réduire la pression fiscale. Une réforme qui tarde à venir, est celle de la Caisse de compensation dont continuent à bénéficier à ce jour tous les milieux, y compris les plus favorisés.