Les quatre années de traversée du désert du marché boursier semblent aujourd'hui oubliées. La reprise du marché, entamée en 2003, devrait être confortée cette année dans un contexte économique plutôt favorable. Tour d'horizon avec les analystes d'Al Wassit. Après quatre années de baisse, le marché boursier s'est repris en 2003, au grand bonheur des investisseurs. Pour accompagner cette reprise, les sociétés de Bourse multiplient les notes de recherche afin de donner plus de visibilité aux épargnants. C'est sous cet angle qu'il faut apprécier le rapport annuel que vient de publier le département Recherche & Analyse d'Al Wassit (Groupe Banques Populaires), consacré au bilan du marché boursier en 2003 et aux perspectives 2004. Ainsi, note Al Wassit, en 2003, le marché boursier a évolué sur une tendance haussière entrecoupée de baisses de courtes durées. Le niveau attrayant des cours, conjugué à l'effort croissance de distribution de dividendes et la réalisation d'importantes opérations stratégiques ont permis, de ce fait, une revalorisation importante du marché. Dans ce contexte, le Masi et le Madex ont pris respectivement 32,3 et 26,3%, mettant fin à une traversée du désert qui aura duré quatre ans. Parallèlement, la capitalisation boursière s'est appréciée globalement de 32,5%, passant de 87,2 à 115,5 Mds de DH entre 2002 et 2003. Les échanges ont atteint 51,7 Mds de DH grâce aux opérations stratégiques, dont celle relative à la rotation des participations ONA/SNI qui a drainé, à elle seule, 20,2 Mds de DH. Les transactions réalisées sur le marché central ont globalement stagné, s'établissant à 6,54 Mds de DH, tandis que le niveau des échanges a triplé au niveau du marché de blocs grâce à l'enregistrement d'opérations stratégiques pour presque 35 Mds de DH, soit 67% du volume annuel. Par ailleurs, souligne Al Wassit, le recours des sociétés cotées au marché boursier pour lever les fonds nécessaires à leur financement s'est inscrit en baisse, 2003 n'ayant connu que trois augmentations de capital portant sur de faibles montants. Les initiateurs de ces opérations sont la BCM, qui a augmenté son capital de 43,5 MDH par conversion de dividendes 2002; La Marocaine-Vie qui a émis 1.102.500 actions, avec une parité de 3 nouvelles actions pour 2 anciennes au prix de 137 DH; et Sofac Crédit qui a émis 666.664 actions, avec une parité de 8 nouvelles actions pour 9 anciennes au prix de 150 DH. Tout autant, le recours au marché primaire obligataire n'a pas cessé de baisser depuis quelques années, «malgré la surliquidité et la détente des taux». En effet, «en plus de l'absence de l'Etat sur ce marché au profit de celui des bons du Trésor émis par adjudications, les sociétés utilisent, de moins en moins, ce moyen de financement», précise Al Wassit. Il faut néanmoins noter que le marché a continué à souffrir du manque de liquidité. En plus du manque de nouveau papier, il a dû faire face à la radiation de certains titres, notamment la BNDE, Longométal et General Tire, ainsi qu'à la multiplication des programmes de rachat de titres. Le taux moyen de liquidité du marché (nombre de titres échangés hors opérations stratégiques/nombre de titres composant le capital) s'est, cependant, quelque peu amélioré, passant de 5% en 2002 à 5,7% en 2003. La surliquidité du système bancaire a, néanmoins, affecté à la baisse les rendements monétaires et obligataires court terme. De ce fait, les investisseurs tant institutionnels que particuliers «ont réorienté leur épargne vers les fonds obligataires moyen et long termes et, dans une moindre mesure, dans ceux investis à plus de 60% en actions». A fin décembre 2003, l'actif net géré par les OPCVM s'est établi à 67,7 Mds de DH, soit une régression de 2%. Par catégorie de fonds, il ressort que l'épargne investie sous forme d'OPCVM obligataire reste prépondérante, particulièrement pour les maturités moyen et long termes. L'actif net de ces fonds a augmenté de 14% à 31,9 Mds de DH, soit 47% de l'encours global. En revanche, la partie court terme (obligataire et monétaire) a subi l'impact de la surliquidité bancaire, avec un actif net qui a chuté de 51% à 6,7 Mds de DH pour les fonds obligataires court terme, alors que celui des fonds monétaires n'a évolué que de 3% à 23,3 Mds de DH. Quant aux fonds actions et diversifiés, ils ont épousé la tendance haussière du marché actions; l'actif net des fonds investis à hauteur de 85% en actions ayant augmenté de 36% à 2 Mds de DH. Par ailleurs, souligne Al Wassit, «les compagnies d'assurance continuent d'adopter une attitude prudente vis-à-vis du marché actions malgré l'effritement des rendements de leurs actifs obligataires». Un comportement qui s'explique, d'un côté, par la réglementation qui oblige les compagnies à se protéger contre les risques d'insolvabilité vis-à-vis des assurés, tout en leur garantissant une rémunération minimale de 3,25%; ce qui limite le recours au marché actions réputé très volatil (rentabilité incertaine, risque élevé et liquidité insuffisante). D'un autre côté, il y a une absence de produits d'assurance-vie en unités de compte, permettant de transférer le risque financier de l'assureur vers l'assuré. Perspectives 2004 La Loi de Finances 2004 table sur un taux de croissance économique en régression de 2,5 points à 3%, en raison de la baisse attendue de 4,8% de la valeur ajoutée agricole, dont la contribution s'élève à 14,7% du PIB. Le BTP devrait maintenir sa dynamique de 2003, avec un taux de croissance prévisionnel de 7,5%, grâce notamment aux différents projets d'infrastructures et de travaux publics. La valeur ajoutée minière devrait s'apprécier de 3,3%, tandis que la VA industrielle devrait s'accroître de 4,1% grâce aux efforts entrepris pour la promotion de l'investissement, la mise à niveau des entreprises et la reprise attendue de la demande extérieure. Quant au secteur tertiaire, il devrait connaître une hausse de 4,9%, sous l'effet de la reprise escomptée du tourisme et l'amélioration attendue des activités commerce, transport et communications. En outre, la croissance de la FBCF devrait se poursuivre pour s'établir à 9,3% en 2004 contre 8,9% en 2003, portant le taux d'investissement brut à 24% du PIB. «Cette appréciation de l'investissement devrait résulter des efforts de mise à niveau de l'entreprise pour l'horizon 2010 et de l'accroissement de l'investissement des ménages en logements et en biens durables, suite au processus de détente des taux d'intérêt et des mesures prises par les pouvoirs publics pour faciliter l'accès au logement», note Al Wassit. Et d'ajouter que «ces perspectives d'évolution devraient être confortées par le maintien de l'épargne nationale brute à un niveau favorable de l'investissement estimé à 25,4% du PIB». Sur un autre volet, les différentes mesures prises par les autorités pour assouplir les conditions d'accès au marché boursier, ainsi que la dynamique escomptée de la relance du programme de privatisation devraient contribuer à l'amélioration de la liquidité et à l'élargissement de la cote. En attendant, les deux baromètres de la place maintiennent leur trend haussier, le Masi et le Madex s'établissant, au 7 juin, à respectivement 4.612,67 points (+16,9%) et 3.591,26 points (13,13%). «Les persectives prometteuses de l'activité sectorielle, le rendement encore élevé des dividendes, de même que les prémices d'un contexte économique favorable devraient conforter cet élan positif», confirme Al Wassit. Tout autant, les volumes de transactions devraient s'apprécier grâce à certaines opérations stratégiques, notamment les introductions en Bourse prévues de 21% de la BCP et 15% du capital de Maroc Telecom, la fusion BCM-Wafabank, etc.