Othman Benjelloun a tenu à mettre fin aux rumeurs en initiant une rencontre avec la presse et les analystes. Si les autorités n'avalisent pas le projet de partenariat avec la CNCE, le groupe risque de faire cavalier seul. Le «clan» Benjelloun ne souscrit pas à un rapprochement avec la BCM. J'ai tenu à convier aujourd'hui cette assemblée afin de couper court aux spéculations et conjectures dont notre Groupe fait l'objet, et de lever le voile en toute transparence et, je l'espère, définitivement sur sa situation qui, de mon point de vue, ne devrait aucunement susciter l'équivoque. J'ai tenu à ce que vous soient présentés les résultats de BMCE Bank au titre de ce 1er semestre 2003, ainsi que les prévisions des trois prochains exercices qui, pour un il certainement objectif et averti comme le vôtre, sauront apporter la démonstration de la bonne santé de notre banque et de notre Groupe. Notre Groupe se porte bien, tout comme moi-même, mais je me rends compte que, pour évidente que cette vérité puisse me paraître, il me faut la dire. Il me faut la dire, car j'estime qu'il est de mon devoir d'éclairer certains esprits dont la virulence des critiques qu'ils décochent à notre Groupe dénote souvent une volonté délibérée de nuire, mais que, personnellement, je préfère mettre sur le compte de l'ignorance, et parfois de l'incompétence ou du parti pris». Ces propos fermes et clairs sont du Président du Groupe BMCE Bank, Othman Benjelloun. Lors d'une conférence de presse tenue la semaine dernière au siège de l'établissement, il a tenu, après une longue période de silence qui a prêté foi aux rumeurs et aux analyses les plus critiques, à briser le mur du silence. Cette rencontre avait tout l'air d'une épreuve de vérité où il s'agissait davantage de convaincre tant les journalistes que les analystes que de présenter les résultats du groupe BMCE Bank. Convaincre que le Groupe se porte à merveille, mais également «éveiller» les consciences sur son apport pour l'économie marocaine. De fait, si l'équipe dirigeante s'est surtout évertuée à faire parler les chiffres, Othman Benjelloun s'est quant à lui exprimé sur la stratégie d'ensemble du groupe, de sa création à ce jour. Une stratégie dont le projet de partenariat avec le Groupe Caisses d'Epargne devait être un prolongement logique. Le refus (provisoire) des autorités d'avaliser ce projet est visiblement incompris dans le camp Benjelloun. Mais il semble que plusieurs points auraient gêné le Comité des Etablissements de Crédit dans la mouture finale qui leur a été présentée, notamment l'implication de la Caisse d'Epargne dans la gestion de la banque. «Il est impossible qu'un actionnaire détienne 20% d'un établissement sans qu'il ait un droit de regard», nous confiera, à ce titre, un responsable de BMCE Bank. Même si ce projet est, semble-t-il, en train d'être réexaminé afin qu'il cadre mieux avec les attentes des autorités, il semble pourtant, aux discours des différents cadres de la banque, que les jeux sont déjà faits. Les autorités pourraient fort bien ne pas revenir sur leur décision, surtout que même les milieux d'affaires sont plutôt favorables à un rapprochement maroco-marocain. Bien entendu, on fait allusion, dans ce cas précis, à la BCM très intéressée par les 20% que propose la BMCE Bank. Othman Benjelloun est néanmoins clair à ce propos : «(...) je voudrais que vous reteniez de cet épisode le fait que notre groupe, qui est l'objet aujourd'hui de nombreuses fausses analyses, ne retiendra en termes d'alliances et de partenariat que les candidats qui apportent une véritable valeur ajoutée, cohérente avec notre stratégie et ses fondements, et profitable à l'économie nationale qui a plus que jamais besoin d'entreprises fortes, ouvertes sur l'international et partenaires de ceux qui dans le monde imposent leur savoir-faire, leur expertise et leur autorité. Et si aucune de ces opportunités n'était retenue ou mise en uvre, notre groupe poursuivra sa marche en toute sérénité en mobilisant les ressources dont il dispose qui lui permettront de construire par ses propres moyens sa croissance et son développement». S'il est a priori permis de croire que le groupe reste ouvert à toute offre en phase avec ses ambitions, il est pourtant prouvé qu'il souscrit du bout des lèvres, voire aucunement à une offre venant de la BCM. «Nous sommes ouverts à toutes les propositions, mais vous savez, les deux entités (BCM et BMCE Bank) peuvent apporter davantage au système bancaire séparées que réunies...», nous confiera un membre de la Direction générale. Indicateurs financiers En ce qui concerne les indicateurs financiers au 30 juin 2003, le PNB agrégé a enregistré une hausse de 7,7% à 1,14 Md de DH grâce à l'augmentation de la marge d'intérêt et des activités de marché. Cette hausse, conjuguée à la régression des charges d'exploitation agrégées de 3,5% à 560,8 DH, a impacté positivement sur le RBE agrégé qui augmente de 31% (585,5 MDH). Le résultat net agrégé s'établit, quant à lui, à 244,6 MDH, en hausse de 28% par rapport à la même période de l'année dernière, malgré un effort de provisionnement conséquent, avec des dotations nettes en progression de 33,9%. La tendance haussière des résultats devrait par ailleurs être maintenue d'ici la fin de l'année. Othman Benjelloun a, à cet égard, souligné que la BMCE Bank «signera en 2003 l'un des meilleurs exercices de son histoire grâce aux performances de la banque commerciale qui prend un nouvel élan suite à la stratégie initiée en 2002 (...)».