* Les observateurs voient en Kamal Benjelloun le successeur légitime de son père à la tête de Finance.com depuis quil en a été nommé vice-président. * Doit-on cependant exclure le fait que Othman Benjelloun cède simplement ses parts dans Finance.com en tirant sa révérence ? Ce ne serait pas un cas décole. Est-il prématuré de parler de la succession de Othman Benjelloun à la tête du Groupe Finance.com ? Sûrement pas. Mais certains jugeront sûrement cet article incongru, voire déplacé dès lors que lacteur principal nest personne dautre que le magnat de la finance, le puissant homme daffaires, Othman Benjelloun. Pourtant, il semble tout à fait légitime de sinterroger sur sa succession. Parce que, tôt ou tard, il tournera le dos au monde du business. Un monde qui la révélé. Et où il sest révélé. Comment le fera-t-il ? Cest là toute la question. Certaines intelligences sempresseront de soutenir, en toute logique dailleurs, que «cest son fils, Kamal Benjelloun, qui prendra naturellement la relève». Cette conclusion puise ses racines de la nomination, en janvier 2005, de Kamal Benjelloun en tant que vice-président de Finance.com. Suffisant pour affirmer quil sera le digne épigone de son père ? Peut-être bien que oui. Peut-être bien que non. Bon manager, mais Kamal Benjelloun est-il prédisposé à prendre la tête de Finance.com ? Pour cet observateur averti, «il est resté très longtemps éloigné du business familial, sinvestissant plutôt dans son métier». Néanmoins, poursuit-il, «le fait que son père lait mis à ses côtés peut être interprété comme un signal fort lancé à lendroit de la communauté des affaires pour lui dire que sa relève est bien là. Reste à savoir sil a mis à profit ces quatre ans en tant que vice-président en simpliquant réellement dans la gestion du Groupe, tout en sachant que 4 années semblent bien peu pour prendre totalement en charge une structure aussi importante que Finance.com». «Je crois cependant que cela ne doit pas constituer un obstacle de taille, dans la mesure où il saura se faire valablement accompagner par les hommes de confiance qui entourent aujourdhui son père et qui sont rompus aux rouages du métier», conclut-il. Même son de cloche pour cet autre observateur. Selon lui, «tout semble verrouillé pour quil assure la relève ; cest le sens quil faut donner à lexpansion du Groupe à linternational, mais aussi au renforcement de la présence étrangère (notamment le CIC) dans le tour de table, lesquels lui donnent davantage de visibilité sur la stratégie densemble du Groupe», note cet observateur. Il faut savoir que Kamal Benjelloun a une passion bien loin du microcosme financier : lanthropologie; en plus dune «fibre environnementale» chevillée au corps, lui qui préside, tant aux Etats-Unis quau Maroc, aux destinées de plusieurs sociétés spécialisées dans les énergies renouvelables et la préservation de lenvironnement. Sa formation ne fait donc pas de lui, a priori, un favori. Néanmoins, il dispose dun préjugé favorable. Comme le confirme cet analyste, «il a déjà lexpérience du business, puisquil gère plusieurs sociétés et est administrateur dans des entreprises du Groupe Finance.com; cest-à-dire quil a létoffe dun bon manager, en plus dêtre un grand bosseur. Il na donc guère besoin dêtre un expert en finance pour diriger cette structure, surtout sil est entouré de bonnes compétences». Vrai. Surtout en référence au parcours de son père. En effet, lacquisition de la BMCE en 1995 par Othman Benjelloun était perçue comme une incongruité dans la communauté bancaire. Pour beaucoup, en osant mettre pied dans un secteur longtemps réservé à une certaine élite de lépoque, il fonçait tête baissée dans un mur, quand bien même il sétait déjà illustré dans les assurances (www.financesnews.ma). La suite, tout le monde la connaît : il accède à la tête du GPBM trois ans seulement après son atterrissage dans le secteur et bâtit, en presque 15 ans, un empire financier dont les tentacules ont percé les frontières nationales. Non sans avoir essuyé, au passage, des revers et de sévères diatribes, mais également réussi à éviter les trappes délibérément ouvertes devant lui par des adversaires irrités par son ambition démesurée. Aujourdhui, cest avec un sentiment mêlé de convoitise et dadmiration que ses détracteurs dhier contemplent cet homme daffaires émérite, plusieurs fois élu «banquier de lannée». Alors, tel père tel fils ? En tout cas, sil est permis de croire que Kamal Benjelloun peut reprendre le flambeau familial, il est tout aussi important de rappeler, sil en est besoin, que le milieu financier marocain est un milieu où lon ne peut saventurer lescarcelle vide. Il peut certes disposer des pré-requis pour assurer la succession, mais a-t-il le charisme nécessaire ? Est-il animé de la même passion que son père ? Est-il vraiment intéressé par ce métier dont il sest tenu à lécart durant de longues années ? Surtout, a-t-il, comme son père, la carapace dure ? Parce quau regard de ce qui se passe dans le paysage financier, cest un enphémisme de dire que cest un monde peuplé de caïmans où se côtoient coups bas, connivences douteuses, compromission et mauvaise foi. Cest en comprenant cela quil pourra valablement porter le legs de son père. Encore faut-il que ce dernier y consente. Car, comme le disait lancien président du Conseil national du patronat français, Yvon Gattaz, «pour la succession des entreprises familiales, les patrons se partagent en deux catégories : ceux qui croient que le génie est héréditaire et ceux qui n'ont pas d'enfants». Othman Benjelloun croit-il au génie de son fils ? Kamal Benjelloun a-t-il le génie de son père ? Cest à voir. Et si ? Et si Othman Benjelloun cédait ses parts dans Finance.com ? Hypothèse folle ? Peut-être pas tant que ça. Si lon suppose effectivement que Kamal Benjelloun, habité par sa passion (lanthropologie) et déjà à la tête de plusieurs sociétés, nest pas intéressé pour la reprise de Finance.com, cette question trouve tout son sens. Surtout que son autre enfant, en loccurrence Dounia Benjelloun est, elle aussi, «déconnectée» du milieu financier et absorbée par sa société, Dounia Production. A laube de ses 80 ans, tout vendre et sassurer amplement de quoi mettre du beurre dans les épinards de ses vieux jours, cest envisageable. Il ne serait pas le premier, car dautres lont déjà fait. La famille Kettani a pris de court la communauté des affaires lorsquelle a cédé le Groupe Wafa Assurance à la BCM. Une éventualité que cet analyste apprécie avec réserve, estimant que «la question de la succession est une vraie épreuve pour le Groupe, et je ne crois pas que Benjelloun ira jusquà céder ses parts et perdre tout pouvoir; cest une question de prestige pour la famille et le nom des Benjelloun». Par ailleurs, à la lecture de la géographie actuelle du système bancaire, à qui vendre ? Certainement pas à Attijariwafa bank. Encore moins à des étrangers, les autorités étant désormais allergiques à toute idée de se voir «déposséder» des fleurons du système financier national. Sil y a quelquun quon ne pourrait exclure de la course, si toutefois Benjelloun venait à céder ses parts, ce serait bien Moulay Hafid El Alamy. Il est dans tous les bons coups. Et a, en partage avec Othman Benjelloun, un sens aigu des affaires et un goût du risque assez prononcé. «Cest une piste très possible pour qui connaît bien Moulay Hafid El Alamy», soutient une autre source. Un repreneur (potentiel) tout indiqué ? Lavenir nous le dira.