* Les professionnels sattendent à ce que le projet soit enfin concrétisé en 2010. * Le PEA est bénéfique pour le marché, lépargnant et même pour le Fisc ! Dans un marché où le besoin de pérenniser les fonds investis se confirme, la nécessité de lancer un plan dépargne en action samplifie. Cette fois-ci, il semblerait bien que les hautes instances soient décidées à mettre en uvre une telle mesure, et son introduction dans la prochaine Loi de Finances est plus proche que jamais. Cest en tout cas ce que nous affirment des sources opérant au sein du marché boursier. On en parlait déjà du temps du gouvernement El Youssoufi. A lépoque, le projet avait été classé dans les tiroirs du ministère de Fathallah Oualalou sans jamais aboutir. Enterré depuis comme bon nombre de projets gouvernementaux, le PEA semble aujourdhui renaître de ses cendres, notamment depuis la majoration de la taxe sur les plus-values sur cessions de valeurs mobilières. Celle-ci est passée en 2008 de 10% à 15% pour les actions et 20 % pour les parts dOPCVM. Cette mesure a provoqué un recul de la participation des personnes physiques dans les transactions enregistrées durant ce même exercice. En atteste la ventilation des volumes des transactions par catégorie dinvestisseurs relative à lexercice boursier écoulé, et publiée par le CDVM le mois dernier, qui démontre en effet que leur part est passée de 34% en 2007 à seulement 25 % depuis que la TPCVM a été rehaussée à 15%. Les professionnels du marché avaient même prédit ce comportement des particuliers, mais leur appel à favoriser lépargne longue, en distinguant limposition des investisseurs à la vision «longtermiste» de celle des spéculateurs qui achètent des titres pour les revendre le lendemain, sétait heurté à la lenteur de la réactivité des autorités compétentes. LAssociation professionnelle des sociétés de Bourse avait même lancé une étude de Benchmark avec des pays comparables, en agréant un cabinet dexperts sans pour autant que le rapport soit considéré dans la Loi de Finances 2009 pour concrétiser le projet. Mais les déboires récents de la Bourse ont, semble-t-il, permis à lexécutif de prendre conscience de la nécessité déviter les sorties massives de capitaux. Mais une question se pose aujourdhui : quel est réellement lintérêt de mettre en place un plan dépargne en actions ? Auprès des acteurs de la Bourse, on est formel : «Lexpérience du PEA dans dautres pays démontre quen permettant aux institutionnels de disposer dune vision long terme, le marché boursier joue à fond son rôle daccompagnateur du développement des entreprises cotées», nous confie un analyste de la place. En effet, quand lépargne est pérenne, linvestisseur a tendance à favoriser les fondamentaux de lentreprise où il injecte ses fonds au lieu de se contenter de spéculer sur les hausses des cours boursiers. Ceci savère plus risqué. Leffet moutonnier des spéculateurs sur le marché est ainsi atténué et la volatilité est exacerbée. Côté épargnants, lopération visant à leur accorder des avantages fiscaux en cas de détention de titres durant une période minimale, peut se concrétiser à travers des contrats de capitalisation chez des assureurs ou des comptes espèces associés à des comptes de titres chez des établissements financiers. Si le coût fiscal handicape la trésorerie de lEtat, il sera toutefois compensé par un élargissement de lassiette fiscale avec le captage de fonds supplémentaires qui, lorsquils ne sont pas déclarés, deviennent logiquement non fiscalisés. En outre, le PEA est considéré par les professionnels comme un moyen de démocratisation de la Bourse, dans le sens où il permet aux particuliers dont les revenus sont modestes, ou encore qui ne sont pas ou peu bancarisés, daccéder au marché financier. A noter que létude de Benchmark avec le marché tunisien démontre que ce dernier offre une exonération totale sur les plus-values de cessions de valeurs mobilières. En Turquie, lexonération est effective dès que la durée de placement atteint les 12 mois. Quand à la France où le PEA existe depuis 1992, loutil est plus sophistiqué. La TPCVM est échelonnée sur plusieurs périodes de détention des titres, allant de 2 ans à 8 ans, et plus cette durée augmente plus lavantage fiscal est notable. Ainsi, sest-on retrouvé dans lHexagone avec une fiscalité incitant lépargnant à avoir une vision long terme et lon a pu pérenniser lépargne dans le marché. Ceci a fait, quen 2008, ce système a drainé plus de 110 Mds deuros dépargne stable. Le PEA présente donc des avantages à plusieurs niveaux. Et la nécessité de doter la Bourse casablancaise dun tel outil est plus que jamais indispensable. Espérons que cette fois-ci sera la bonne pour son lancement au Maroc.