* Une anomalie au niveau de la courbe des taux de référence pousse les banques à revoir à la hausse leurs taux dintérêt. * Le gouverneur de la Banque centrale appelle le GPBM à lui fournir les motivations de cette décision lors de la prochaine réunion de novembre prochain. Si linsuffisance de liquidité qui touche le secteur bancaire a été le sujet-phare de la dernière réunion du Conseil de la Banque centrale, un autre thème simposait de lui-même lors de la rencontre du gouverneur de BAM avec la presse qui a suivi ledit conseil. Il sagit bien évidemment de la dernière hausse des taux dintérêt, ou plutôt comme lappelleraient les banquiers, «la mise à jour de la grille des taux». Abdellatif Jouahri sest montré très strict à ce niveau en affirmant que «les conditions monétaires étaient toutes réunies pour le maintien des taux dintérêt à leur niveau». Avant dajouter : «Les responsables des banques devront mapporter des explications lors de la prochaine réunion de novembre». Cest dire que, même si certaines grandes banques de la place ont nié une quelconque hausse de leurs tarifs, surtout dune manière consensuelle, le relèvement a bien eu lieu. Et ce nest pas pour plaire à lautorité de tutelle. Car cette dernière na pas fait déconomie quand il sagissait de subvenir aux besoins des banques, allant même jusquà réduire le taux de la réserve monétaire à trois reprises, à baisser le taux directeur de 25 points de base en juin dernier et, surtout, à injecter massivement de la liquidité dans le marché à travers des interventions hebdomadaires dépassant les 20 milliards de DH. Cette décision est dautant plus surprenante quelle semble être le fruit dun consensus entre des établissements qui, pourtant, sont concurrents. Bien entendu, ce fait nest pas reconnu par les responsables des banques, ni par le GPBM dailleurs. Mais cela reste une évidence, car ce serait un hasard des plus improbables que plusieurs banques décident de relever leurs taux à la même période, bien avant que linformation narrive sur le marché. On devrait donc attendre lissue de la réunion de novembre entre le Groupement Professionnel des Banques et Bank Al-Maghrib. Si la probabilité de sanctions est infime, il nest un secret pour personne que la Banque centrale dispose dautres outils de pression sur les banques. Pour rappel, en août dernier, les établissements bancaires avaient procédé au relèvement des taux standards appliqués sur les prêts à moyen et long termes. Ainsi, le taux sur les crédits de 2 à 7 ans avait atteint 5,43%, tandis que celui relatif aux crédits de maturité longue était passé à 5,50%. Et ce ne sont là que les tarifs standards hors-taxe appliqués aux meilleurs clients. Par ailleurs, si lon tient compte du mode de calcul de ces taux, soit lindexation sur les taux moyens pondérés des bons du Trésor qui sont dailleurs restés stables, on se rend compte que les établissements bancaires ont plutôt joué sur le niveau des marges minimales additionnées sur les TMP des bons du Trésor. «Lobjectif de ce revirement des banques serait de combler lanomalie observée au niveau de la courbe des taux», nous confie un analyste dune salle de marchés de la place. En effet, au moment où la hausse est intervenue, la courbe des taux des bons du Trésor affichait des références plus importantes pour les maturités moyennes comparativement au long terme, le Trésor sabstenant depuis des années à lever des fonds sur le long terme (justement pour ne pas impacter le pouvoir dachat des ménages ayant contracté des prêts immobiliers). Ceci est évidemment contraire à la logique de rentabilité dont la règle est : plus la durée du financement est longue, plus la rentabilité exigée par les créanciers est importante. De ce fait, les banquiers ont choisi de revoir à la hausse leurs marges, en appliquant un ajustement plus important sur les crédits à long terme.