l La paix aux Balkans, politique de voisinage et relations avec les grandes puissances, telles sont les priorités de lUnion européenne. l Avec le Statut avancé accordé au Maroc, lUE ne développera pas uniquement que les relations bilatérales, mais créera avec le Royaume une plate-forme déchange sur des questions mondiales et régionales. En ces temps de crise où chacun opte pour la devise «Chacun pour soi, Dieu pour tous», le Maroc reste très attentif aux réactions de son plus grand partenaire économique mais également voisin, lEurope. Celle-ci bataille pour garder la tête hors de leau et si cela peut rassurer, elle ne perd pas de vue ses partenaires, cest du moins ce qui ressort des déclarations faites par Eneko Landaburu, le Directeur général de DG Relex de la Commission européenne. Ses propos présentent autant dimportance quand on sait que cest lui qui remplacera au mois doctobre, et peut-être avant, Bruno DeThomas à la tête de la Délégation de la Commission européenne à Rabat. Ce dernier arrive au terme de son mandat de quatre ans durant lesquels il a réalisé des avancées importantes dans la signature du Statut avancé. Eneka Landaburu, rencontré lors dun déjeuner informel en marge dune visite organisée par la Délégation de la Commission à Rabat au profit de 14 journalistes marocains, ce dernier sest voulu rassurant. «LOccident va représenter dans quelques années 6 à 7 % de la population mondiale. Ce sont des réalités géopolitiques qui, avec lémergence de pays comme la Chine et lInde, font que lEurope peut jouer un rôle incontestable dans la diffusion et la défense des valeurs comme la paix et le respect des droits humains en contribuant à résoudre un certain nombre de problèmes écologiques, par exemple, ou la prolifération des armes de destruction massive. LEurope devient ainsi, presque sans le vouloir, un acteur majeur sur la scène internationale», explique-t-il avant dénumérer trois grandes priorités actuelles pour lEurope. Sans pour autant les classer par ordre dimportance, il a commencé par celle qui vise à trouver une solution satisfaisante pour la réconciliation dans les Balkans parce que cest tout de même une région au sein de lEurope qui a été ravagée par une guerre civile. «Il nous faut offrir les conditions nécessaires que ces pays ne reviennent pas vers loption du conflit et de guerre civile. Et notre stratégie est de les accompagner, quand ils seront prêts, vers une adhésion à lUnion européenne», ajoute le DG. Deuxième priorité sur le plan international pour lUE : développer une politique de voisinage qui permette dassurer avec ses voisins un espace de stabilité, de liberté et de prospérité. Donc avoir avec ses voisins du Sud et ses voisins de lEst un projet de politique extérieure qui consolide les bonnes relations, qui permette un développement économique maximum et surtout qui assure une certaine sécurité. Cette politique de voisinage a été lancée il y a quelques années à linitiative de la Commission européenne et se manifeste par des accords bilatéraux avec lensemble de ces pays. «Nous avons, comme vous le savez, un accord dassociation avec le Maroc et nous sommes en train de mettre en uvre le Statut avancé ; cest le pays avec lequel nous sommes allés le plus loin dans cette capacité de rapport de deux entités égales et souveraines qui veulent rapprocher leur destin parce quelles le considèrent lié», souligne Eneko Landaburu. La troisième priorité pour lUnion européenne est la nécessité de développer des liens et des accords avec ce quelle appelle ses partenaires stratégiques que sont les USA, le Canada, le Japon, lInde Donc tous ces pays qui ont une influence sur la scène internationale et avec lesquels lUE a des accords-cadres. Des négociations sur un nouvel accord-cadre sont dailleurs prévues avec la Russie. Cette priorité émane de la volonté de lUE de développer, à chaque fois que loccasion se présente, le multilatéralisme. «Le droit étant à mon sens lélément majeur qui doit simposer en terme de relations internationales pour faire face aux difficultés et trouver des solutions politiques au lieu de la guerre», insiste Landaburu. Les choses se présentent plus ou moins bien selon les dossiers. Et le Maroc dans tout cela ? La ratification tant attendue du Traité de Lisbonne par les Irlandais au mois de novembre ne concerne pas que les citoyens, ou la vie interne européenne, mais comme également les partenaires de lUnion. «Si ce traité est ratifié, nous aurons, sur le plan de la politique extérieure, des instruments plus forts», souligne le nouvel ambassadeur de la Délégation de la Commission européenne à Rabat. Ce dernier a tenu à rappeler que «dans le cadre des relations européennes avec lextérieur, la politique de voisinage est très importante et se manifeste par des accords privilégiés avec les pays du voisinage pour autant quils le veulent et le souhaitent. Jusquà hier, la Libye ne voulait rien savoir dun accord pareil; alors quactuellement, nous sommes en train de négocier un accord dassociation avec ce pays. Cest un début. Dans le cadre de cette politique de bon voisinage, nous avons, avec chacun des pays voisins, un plan daction qui varie selon lambition de chacun de ces pays». Pour en venir au Statut avancé du Maroc, il faut préciser que cest lexpression la plus avancée dune ambition visant létablissement de liens entre lUnion et un pays. «On veut finalement, via ce statut, pousser lintégration économique et commerciale, assurer de meilleures capacités dinvestissements et de relations commerciales entre le Maroc et lUE. On veut mettre en chantier toute une série de rapprochements dans le domaine réglementaire et en harmonie avec les standards pour que le rapprochement puisse devenir de plus en plus aisé» ajoute Landaburu. «Il est vrai, poursuit-il, que les négociations sur le commerce, les services et lagriculture ne seront pas faciles. On avance, parce que lambition est là. Et on veut rehausser le niveau du dialogue politique entre ces deux entités. On ne veut pas seulement parler de nos relations bilatérales mais évoquer aussi des structures importantes et jespère que nous tiendrons un sommet entre lUE et le Maroc, durant la présidence espagnole, ce qui permettra un plus haut niveau des échanges sur les questions du monde», conclut Eneko Landaburu. pour Lanbaburu, le choix du Maroc pour officier à la tête de la Délégation de la Commission européenne, émane du fait quil considère notre pays comme important dans la politique extérieure de lUE et susceptible de développer un projet global et stratégique positif par rapport aux valeurs de lUE, en devenant un pays de référence dans la région. Son rôle se résume à renforcer et à consolider des relations globalement bonnes.