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«En matière de dette, le Maroc est dans les normes.»
Publié dans L'observateur du Maroc le 24 - 12 - 2009


Entretien réalisé par f-z jdily
L'Observateur du Maroc. Comment le Maroc gère-t-il aujourd'hui sa dette?
Zouhair Chorfi. Je précise que le Maroc n'est pas surendetté. A fin 2008, sa dette est de l'ordre de 45% du PIB. Sur la base d'une comparaison à l'échelle internationale, ce ratio est extrêmement positif. Les normes européennes le fixent à 60%. Le Maroc est donc dans les normes. Mieux, sous l'effet de la crise, en 2008-2009, les dettes publiques ont extrêmement tendance à exploser. Cependant, la dette dans notre pays a diminué systématiquement. Je peux même dire qu'elle a diminué durant les trois dernières années. Le ratio de la dette a été ramené de 62 à 47% du PIB. Et même en 2009, année jugée difficile, le poids de la dette continue à diminuer. Le Maroc est-il obligé de recourir au marché international ?
Non, pas du tout. Le Maroc n'est surtout pas dans l'obligation d'aller sur le marché international. Ce dont on parle c'est le financement du trésor, et comme vous le savez, la loi de finances est votée avec un déficit de 4%. Ce déficit est finançable aisément et dans de bonnes conditions, à partir des ressources internes. Ce qui a changé c'est que le marché international est devenu très liquide. Et de gros investisseurs manifestent un grand intérêt pour le Maroc. Aujourd'hui, nous sommes sollicités par les grandes banques. S'il y a quelques mois, on n'examinait même pas l'opportunité d'aller sur le marché international, c'est parce qu'il fallait payer une prime de risque très élevée. Cette prime était de 800 points de base. Actuellement, elle est de 250 points. Aujourd'hui, on commence à examiner et à discuter avec nos partenaires. Ceci dit, si nous allons sur le marché international ce n'est pas parce que nous avons une contrainte, mais parce que nous bénéficions d'excellentes conditions. Je tiens à préciser que le recours au marché international est un choix délibéré et non une contrainte.
Au lendemain de la crise, différents responsables ont fait des sorties médiatiques pour rassurer, affirmant que le Maroc est à l'abri car ses fondamentaux et son système bancaire sont solides. Aujourd'hui, le système bancaire souffre de manque de liquidité. Qu'en pensez-vous ?
D'abord, jamais personne n'a dit que le Maroc est à l'abri de la crise. Peut-être n'avons-nous pas communiqué de manière très explicite et peut-être y avait-il un défaut de communication. Mais pour nous, la seule idée importante, il y a une année, c'était de dire que les banques marocaines n'étaient pas touchées par la crise. Mais nous savions bien sûr que nos exportations, nos recettes touristiques… seraient impactées et que les transferts de nos compatriotes marocains à l'étranger allaient reculer du fait que le chômage progresse en Occident. Donc, nous savions que le Maroc allait subir les effets de la crise. Mais par rapport à cela, il y avait des réponses pour amortir ces effets. En ce qui concerne la liquidité, ce qu'il faut retenir et mettre en exergue, c'est que l'activité bancaire est restée soutenue à fin octobre. Les glissements annuels des crédits à l'économie ont augmenté de 11% au moment où les crédits ont marqué le pas partout dans le monde. Assister à une augmentation des crédits dans un contexte économique difficile c'est une performance remarquable. Peut-être que les dépôts n'ont pas suivi dans la même proportion et donc les banques ont moins de liquidité. Mais elles sont revenues au refinancement auprès de Banque Al-Maghrib. Aujourd'hui, sur un total de 500 milliards de DH de crédits, les banques se refinancent pour près de 20 milliards de DH. Il n'y a donc rien de très inquiétant.


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