Entretien réalisé par f-z jdily LObservateur du Maroc. Comment se porte aujourdhui le marché boursier marocain? Karim Hajji. En 2009, la bourse de Casablanca a connu une année difficile suite à la crise financière qui a commencé en 2008. Nous avons passé une année en demi-teinte avec des volumes qui sinscrivent en baisse par rapport à lannée 2008, même si en termes de prix la baisse na pas été aussi marquée. Elle a été de 6% sur lexercice 2009, mais en termes de volume elle a été de moitié. Pourtant, au lendemain de la crise mondiale, différents responsables ont affirmé que la place boursière est à labri de la crise. Laissez-moi dabord rappeler le contexte. Lannée 2008 était une année extrêmement chahutée au niveau international où les corrections sur les principales places étaient de lordre de 25 à 60%, voire même à 80% pour lIslande. Dans ce contexte, la place de Casablanca a eu une très bonne performance en 2008 et même sur deux années glissantes (2008 et 2009). Malgré la baisse de 6% en 2009, nous sommes en meilleure posture que la plupart des bourses, voire même les bourses les plus développées et qui ont connu une excellente performance en 2009 après une forte baisse en 2008. Je donne un exemple : Quand vous enregistrez une baisse de 50% de lindice au cours de lannée 2008, même si vous réalisez plus de 50% depuis le début de lannée 2009, au cours de cette même année cela fait toujours -25%. Je rappelle que la bourse de Casablanca est globalement à -20% de baisse sur les deux dernières années. Cest une performance sur deux ans, meilleure que celle affichée par des places comparables comme le Caire. Je rappelle que celle-ci a connu une baisse de 58% en 2008, suivie dune hausse en 2009. Cela fait une baisse de plus de 20% sur les deux années. Il faut donc relativiser les choses. Certes, lannée na pas été facile et elle ne la été pour personne, mais la place de Casablanca résiste assez bien dans un contexte difficile. La place boursière est jugée comme un instrument qui est loin de jouer véritablement son rôle de mobilisateur de lépargne nationale. Dans quelle mesure cette assertion est vraie ? La bourse pourrait jouer un rôle beaucoup plus important dans la mobilisation de lépargne à long terme dans notre pays. Il est vrai que nos marchés financiers se sont bien développés depuis la grande réforme de 1993, mais il nous reste pas mal de chemin à parcourir pour atteindre le niveau des intermédiations financières que connaissent les places les plus développées. Je cite quelques chiffres : En Europe ou aux Etats Unis, les places financières assurent près de 80 à 85% du financement de léconomie. Au Maroc, cest le système bancaire qui assure ce pourcentage de financement. Nous avons donc pas mal de chemin à parcourir. On doit consentir des efforts à la fois au niveau de loffre de papier, c'est-à-dire avoir plus dintroductions en bourse, et au niveau de la demande. Il faut que nous ayons des actions de proximité avec les investisseurs. Lobjectif des autorités en 2008 était dintroduire 100 PME en bourse. Aujourdhui, nous en sommes encore loin. Pourquoi ? Lobjectif était plutôt dintroduire 75 entreprises et on a parlé de 150 sociétés cotées à lhorizon 2015. Au fait, sil sagit dintroduire 75 entreprises, soit à peu près une douzaine par an, en 2009, il ny a pas eu dintroduction parce que la conjoncture nétait pas favorable. Les entreprises avaient peur dessuyer un échec et leurs conseillers ne leur ont pas recommandé de sintroduire en bourse. Je pense que pour pouvoir relancer le marché boursier marocain il faut une introduction significative, ou bien une société privée dimportance ou bien une privatisation.