* Il faut que les relations entre les pays du Nord et ceux du Sud de la Méditerranée soient des relations de codéveloppement. * Il faut passer de la logique dassistanat à la logique de partenariat . Et ça demande un effort des deux côtés. * Point de vue de Mohamed Horani, président de la CGEM. - Finances News Hebdo : Quel a été, en gros, le bilan de vos réunions B to B à Athènes ? - Mohamed Horani : Les réunions que jai eues avec les présidents de fédération de certains pays méditerranéens avaient pour objectif de renforcer les liens avec les patronats pour favoriser les échanges. Il est question aussi dadopter les positions communes des patronats qui vont dans le bon sens de la construction de cette Union pour la Méditerranée. - F. N. H. : Est-ce que vous avez adopté des propositions communes pour le Forum dAthènes ? - M. H. : Ce qui a été évoqué par les uns et les autres reflète des avis assez individuels et des particularités pour chaque pays ou chaque patronat. Mais il y a des points communs et des préoccupations partagées. La question du financement a été fortement évoquée. Mais je crois que le plus gros problème à résoudre est didentifier des projet. Des projets denvergure qui soient à la hauteur de lambition pour cette Union pour la Méditerranée. Et si on arrive à en trouver le problème de financement se posera moins. Il y a aussi un autre défi à relever surtout pour les pays du Sud dans leur rapport avec les pays du Nord de la Méditerranée. Il faut que les relations soient des relations de codéveloppement. Il faut passer de la logique dassistanat à la logique de partenariat et ça demande un effort des deux côtés. Au Nord, il faut quils placent leurs intérêts dans le temps. Il ne faut pas quils voient uniquement dans le court terme. Je suis persuadé que les pays du Nord auront plus que jamais besoin des pays du Sud, ne serait-ce que pour des raisons démographiques. Aussi, ces Etats sont des pays émergents et il y a beaucoup de projets. Ça intéresse les pays du Nord en termes dinvestissement, etc. Dun autre côté, les pays du Sud ont, eux aussi, un gros effort à faire pour assurer cette responsabilité de codéveloppement. Donc, il faut quon soit capable daccompagner les projets. Aussi bien au niveau de leur réalisation que de leur financement. - F. N. H. : Mais quen est-il du Maroc et des entreprises nationales ? - M. H. : Ça correspond exactement à la vision que nous avons à la CGEM. Le plus important pour notre pays est de permettre à lentreprise marocaine, de manière générale, davoir un environnement favorable compétitif. Il faut également que cette entreprise se comporte de façon à améliorer cette compétitivité. La stratégie de notre pays doit être basée sur louverture dune manière générale, en partenariat avec tous les pays étrangers. Il faut avoir le réflexe de diversifier nos partenaires et de chercher de nouveaux marchés, en consolidant nos relations avec lEurope et en profitant des nouvelles opportunités telles que lUPM. - F. N. H. : Vous avez évoqué la diversification des échanges avec dautres pays, mais lessentiel des relations commerciales du Maroc se fait avec lEurope, notamment les pays de lOuest. Avec le Maghreb, les choses sont restées en létat ; lAccord dAgadir na pas donné leffet escompté, alors quavec les autres pays de la Méditerranée, notamment ceux de lEst, les relations restent insignifiantes. Est-ce quil y a moyen de développer ce créneau et dinvestir ces régions peu connues des promoteurs marocains ? - M. H. : Aujourdhui, les relations politiques sont ce quelles sont ; on espère quelles samélioreront. En attendant, nous avons déjà travaillé ensemble. Jespère que le patronat maghrébin sy interessera sérieusement. Mais le plus important, cest dencourager et de promouvoir les actions de rapprochement et de partenariat avec les pays du Sud. Mais cela, il faut le préciser, nest pas une simple volonté de travailler ensemble. Il y a aussi, à mon avis, un problème de fonds. Quelque part, nous sommes concurrents vis-à-vis des autres pays. Mais la concurrence nest pas mauvaise lorsquon évoque le cas du Maroc avec la Tunisie, par exemple. Nous essayons davoir des économies plutôt complémentaires que concurrentes. On doit essayer, chacun de son côté, même de manière négociée, de traiter nos échanges et nos relations avec les pays tiers. Entre nous, il ne faut pas uniquement viser les marchés, mais aussi être daccord en terme dorientation. Quant à nous, nous avons la chance davoir des stratégies sectorielles, donc nous avons une vision. Nous avons fait un choix en ce qui concerne les nouveaux métiers du Maroc surtout. Nous avons une certaine visibilité par rapport à dautres pays. Il est nécessaire, si nous voulons réellement construire le Maghreb, si nous voulons construire lUPM, davoir des économies complémentaires et intégrées.