* Après la chute de régime qua connue léconomie mondiale, la crise se poursuivra pendant plusieurs trimestres avant la reprise. * La fin de la crise est attendue en 2010, mais elle nest nullement synonyme de reprise, laquelle se fera lentement. * Si les pays émergents affichent déjà des taux de croissance de 8%, lEurope, notre premier partenaire économique, ne dépassera pas 1%. * La crise a permis lémergence de nouvelles locomotives de développement, opérant notamment dans les secteurs de lénergie et de lenvironnement essentiellement en Asie. * Lanalyse de Fathallah Oualalou, économiste. - Finances News Hebdo : Comment sest déclinée la crise mondiale au Maroc. Est-ce que vous avez commencé à ressentir les prémices dune reprise économique ? - Fathallah Oualalou : Quand la crise internationale a affecté léconomie réelle au niveau des pays développés, il y a eu évidemment des conséquences négatives sur leur capacité dimportation. Cette conséquence sest traduite chez nous par une affectation de trois secteurs en particulier, à savoir le secteur du textile, celui du tourisme et les transferts des Marocains résidant à létranger. Et ce que je constate personnellement, et malgré tout, cest que le rythme de la baisse a commencé à satténuer. Il y a des prémices dune reprise en Europe, mais à un rythme qui est lent et qui sera accompagné par le maintien dun taux de chômage important pendant une année. Par conséquent, il est important de ne pas baisser la garde et de continuer à gérer toutes les conséquences éventuelles de la crise durant les prochaines mois. - F. N. H. : Contrairement à dautres économistes, vous semblez très très optimiste quant à une sortie de crise pour 2010. Cela vous semble-t-il raisonnable comme délai pour que léconomie mondiale puisse reprendre des couleurs ? - F. O. : Il faut dabord faire la part des choses parce que la fin de la crise nest nullement synonyme de reprise économique. Cette dernière sera nécessairement longue, mais elle se fera ! Je crois que de manière générale, on parle de 2010 comme dune année de relance. La reprise se fait désormais sentir dans les pays émergents comme la Chine qui affiche déjà un taux de croissance de 8 %. Mais lon doit admettre que les pays européens seront en retard par rapport aux pays émergents comme la Chine ou lInde. - F. N. H. : Selon vous, sous quelle forme se fera cette reprise ? En «W», avec une légère reprise suivie par une récession avant la reprise finale, ou bien sous forme de «U» ou de «L» au pire des cas ? - F. O. : Je crois que la reprise économique se fera sous forme de «U». Nous avons déjà connu la chute, la crise se poursuivra ensuite pendant plusieurs trimestres et le rythme de croissance sera dà peine 1% en Europe, premier partenaire du Maroc. Et par la suite, nous aurons droit à la reprise économique qui sera également très lente. Il faut comprendre que cette crise mondiale que nous traversons est une crise sans précédent et quelle aura des conséquences qui sétalerons sur plusieurs années. - F. N. H. : Dès lors comment peut-on sattendre à une fin de crise en 2010 ? w F. O. : Pour rester optimiste, notons quil y a eu lémergence de nouvelles forces motrices, notamment dans les secteurs de lenvironnement et de lénergie. Celles-ci vont être de nouvelles locomotives de la croissance économique dans le monde. Leur émergence viendra surtout de lAsie. - F. N. H. : On nous a répété en boucle quil est actuellement prématuré de juger lefficacité des mesures durgence entreprises par les pouvoirs publics. Comment peut-on sassurer de leur pertinence ? Disposons-nous de la réactivité nécessaire pour rectifier le tir sil le faut ? - F. O. : Personnellement, je crois que les responsables doivent tout simplement rester vigilants. Depuis le déclenchement de la crise, le FMI et la Banque mondiale révisent continuellement leurs prévisions. Je suis convaincu quil faut suivre cette même tendance. Il faut faire une analyse de la situation mondiale semaine par semaine ! La vigilance doit être le mot dordre.