* Sur le plan international, de nouveaux risques pourraient survenir du fait du recours massif aux politiques budgétaires expansionnistes. * La conjoncture actuelle est menacée par le spectre de la déflation qui plane sur le monde en raison de la crise de confiance et de latonie de la demande. * Au Maroc, pour lannée 2010, 63,6% des industriels interrogés pensent que leur activité sera au moins aussi mauvaise que celle de 2009. De par son intensité et son ampleur, la crise économique internationale a bouleversé lensemble des économies. Elle a occupé et continue doccuper le devant de la scène de la plupart des gouvernements qui sinterrogent dores et déjà sur laprès-crise. Tous les pronostics laissent croire que cette crise nest pas passagère et quelle risque de perdurer. Dans le reste du monde, le pessimisme sest installé et ce en dépit des mesures anticrise mises en place par les pouvoirs publics. A noter à cet effet que ces plans de sauvetage adoptés dans les principaux pays développés, dans les pays émergents ou en développement, visent certainement à éradiquer la crise mais servent aussi de jalons à laprès-crise. Ils jettent les bases dun nouvel interventionnisme étatique pour sauvegarder léconomie de marché tout en mettant un terme aux malversations. Sur la base de ces prémices de reprise dactivité, le FMI table sur une reprise de 2,5% en 2010. Selon la même source, le commerce mondial devrait également connaître une légère reprise de 1% en 2010 rompant avec la baisse préoccupante qui devrait dépasser les 12% en 2009. Cependant, et malgré ces légères évolutions, tout le monde saccorde sur le fait que la prudence doit rester de mise, léconomie mondiale demeurant vulnérable à tout retournement de situation découlant de chocs imprévisibles. De nouveaux risques pourraient survenir du fait du recours massif aux politiques budgétaires expansionnistes. Cette crise est menacée par le spectre de la déflation qui plane sur le monde en raison de la crise de confiance et de latonie de la demande. Au Maroc, la problématique nest pas de la même ampleur, mais cela nempêche que la crise sest installée et que la dépendance de notre économie vis-à-vis de lextérieur incite à plus de vigilance. Les comptes nationaux du premier trimestre 2009 confirment que lindustrie de transformation est en récession. Le taux de croissance du premier trimestre 2009 a atteint 3,7% contre 7,2% le même trimestre de lannée précédente. Ce taux de croissance positif est la résultante de laugmentation de la valeur ajoutée agricole qui a été de 26,8% contre 16% en 2008. Au sein des activités non agricoles, seuls les services ont réalisé une croissance positive de lordre de 3%. En revanche, les activités minières ont lourdement régressé de 46,6% à cause de la chute des exportations des phosphates. Ce sont les industries du textile-habillement, du cuir-chaussures et de lautomobile qui ont été les plus touchées. La très grande majorité des industriels attribuent cette dégradation à la crise internationale. En matière de commerce extérieur, sur lensemble du premier semestre de lannée 2009, les performances commerciales du Maroc ont largement régressé. Les exportations ont chuté de 34.4% par rapport à la même période de lannée précédente. Des anticipations ambivalentes Pour lannée 2010, les pronostics de croissance ne sont pas les mêmes. Les enquêtes de conjoncture menées par le HCP, Bank Al-Maghrib et le CMC indiquent des anticipations contrastées pour le reste de lannée 2009 et pour 2010. Lenquête de conjoncture réalisée chaque trimestre par le HCP montre que les chefs dentreprise pensaient que le deuxième trimestre connaîtrait une amélioration de la situation dans leurs différentes activités. Seuls les industriels du textile-habillement et du cuir anticipent encore la baisse de leur activité. Lenquête révèle que la reprise serait amorcée en 2010. Lenquête de conjoncture industrielle, réalisée mensuellement par BAM, indique une légère hausse du taux dutilisation des capacités de production entre mai et juin. Ce taux sest établi à 67% au cours du premier semestre de lannée en cours, inférieur de 7 points par rapport à lannée précédente. Lenquête menée en juin par le CMC indique, pour sa part, le peu de visibilité des entreprises pour le reste de lannée 2009 et pour lannée 2010. 10% anticipent une baisse de la crise dici la fin de lannée. En revanche, nombreux sont ceux qui pensent quelle se poursuivra encore en 2009 et quelle se prolongera en 2010. Pour lannée 2010, 63,6% des industriels interrogés pensent que leur activité sera au moins aussi mauvaise que celle de 2009. Les parlementaires se préparent à leur tour à débattre le texte de la Loi de Finances 2010. Nombre dentre eux soulignent que 2010 serait une année financièrement très difficile et quil est impossible de réaliser les objectifs tracés par le gouvernement dans le cadre de la Loi de Finances au vu des conditions économiques actuelles. Les prévisions de croissance semblent ainsi ambitieuses au vu d'une crise actuelle dont les répercussions réelles ne se feront sentir qu'en 2010. Dautres prétendent qu'il nest pas impossible d'atteindre les objectifs économiques fixés pour 2010, mais encore faut-il déployer de gros efforts et espérer une bonne saison agricole. Les pouvoirs publics sont ainsi exhortés à évaluer la crise internationale à sa juste valeur pour éviter de sombrer dans un optimisme outrancier.