* Consensus chez les professionnels sur la nécessité dadapter la fiscalité à la durée de lépargne, de sorte à mobiliser lépargne longue sur le marché des capitaux. * Le lancement du marché à terme est imminent, de quoi assurer une meilleure liquidité et une efficience suffisante du marché financier. * 150 sociétés cotées et 500.000 investisseurs à lhorizon 2015. Conseillers du roi, ministre des Finances, présidents et directeurs généraux de lensemble des organismes liés aux marchés financiers il faut dire que le Colloque sur les marchés financiers organisé conjointement par la Bourse des Valeurs de Casablanca et lAssociation professionnelle des sociétés de Bourse à Skhirat, a tenu toutes ses promesses en réussissant à mobiliser plus de 500 participants opérant directement ou indirectement dans les marchés financiers. Certes, cette manifestation ne pouvait permettre de sortir avec des décisions concrètes, mais elle a eu tout de même le mérite de mobiliser lensemble des opérateurs sur la nécessité dadopter de nouvelles mesures afin de développer notre marché financier. Dans ce sens, les participants nont pas caché leur volonté daller de lavant, et se sont tous mis daccord sur la nécessité de mobiliser lépargne longue sur le marché des capitaux ainsi que sur la mise en place du marché à terme comme condition de liquidité et defficience du marché financier. Ce sont là les deux principaux thèmes de cette journée. «Notre ambition est de nous doter de produits simples appropriés tels que lépargne-logement, lépargne salariales et lépargne action et surtout de définir les paramètres et dispositifs incitant à leur développement, notamment en activant les leviers fiscaux», note Youssef Benkirane, président de lAPSB. En effet, lexpérience des pays développés, ou celle dautres qui le sont moins, a démontré que la mobilisation de lépargne longue passe en premier lieu par un ensemble dincitations fiscales. «Une étude commandée par la Bourse de Casablanca a montré que la plupart des pays émergents comparables au Maroc ne prélèvent aucun impôt sur les plus-values boursières», commente Karim Hajji, Directeur général de la BVC. Et ce nest pas le directeur du Trésor, Zouhair Chorfi, qui va le nier. « Je suis personnellement partisan de ladaptation de la fiscalité à la durée de lépargne», annonce-t-il en grande pompe. De quoi rassurer lensemble de la communauté financière qui voit dans les taux dimposition actuels un frein contraignant les institutionnels à adopter une démarche court-termiste, comme le signale Thami Yahyaoui, directeur adjoint de la Direction des assurances et de la prévoyance sociale : «sur le marché action, les zinzins ne disposent que de programmes dinvestissement de courte durée, allant de 6 mois à un an en général. Les assurances deviennent, dans ce contexte, des spéculateurs plus que des investisseurs». Cependant, le remaniement fiscal tant attendu reste difficile à adopter à court terme, et les professionnels en ont conscience, en raison des moult difficultés que connaît le ministère des Finances dans lélaboration du projet de Loi de Finances 2010, surtout que le contexte actuel a fait ressurgir le spectre des déficits budgétaires. Sur un autre registre, le marché à terme a aussi attiré toute lattention de lAmphithéâtre de Skhirat. Pour rappel, ce projet de loi élaboré par la Direction du Trésor, en étroite collaboration avec le CDVM, Bank Al-Maghrib et lAPSB, a été adopté par le Conseil de gouvernement en juillet dernier, et devrait être soumis à lapprobation du Parlement dans sa prochaine session. Il devrait donc voir le jour très prochainement afin de permettre aux institutionnels de disposer dun outil pratique pour la gestion des risques de marché, tandis que les particuliers y auront accès à travers des fonds de placements. « Le marché à terme sera destiné en premier aux institutionnels car cest un instrument financier risqué qui ne peut sadresser quaux initiés», rappelle Karim Hajji. En gros, le marché à terme donnera la possibilité aux investisseurs de se positionner sur trois familles de produits dérivés, à savoir les contrats à termes fermes, les contrats optionnels ou encore les contrats de change. La supervision sera, quant à elle, la mission du gendarme de la Bourse et de la Banque centrale. Cependant, la réussite du marché à terme est tributaire de conditions que Catherine Lubochinsky, membre du Cercle des économistes de France, rappelle : «Le marché à terme ne peut que contribuer à créer de la liquidité, mais nécessite toutefois que le marché au comptant soit déjà liquide et efficient. Et si lactif sous-jacent est constitué de bons du Trésor comme cela pourrait être le cas pour le Maroc, il faudrait dabord disposer dune courbe des taux cotée couvrant les différents compartiments». Cest dire que la réussite du marché à terme nest pas acquise et que les remaniements restent souhaitables afin de mener à bon port un projet dont le lancement na que trop tardé.