* Les Assises vont aborder les contraintes du secteur et ses perspectives davenir. * Outre le département de tutelle, ces rencontres vont rassembler tous les intervenants concernés. Le Maroc importe la quasi-totalité de ses besoins énergétiques de létranger. Cette dépendance lui impose de trouver et de chercher des solutions alternatives. Il est question aussi de rationaliser sa consommation et dassurer un approvisionnement adéquat. Cest dans ce cadre que Amina Benkhadra, ministre de lEnergie et des Mines, de lEau et de lEnvironnement, a annoncé lorganisation, le 6 mars, des premières Assises nationales de lEnergie. «Nous voulons, à travers ces Assises, partager la vision avec les autres opérateurs. La problématique énergétique se pose avec acuité. Il y a une pression sur les ressources sous leffet de la croissance de la demande. Pour répondre à ces besoins, il faut augmenter sensiblement les investissements afin dassurer léquilibre entre loffre et la demande», a indiqué Benkhadra. Pour sa part, Moulay Abdallah Alaoui, président de la Fédération de lEnergie, a précisé que «la question énergétique nest pas un sujet relevant du département de tutelle, mais quelle concerne lensemble des opérateurs et des citoyens. Il faut privilégier une approche globale qui prenne en considération plusieurs paramètres, à la fois techniques, économiques et sociaux». Il est clair que lénergie constitue un moteur principal de la croissance et du développement. La flambée des cours des produits pétroliers a impacté sensiblement la balance commerciale nationale et pénalisé également le pouvoir dachat des citoyens, sans compter les effets sur la compétitivité des entreprises, notamment exportatrices. La facture énergétique na cessé de salourdir mettant sous pression les réserves financières et en devises. LEtat, pour sa part, était contraint de limiter les effets inflationnistes et de doter la Caisse de compensation de plusieurs rallonges. Son budget a atteint, au terme de lannée 2008, 37 Mds de DH. La facture pétrolière a dépassé les 71 Mds de DH en 2008 contre seulement 21 Mds de DH en 2003, soit une croissance de près de 340%. Il est à souligner également que la consommation de lénergie primaire au Maroc a atteint 14.720 millions de TEP, soit une hausse de 34% comparativement avec lannée 2008. Cette croissance a été dopée par la demande électrique qui a progressé à un rythme annuel moyen de 8%. Les priorités de lEtat en matière énergétique concernent notamment un approvisionnement adéquat, Il sagit aussi de garantir la disponibilité et laccessibilité à lénergie au meilleur coût ainsi quà réduire la dépendance à légard de lénergie en augmentant la part des énergies renouvelables. A propos de la tension sur loffre électrique et les risques de délestage, Benkhadra a expliqué que «lEtat envisageait un ambitieux programme dinvestissement pour combler le retard enregistré dans les installations de production. Il est question de répondre ainsi à la demande qui a fortement augmenté sous leffet de la quasi-généralisation de laccès à lélectricité et de lexpansion économique soutenue». La ministre a mis en exergue le recours à linterconnexion avec lEspagne qui est devenu structurel pour couvrir plus de 15% de la consommation électrique. En matière de rationalisation des choix au niveau de lénergie électrique, Benkhadra a affirmé que «le charbon, en raison de sa compétitivité et de son abondance, constituera le cur du mix électrique tout en optimisant les ressources en gaz disponibles, les apports de léolien et de lhydroélectricité». Les autres formes dénergie sont au programme, notamment lélectronucléaire, les centrales aux schistes bitumineux, le solaire de puissance et la biomasse qui occuperont une place importante dans le bouquet électrique. Pour ce qui est des énergies renouvelables, le Maroc table sur un passage de 8% du bilan énergétique et environ 18% de la production électrique. Il est question de mettre en uvre de nouvelles centrales dune puissance de 1.554 MW en éolien et en déployant 400.000 m2 de panneaux solaires nouveaux. Mais le développement de ces énergies reste handicapé par les contraintes fiscales. «La Loi de Finances a baissé les droits de douane et taxes sur léolien qui devient compétitif. Le solaire reste relativement cher mais des baisses sont envisagées pour les prochaines Lois de Finances», a expliqué Benkhadra. Toujours au sujet du volet fiscal, la ministre a souligné à propos du gasoil professionnel que «cette question avait déjà été posée mais quelle devrait être examinée avec plusieurs départements comme ceux des Transports, des Finances ou des Affaires générales. Toutefois, il faut rappeler que les professionnels ont déjà bénéficié de lexonération de la TVA». Concernant lénergie nucléaire, Benkhadra a affirmé quil «faut au moins dix ans détudes et de consultations pour pouvoir établir un programme». Elle a précisé qu«au préalable, il faut préparer lenvironnement juridique et sécuritaire. Nous travaillons déjà avec des groupes-cibles. Le projet ne pourra passer à la phase de réalisation quà partir de 2017 ou 2018 ».