* Il nest plus un secret pour personne que le contexte boursier actuel na pas manqué dimpacter lactivité des sociétés de Bourse. Youssef Benkirane, Président de lAssociation Professionnelle des Sociétés de Bourse (APSB), revient sur lactivité de ces dernières durant lexercice 2009, et donne sa vision sur la mutation que sapprête à connaître la place casablancaise. - Finances News Hebdo : Comment se présente lactivité des sociétés de Bourse eu égard à cette conjoncture boursière morose ? Peut-on quantifier le manque à gagner que subissent les sociétés de Bourse depuis le début de lannée ? - Youssef Benkirane : Il est vrai quavec une baisse avoisinant 55% par rapport aux volumes de lannée 2008, le chiffre daffaires des sociétés de Bourse va se réduire de moitié, et on verra probablement, à la fin de lexercice, des résultats négatifs. Toutefois, nous ne pouvons quantifier de manière précise les performances des sociétés de Bourse pour lannée en cours. - F.N.H. : Peut-on sattendre, dans ce contexte, à une reconfiguration du paysage des sociétés de Bourse, sachant que seules les grandes entités pourront sortir indemnes de la crise actuelle, tandis, que les petites structures, elles joueraient leur pérennité ? - Y.B. : Je ne pense pas quune reconfiguration des sociétés de Bourse aura lieu après les résultats de lannée 2009. Mais si cette conjoncture se maintient avec probablement le maintien de cette tendance baissière des volumes en 2010, on pourra alors assister à la disparition de certains confrères comme cela fut le cas durant la crise qua connue notre marché il y a une dizaine dannées. - F.N.H. : 2009 a aussi connu lémission de plusieurs circulaires adressées aux sociétés de Bourse. Quont-elles apporté de nouveau ? - Y.B. : En effet, en 2009, la profession a connu lémission de trois circulaires par les autorités (encadrement des programmes de rachat, cahiers des charges des sociétés de Bourse et les informations à transmettre au CDVM). Cependant, ces circulaires sont encore en phase de consultation et ne seront dans le circuit quen 2010. - F.N.H. : Lors de votre intervention au Colloque de Skhirat, vous avez insisté sur « la connexion de la sphère financière à la sphère réelle ». A votre avis, quest-ce qui fait défaut à ce niveau et comment la place casablancaise peut-elle atteindre cet objectif ? - Y.B. : Dabord, il ne faut pas minimiser lapport, depuis une quinzaine dannées, du secteur financier aux performances de notre pays, en tant que vecteur de valeur ajoutée. Deux indicateurs pour mémoire : la capitalisation a atteint, en 2008, plus de 100% du PIB et 50% de lIS sont générés par les sociétés cotées. Aujourdhui, nous devons aller plus loin, en visant une relance qui évite les erreurs du passé et qui favorise davantage linvestissement, la création demplois et, donc, la croissance. Si nous avons co-organisé lévénement de Skhirat, cest afin de rappeler les fondamentaux dun marché financier efficient et démontrer la mobilisation de tout un secteur au service des objectifs économiques stratégiques prioritaires et de lintérêt suprême de notre pays. - F.N.H. : La place casablancaise est à la veille dune restructuration profonde devant lui apporter le développement escompté. Quel rôle auront à jouer les sociétés de Bourse dans ce sens ? - Y.B. : Le développement de la Bourse de Casablanca passera inéluctablement par les trois axes que nous avions abordés lors du Colloque de Skhirat, à savoir : la mise en place dun marché à terme, le déploiement de mesures fiscales incitatives telles le PEA et, enfin, le projet de la régionalisation. Pour accompagner ces projets structurants, les sociétés de Bourse doivent rapidement se doter des moyens organisationnels adéquats. Ceci passera par la mise en place de nouvelles procédures, le perfectionnement des systèmes dinformation et, enfin, par la formation permanente des équipes. - F.N.H. : Comment envisagez-vous les perspectives de clôture de lannée boursière en cours? Pensez vous que le prochain exercice se situera dans la même lignée que celui de 2009, vu que les réformes devant donner un nouveau souffle à la place demandent du temps pour leur concrétisation? - Y.B. : A deux mois et demi de la fin de lexercice, lindice de la Bourse de Casablanca enregistre une performance nulle par rapport à celle de 2008. Aujourdhui, certaines mesures sont acquises, dautres demandent encore un peu de patience. Mais leffet du Colloque de Skhirat est très positif dans le sens où nous avons limpression que lensemble des acteurs politiques et administratifs partage une même vision et que les portes de la concertation sont largement ouvertes.