* Les secteurs secoués par la crise ont eu des effets défavorables sur la demande nationale. * Les résultats exceptionnels de la saison agricole entraînent le plein emploi dans les campagnes et augmentent sensiblement le revenu des ruraux. L a consommation intérieure, et plus généralement la demande nationale, est lun des principaux moteurs de croissance de léconomie du pays. Ces paramètres ont connu une progression notoire ces dernières années. Mais la crise internationale a eu des effets néfastes à plusieurs niveaux et touché plusieurs secteurs. La déprime a impacté des branches dactivités plus liées à linternational comme le tourisme, le textile, les transferts des MRE. Des secteurs qui sont contraints de réduire leurs ressources humaines ou, du moins, de limiter les recrutements. Dautres secteurs sont pénalisés par la conjoncture et narrivent pas à maintenir leur vitesse de croisière : cest le cas notamment du secteur de limmobilier dans le segment du haut standing. Ce créneau a connu un certain relâchement non enregistré depuis 2006. «Pour ce début de lannée 2009, la demande intérieure nationale continuerait de soutenir l'activité économique, mais sa croissance serait relativement moins importante que lannée précédente», souligne-t-on dans le dernier point de conjoncture du Haut Commissariat au Plan (HCP) Le HCP précise que «linvestissement productif verrait son rythme dévolution ralentir par rapport à 2008 ; les entreprises pourraient réduire leurs dépenses d'investissement, compte tenu des perspectives dune demande extérieure faible et de laugmentation de leurs capacités de production non utilisées». Ce ralentissement se manifeste clairement au niveau des crédits à limmobilier et à la consommation. Pour limmobilier, la croissance est de 25,2% à fin février 2009. Ce niveau reste incomparable avec le niveau record de 43,4% réalisé une année auparavant. La même tendance est à observer au niveau de la consommation des ménages. La croissance a été forte, certes atteignant les 26,2% mais reste largement en deçà des 41,7% atteints une année auparavant. Leffet du recul des transferts des MRE commence à se faire sentir. Ces transferts ont marqué une régression de 14,8%, soit une contre-performance jamais égalée depuis 1997. Des milliers de familles marocaines sont fortement dépendantes de ces transferts. Leur niveau de vie et, bien entendu, leurs dépenses sont revus à la baisse. La récession mondiale, surtout dans la zone Euro, a entraîné des licenciements en masse. Les immigrés sont les premiers concernés. La France, lItalie, lEspagne, lAllemagne et la Belgique sont fortement touchées et le risque dun taux de chômage à deux chiffres est fort probable. La demande intérieure nationale sera, par ailleurs, fortement dopée par les effets favorables de la campagne agricole. En effet, la population rurale représente plus de 45% de la population globale. Les résultats records de la saison tablent sur des récoltes de 102 millions de quintaux, soit presque le double de la précédente campagne. Les revenus des ruraux provenant essentiellement de lagriculture, devraient doubler. Lemploi dans les campagnes tourne à plein régime. Dans certaines régions, le manque de main-duvre commence à se faire sentir. Le salaire journalier est en progression constante. «Le SMAG est fixé à 50 DH/jour, mais vu labondance de loffre, les travailleurs exigent des salaires de 70 à 80 DH. Dans les semaines qui viennent, il faudra sattendre à 100 ou même 120 DH/jour». Ce dynamisme qui touche le monde rural a poussé certains travailleurs en ville, notamment dans le BTP, à regagner les campagnes. Outre le plein emploi assuré par lagriculture, dautres activités sont elles aussi concernées par ce dynamisme. En première ligne figurent le transport et le commerce mais dautre secteurs en sont également bénéficiaires. Pour ce qui est des investissements, lEtat compte maintenir son programme. Alors que dans le privé, certaines entreprises ont révisé leur business plan et leur projet. Selon le HCP, «les importations de biens déquipement nont crû que de 4,1%, à fin février 2009, contre 21,2% un an auparavant».