Les perspectives d'une relance du marché boursier en 2002 restent encore peu évidentes. Les réformes envisagées devraient être mises en uvre, dans un contexte marqué toutefois par un manque de visibilité économique. Le bout du tunnel est encore loin. L' Les multiples réformes initiées au courant de l'année 2001 n'auront pas été suffisantes pour insuffler une autre dynamique à la Bourse de Casablanca. Et encore moins en 2002... du moins pour l'instant. Dans un marché miné par l'apathie collective, l'Indice de référence de la Bourse de Casablanca, le MASI, navigue toujours dans le rouge. Les différentes études réalisées par certaines sociétés de Bourse n'attestent d'ailleurs guère du contraire. Il ressort ainsi de la dernière étude d'Al Wassit que le volume des échanges sur le marché secondaire s'est établi à 25,27 Mds de DH contre 36,63 Mds en 2000 et 91,65 Mds en 1999, soit des régression successives de 62,2 et 27%. Le marché central a de ce fait totalisé 16,53 Mds de DH contre 8,74 Mds de DH pour le marché de blocs, lequel a enregistré un recul de 54,8% du volume des transactions en raison de l'absence d'opérations stratégiques. Parallèlement, l'IGB a évolué sur un trend baissier, cédant 7,39% de sa valeur et portant sa contre-performance depuis septembre 1998 à -31%. La capitalisation boursière s'est quant à elle fortement dépréciée en raison de l'érosion des cours et de la faiblesse des émissions sur le marché primaire. Elle a ainsi atteint 104,67 Mds de DH contre 114,88 Mds en 2000, 138,05 Mds en 1999 et 154,81 Mds à fin septembre 1998. Par rapport au PIB, la capitalisation boursière ne représente désormais que 28% en 2001 contre 32% en 2000, 40% en 1999 et 42% en 1998. Tous les secteurs auront été affectés par une baisse de la capitalisation boursière. L'agro-industrie a cependant été le secteur le plus réceptif à cette dépréciation, sa capitalisation boursière s'effritant de 16,4%, suivi du secteur de l'énergie et des mines (-13,1%) et des portefeuilles-holdings (-10%). Sur les 54 valeurs cotées, 41 ont réalisé de fait des performances négatives. «Le niveau de liquidité des valeurs semble avoir été déterminant dans la réalisation des performances», précise cependant Al Wassit. Ainsi, au niveau des valeurs les plus liquides, les contre-performances ont été plus contenues, variant de -15,7% pour Samir à 1,2% pour Sonasid, tandis que les cours des valeurs cotées au multi-fixing ont évolué de -64% pour la BNDE à +12,9% pour Eqdom. Pour les valeurs du fixing, les variations ont oscillé entre -42,1% pour Papelera de Tetouan à +73,1% pour Fertima. A signaler toutefois que souvent, ces variations restent provoquées par de faibles quantités et sont par conséquent peu significatives. Pourquoi cette morosité ambiante ? Les analystes de Al Wassit ont pointé du doigt un certain nombre d'éléments expliquant la situation que traverse la Bourse de Casablanca depuis plusieurs mois. Selon eux, «la croissance économique enregistrée ces dernières années demeure insuffisante pour assurer un développement durable du pays. De même, le retard constaté dans la mise à niveau des entreprises marocaines pose le problème de compétitivité à l'approche de l'entrée en vigueur des accords de libre-échange». Par conséquent, estiment-ils, «la conjugaison de ces deux facteurs affecte les perspectives du marché boursier». Sur un autre volet, le marché boursier souffre de problèmes structurels, dont notamment le retard dans la mise en place du système de règlement-livraison simultané, ainsi que du fonds de garantie; l'étroitesse du marché qui n'a toujours pas atteint une taille pouvant générer les conditions de son développement et son manque de profondeur. Au niveau du cadre réglementaire, Al Wassit soulève notamment le problème de la «réglementation contraignante dans les domaines de l'ingénierie et de l'innovation financières», de même que la lenteur des prise de décisions qui a été (et qui est encore) un boulet que traîne le marché boursier depuis belle lurette. Dans la même logique, les analystes d'Al Wassit estiment qu'il y a inadéquation des conditions d'introduction en Bourse avec la réalité du tissu économique national; et, de fait, les conditions sur le capital social devraient être revues pour les différents marchés. A un autre niveau, le comportement des institutionnels qui n'ont eu cesse de bouder le marché a contribué à clouer la place au pilori. Leur réaction est cependant légitimée par plusieurs facteurs dont, entre autres, l'insuffisance des mesures incitatives de développement d'une épargne longue et stable des ménages investie en assurance vie et en fonds de retraite et la fiscalité dissuasive des plus-values boursières. Rappelons que les compagnies d'assurance veulent davantage d'encouragements pour s'orienter vers l'investissement en actions... Perspectives 2002 Plusieurs mesures auront été initiées par les autorités de tutelle pour renverser la tendance baissière de la Bourse. Celles-ci sont déclinées, entre autres, en l'exonération, sur la période 2002-2005, des particuliers de la taxe sur les plus-values sur cession d'actions et de parts d'OPCVM investis à plus de 85% en actions; l'abattement de 50% de l'IS sur les plus-values réalisées en actions pour 4 ans, à partir de 2002, pour les compagnies d'assurances et les Caisses de retraites; l'abattement de 50% de l'IS pour 3 ans en faveur des nouvelles sociétés introduites en Bourse par augmentation de capital sur la période 2001-2003. Différentes autres mesures devraient entrer en vigueur au courant de cette année. Il s'agit notamment du système de règlement-livraison simultané (il devrait effectivement démarrer d'ici la fin du mois de mars courant), l'instauration du fonds de garantie pour assurer les opérateurs contre le risque de faillite des intermédiaires et le renforcement du pouvoir de sanction et de contrôle du CDVM. Selon Al Wassit cependant, « bien que nécessaires, ces mesures semblent insuffisantes pour relancer le marché boursier, affecté par le manque de visibilité économique lié à la persistance de la sécheresse, au démantèlement douanier en cours et au retard dans la mise à niveau des entreprises marocaines». En 2002, poursuit la même source, le facteur incertitude pourrait à nouveau planer sur le marché. Aussi, Al Wassit table sur la poursuite de la tendance baissière. «Toutefois, dans le cas de retour des institutionnels, une variation positive pourrait être enregistrée. Des événements majeurs d'ordres politiques, économiques ou financiers pourraient amplifier le mouvement dans un sens ou dans l'autre», conclut Al Wassit.