* Les entreprises prennent conscience de la rentabilité qui découle des chantiers de lEtat. * Trois secteurs cotés représentent léchantillon de ceux qui ont fait de lEtat un moteur de croissance. Il fut un temps où les appels doffres de lEtat peinaient à trouver réponse. Et pour cause, cet acteur incontournable de léconomie avait la réputation de mauvais payeur qui tarde à verser son dû. Ce temps est, semble-t-il, révolu, surtout que depuis quelques années le Maroc est réputé être un pays en chantier. Avec une conjoncture économique incertaine, rien de plus rassurant que les garanties étatiques. Du coup, nombre de sociétés cotées à la Bourse de Casablanca font aujourdhui de ces chantiers de lEtat une cible où la participation est incontournable. Nous avons dénombré pas moins de trois secteurs qui commencent à orienter une grande partie de leur business sur la collaboration avec le public. Il sagit bien évidement des opérateurs du BTP, de limmobilier et des nouvelles technologies de linformation. Concernant le premier, des acteurs comme le Groupe Addoha, Alliance Développement Immobilier et la Compagnie Générale Immobilière, semblent miser gros sur la reconfiguration de leur activité. Et pour cause, les segments qui ont fait autrefois le bonheur de ces compagnies se sont vus rattrapés par les effets de la conjoncture morose. Il est question ici du segment du résidentiel de luxe et des logements secondaires où il devient de plus en plus difficile de maintenir ses marges. Pour compenser ce manque à gagner, le programme gouvernemental pour lencouragement de la production des logements économiques à 140.000 DH tombe à point nommé. Le nouveau système de péréquation qui permet aux opérateurs immobiliers de profiter des deux tiers de la surface affectée pour le développement dautres standings que le social, a attiré la convoitise des trois opérateurs immobiliers cotées à la tour de verre du boulevard des FAR. Par ailleurs, Delta Holding reste le mieux placé pour tirer profit des mutations que connaissent les infrastructures du pays. Haj Fahim a amplement bénéficié de son passage à lAdministration publique pour cerner au mieux les besoins de lEtat, et le partenariat de cet acteur est devenu une spécialité de son holding, qui plus est lui offre la meilleure des résistances face à la dégradation de la conjoncture économique. Ainsi, outre sa participation au programme du logement social via sa désignation par Al Omrane pour la réalisation dun programme de logements à 140.000 DH, Delta Holding se positionne aussi comme acteur du développement du parc éolien avec lacquisition dun complexe métallurgique à Jorf Lasfar par AIC Métallurgie pour la construction de supports déoliennes. Cette expertise du holding dans les programmes de lEtat lui a valu une reconnaissance au-delà des frontières du Royaume, puisque, désormais, Delta Holding répond aussi à des appels doffres de lEtat français et de certains pays dAfrique. Le secteur des NTIC nest pas en reste. Lon se rappelle quil y a plusieurs mois, le gouvernement avait annoncé sa volonté de moderniser les établissements publics avec, en ligne de mire, les parcs informatiques. Et cest Microdata, le distributeur de matériel informatique qui manifeste son intérêt. La compagnie de Hassan Amor compte aujourdhui parmi ses plus grands clients la majorité des administrations publiques. Un marché, faut-il le dire, très lucratif au vu de sa taille. Le profit est donc au rendez-vous quand on travaille avec lEtat. Mais la question qui se pose à ce niveau est : comment réagissent ces opérateurs qui axent leur activité sur le public pour compenser les retards des versements venant dun organe tel que lEtat ? Des sources bien informées confient «que travailler avec lEtat est en soi une garantie dêtre payé à tous les coups que lon ne peut trouver ailleurs». Avant dajouter que «le fait de recevoir des avances sur les marchés publics est un avantage important qui permet aux entreprises adjudicatrices déviter des frais liés au financement du besoin en fonds de roulement». Ceci a, logiquement, pour effet de compenser un éventuel retard sur le règlement des factures au terme des travaux. Dés lors, la spécialisation dans les projets étatiques quont fait certaines sociétés cotées devient tout a fait compréhensible. Mieux encore, disposer de lEtat comme client dans le portefeuille devient une réelle assurance quoffrent ces entreprises à leurs investisseurs, surtout que le Maroc est encore loin davoir achevé sa mutation.