* Dès le déclenchement de la crise, un dispositif institutionnel a été mis en place au sein du ministère des Finances. Il sagit dun Comité de veille stratégique qui suit de près lévolution de la crise financière et son éventuel impact sur léconomie marocaine. * La capacité de résilience dont a fait preuve le Maroc a été citée par les grandes institutions internationales. On est a longueur de journée bombardé de nouvelles sur lévolution de la crise financière internationale. On ne peut donc rester passif face à lévolution des évènements» a annoncé Chafiki, directeur des Études et de la Prévision financière au sein du ministère de lÉconomie et des Finances lors de la rencontre initiée récemment par la Chambre française du commerce. Une des grandes problématiques de cette crise pour léconomie marocaine, cest quil ne faut pas sinscrire dans un exercice de prévisions tout en omettant les évolutions structurelles. Il est plus judicieux de répertorier les acquis et dinventorier les voies de progrès en vue davoir plus de visibilité dans un contexte dincertitudes. Contrairement aux propos prétendant quon avait pris beaucoup de temps pour reconnaître que lon est touché par la crise et donc de prendre les mesures nécessaires, Chafiki avance que dès le départ un dispositif institutionnel a été mis en place. Il sagit dun Comité de veille stratégique qui suit de près lévolution de la crise financière et son éventuel impact sur léconomie marocaine. Aussi, la Loi de Finances 2009 a-t-elle initié un ensemble de mesures qui sont aujourdhui en application. Ces mesures sont dordre social et concernent le maintien de lemploi. Celles dordre financier visent lamélioration de la trésorerie dentreprise et des mesures qui ont pour leitmotiv lamélioration de lexport. Aujourdhui, un plan anticrise bien ficelé est mis en place. Un cadre macroéconomique globalement sain Aujourdhui, et malgré la morosité du contexte, les fondamentaux macro-économiques restent sains : un budget équilibré, des recettes fiscales en progression, une inflation maîtrisée (2,3%), un compte courant proche de léquilibre et ce malgré laggravation du déficit commercial et une dette publique en forte baisse (48%). Le Maroc bénéficie désormais dun statut avancé, ce qui lui permet un arrimage à lUnion européenne. Mais cela nempêche de dire que certains secteurs sont touchés, tels que le textile-habillement ou les composantes automobiles. Et donc à partir de toutes ces réflexions, il est important de voir comment garder le cap. Comment gérer cette conjoncture internationale. M. Chafiki partage lavis de ceux qui considèrent ce contexte de crise comme une source dopportunités et qui espèrent que la croissance dans les années à venir va émaner des pays émergents. Daprès lui, la crise pourrait favoriser la baisse des cours internationaux des matières premières au même titre que lattractivité du Maroc en matière de délocalisations. La balance des paiements affiche un déficit de 11 Mds de DH. Un tel déficit aurait mis à genoux le Maroc dans les années 80, voire le mettre en cessation de paiement. Or, le Maroc daujourdhui affiche une bonne résistance. Limpact de la crise internationale sur le secteur financier demeure limité. En témoignent les chiffres : à fin 2008, les crédits bancaires ont enregistré une progression de 23,8%. Limmobilier sest taillé une part de 35,9% et le crédit à la consommation plus de 27%. Donc, grosso modo, le secteur bancaire national a été épargné des soubresauts de la crise financière internationale. Et dune manière générale, le secteur financier lest aussi en raison dune réglementation un peu rigide de lOffice des changes. Pour M. Chafiki, le Maroc a pu faire face en 2008 aux chocs externes (explosion des cours des matières premières). Cette capacité de résilience dont a fait preuve le Maroc a été citée par les grandes institutions internationales. Dans son dernier rapport, le FMI a indiqué que le Maroc était bien positionné pour promouvoir son développement. Loctroi du statut avancé ainsi que ladhésion de notre pays au Comité de linvestissement de lOCDE en sont des preuves tangibles. Aussi, a-t-on constaté au cours des dernières années une forte croissance du PIB non agricole. Ainsi quune titrisation de plus en plus affirmée de léconomie marocaine. «Nous sommes sur un schéma de croissance où la demande intérieure joue un rôle important», a confirmé M. Chafiki. Des propos certes rassurants mais qui ne doivent pas se substituer au devoir de vigilance. Le Maroc pourrait savérer sain sur le plan macroéconomique, mais cela ne doit pas occulter le fait que la crise est aujourdhui une réalité pour notre pays. Cette capacité de résistance pourrait ne pas tenir dans les années à venir. Il faut donc déployer les moyens nécessaires pour décortiquer les secteurs contaminés par la récession de nos partenaires afin de pouvoir éviter les dégâts... Dire que le Maroc pourrait tirer croissance de cette crise nest peut-être pas un leurre, mais à condition de ne pas se limiter aux discours en mettant en place les moyens quil faut. «Si le Maroc veut sen sortir intelligemment -on va sen sortir de toute façon- il devra se doter des moyens détudier les pays partenaires en récession et anticiper sur leurs besoins. Là, on pourra gagner, car la crise est une réelle opportunité pour les gens qui travaillent», a annoncé le patron des patrons. Cette crise est une révolution mondiale où chaque pays va essayer de miser le tout pour le tout afin de mieux se positionner. Et le Maroc devra faire de même.