* Dans ce contexte de crise, le tourisme bat de laile. * Dans la capitale du Souss, plusieurs hôtels crient à la faillite. * Les chiffres communiqués par lONMT sont entièrement démentis par les opérateurs du secteur. Sil est un mot que lon est sûr dentendre chaque jour en 2009, cest bien celui-ci : «la crise». Dans ce monde en chaos marqué par une interdépendance des économies, la crise simpose aujourdhui comme une réalité. En effet et bien que les propos se veulent rassurants, la réalité est fortement différente. Dans un secteur comme le tourisme, limpact négatif de la crise est ressenti. Les chiffres communiqués par lONMT, ou ceux du ministère du Tourisme, reconnaissent leffet négatif de la crise, mais parlent dune baisse insignifiante Concernant les principales destinations touristiques, les résultats affichés au mois de janvier sont contrastés : des baisses pour les nuitées réalisées à Marrakech, Casablanca et Tanger (-5% chacune) et -12% pour Rabat et Ouarzazate, et des hausses pour Agadir (+3%) et Fès (+8%). Aussi et daprès les statistiques publiées par lONMT, le taux d'occupation des chambres a reculé de 4 points, passant ainsi de 38% en 2008 à 34% en 2009. Au cours de ce mois, Agadir affiche le taux d'occupation le plus élevé (50%). Un taux cependant entièrement démenti par les opérateurs. A noter par ailleurs quil y a quelques jours, le ministre du Tourisme M. Boussaid, avait précisé que le secteur du tourisme avait pris très tôt les choses en main. «Fin 2008, nous avions décidé de créer une Task Force avec la présence des représentants de lensemble des acteurs, comme la Fédération nationale du tourisme (FNT) ou encore de lObservatoire du Tourisme, afin de faire face à la crise, mesurer son impact direct et indirect et élaborer un plan daction intitulé CAP 2009» avait annoncé le ministre du Tourisme. «Ce plan se traduit par une série dactions comme le renforcement de la promotion, du rôle et des moyens des Centres régionaux du Tourisme (CRT), de la demande intérieure et de lexploitation de nouvelles opportunités» avait-il précisé. Crise, quand tu nous tiens Toutefois et en dépit des chiffres publiés et des propos quelque peu rassurants, les opérateurs se plaignent atrocement du recul des arrivées touristiques. Dans une ville comme Agadir, le nombre des arrivés a beaucoup diminué en 2008 et davantage durant les premiers mois de lannée 2009. «Le nombre de touristes étrangers a beaucoup diminué par rapport à la même période de lannée écoulée», annonce un opérateur. Même les grands palaces de la capitale du Souss se plaignent de la baisse drastique des nuitées. Aussi, si les chiffres publiés en terme de nuitées se veulent rassurants, ceux relatifs aux licenciements sont par contre importants. «Chaque jour, la direction générale dresse une liste de nouveaux départs», annonce un employé dhôtel. Il sempresse dajouter que le dégraissage a concerné en premier lieu les employés qui travaillent dans le jardinage, la plomberie, la maçonnerie mais par la suite, il sest étendu aux autres métiers à savoir la réception, la restauration Si les grands hôtels peinent à couvrir leurs charges, les petits crient à la faillite. Dans la ville dAgadir, on parle même dhôtels qui ont manqué à la déontologie dans la mesure où ils ferment les yeux sur labsence de certaines pièces telles que lacte de mariage. «Dans un contexte de crise, les patrons dhôtel ferment les yeux afin de pouvoir arrondir leurs recettes et subvenir à leurs charges». Et du côté des recettes touristiques, seront-elles également en hausse ? Selon le ministre du Tourisme, la conjoncture se traduit par des prix écrasés ce qui ne veut pas du tout dire que la destination Maroc est bradée et les durées de séjour sont comprimées. Néanmoins, et toujours selon les propos du ministre, la baisse prévisionnelle des recettes touristiques sera compensée par les 20.000 lits supplémentaires prévus en 2009. Loptimisme de Boussaid ne semble pas être partagé par les opérateurs qui sinquiètent outre mesure de limpact de la crise. Cette baisse drastique affichée dans le secteur du tourisme est la résultante dune dépendance accrue vis-à-vis de lextérieur. Lopération Kounouz Biladi entamée il y a quelque années, est certes très louable, mais encore faut-il déployer davantage defforts afin que le tourisme interne puisse prendre le relais dans un contexte de crise.