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Hassan Abouyoub : Le Maroc à l’heure de l’intégration régionale
Publié dans Finances news le 04 - 03 - 2010

* Les règles du jeu de l’économie globale vont s’imposer à tout le monde. Donc, autant anticiper et prendre un peu d’avance par rapport à la concurrence régionale afin de lancer le Maroc sur le chantier des réformes de la troisième génération.
* Le Maroc a raison, au nom des droits humains universels, de ne pas signer l’accord de réadmission.
* Les conditions qui permettent d’imaginer un marché commun maghrébin ne sont pas toutes réunies.
Hassan Abouyoub est l’exemple type d’un diplomate chevronné, rompu aux rouages des affaires. Homme d’esprit, doté d’une grande culture générale, il est au service de la diplomatie marocaine depuis de très longues années. Cette longévité est, sans aucun doute, l’un des signes les plus marquants de la confiance que le Souverain place en lui. Et cette confiance, le monarque la lui a encore renouvelée en le nommant récemment ambassadeur du Maroc en Italie.
Deux semaines auparavant, nous l’avions reçu dans les locaux de Finances News Hebdo. Il était
alors ambassadeur itinérant de
Sa Majesté.
Dans ce contexte économique assez particulier marqué par le Statut avancé Maroc-UE, l’UPM, les accords de libre-échange, la crise internationale…, il a apporté des éclairages très édifiants sur le positionnement et le rôle qu’est appelé à jouer le Maroc. Dans un langage diplomatique certes, mais non moins tranchant.
Enjeux du Statut avancé
Le Statut avancé octroyé au Maroc le 13 octobre 2008 confirme que, désormais, l’ouverture est une réalité. Il s’agit, comme on ne cesse de le répéter dans les milieux d’affaires, de la résultante logique de tout ce qui a été réalisé au sein de notre économie comme réformes au cours de la dernière décennie. Moins que l’adhésion mais plus que l’association, le Statut avancé accordé au Maroc par l’Union européenne
offre une nouvelle plate-forme d’échanges et marque une nouvelle ère de coopération entre les deux partenaires.
Toutefois, il est à reconnaître que ce statut particulier signe une rupture par rapport à un mode de gouvernance préétabli et une série d’acquis. Alors, est-ce que le tissu économique national, tel qu’il est conçu, est prêt à affronter les défis liés à cette nouvelle réalité?
«Nous avons toujours tendance à grossir l’impact du processus d’intégration régionale, alors que l’histoire économique a montré que toutes les opérations d’intégration ont profité aux économies les moins avancées», précise d’emblée Abouyoub. Autrement dit, nous n’avons pas, normalement, d’inquiétudes à nous faire dans le long terme sur les conséquences systémiques d’un processus de libre-échange comme celui qui lie le Maroc à l’Union européenne.
Faut-il noter, à cet égard, que le contenu commercial de la relation Maroc-Union européenne est quasiment bouclé. «Contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, 2012 symbolise pratiquement la fin du processus de «désarmement» tarifaire et, donc, il n’y a pas d’enjeux commerciaux supplémentaires dans le cadre du Statut avancé si l’on excepte l’agriculture et les services», souligne Abouyoub.
Ces deux secteurs qui continuent de déroger aux règles du libre-échange tel que défini dans l’accord général du GATT, ont fait ou font encore l’objet de négociations nous rapprochant ainsi d’un statut de libre-échange exhaustif entre le Maroc et l’UE.
Quels impacts ?
Il faut savoir si l’économie marocaine est en mesure de relever le défi de la compétitivité mondiale; de faire mieux que l’UE dans tous les secteurs où l’offre européenne est en train de disparaître. L’économie européenne, outre les effets de la crise, doit s’ajuster aux contraintes de ses déficits structurels, aux pesanteurs de son modèle socio-économique et à l’agressivité des économies émergentes. Dans ce contexte, le Statut avancé n’aura pas d’impact direct.
D’abord, ce n’est pas un accord au sens classique du terme. Il s’agit d’un engagement du Maroc souverain, en connaissance de cause et en toute lucidité, d’intégrer l’espace économique européen. «C’est un acte volontaire que d’intégrer dans son corpus législatif, au sens très large du terme, ce que l’on appelle l’acquis de l’espace économique européen. C’est un choix qui est, à mon sens, justifié par le fait que les règles du jeu de l’économie globale vont s’imposer à tout le monde. Donc, autant anticiper et prendre un peu d’avance par rapport à la concurrence régionale, tout en essayant de profiter de ce défi pour lancer le Maroc sur le chantier des réformes de la troisième génération», conclut Abouyoub.
Autre point débattu avec force avec H. Abouyoub : l’accord de réadmission que le Maroc refuse toujours de signer et qui risque de constituer une entrave à la mise en place effective du Statut avancé.
«Face à ce que l’on pourrait appeler les donneurs de leçons, je trouve que le Maroc a raison, sur le plan des droits universels, de ne pas signer», martèle Abouyoub pour qui «l’Europe va être finalement dans l’obligation de revoir en profondeur ses politiques migratoires vu l’essoufflement de sa croissance liée à la panne démographique.».
Il faut, à cet égard, préciser que la panne démographique européenne a pour conséquence systémique des perspectives de croissance à long terme extrêmement faibles par rapport aux autres régions. Le modèle économique européen est menacé dans sa viabilité par le déséquilibre démographique entre actifs et inactifs. Un tel déséquilibre fait que la retraite de la future génération européenne n’est pas garantie. D’autant que, confirme Abouyoub, «la capacité de cette population à prendre en charge des fonctions ordinaires est pratiquement impossible et que l’Europe, quoi qu’elle dise, aura besoin d’un flux migratoire minimal qui est équivalent à l’excédent des ressources humaines du Sud de la Méditerranée d’ici à 2050».
Quel avenir pour l’UPM ?
Le débat autour de l’Union pour la Méditerranée fait couler beaucoup d’encre. Ce projet, très applaudi au départ, est toujours bloqué, à tel point que beaucoup se demandent si cette instance n’est pas en danger de crise insurmontable.
Pourtant, la concrétisation effective de l’UPM serait ô combien bénéfique pour cette région du monde qui doit faire face à de nombreux défis, notamment en ce qui concerne sa compétitivité par rapport à l’Amérique du Nord et à l’Asie. «Si l’on accepte que cet espace a une lourde responsabilité par rapport à l’Afrique (développement humain, sécurité, stratégie…); si l’on accepte que nous sommes dans une région où le réchauffement climatique s’est avéré réel et que les perspectives à long terme sont défavorisées; si l’on prend la question énergétique…, on se rend effectivement compte que cet ensemble a des défis communs monstrueux. Et l‘on sait qu’aucune nation, aussi puissante soit-elle, n’a la capacité de faire face seule à tous ces challenges», relève Hassan Abouyoub.
En conséquence, l’UPM s’avère un objectif vital pour le Nord comme pour le Sud. «Le seul problème est que la politique méditerranéenne de l’Europe a toujours été marquée par la sécurité énergétique et par le besoin de sécuriser les zones d’approvisionnement», souligne Abouyoub, et de préciser que «sécuriser veut dire stabiliser politiquement et, dans le credo européen de l’union, stabiliser politiquement c’est démocratiser le pays». Or, poursuit-il, «un pays démocratique est celui qui applique à la fois la loi du marché et les règles de la démocratie. C’est ce qui explique, en quelque sorte, cette ambiguïté dans la démarche européenne où elle concilie à la fois les objectifs à court terme, pour sécuriser le marché énergétique européen, et les objectifs à long terme pour maîtriser d’une manière vertueuse le potentiel énergétique arabe».
Otage du politique ?
Aujourd’hui, le conflit dans la région du Moyen-Orient semble être l’un des obstacles majeurs face à la mise en œuvre effective de l’UPM. En cela, martèle Abouyoub, «l’Europe n’est pas en mesure de jouer un rôle géopolitique significatif sur la scène internationale. Elle l’a montré depuis toujours et continue de le montrer, et ce malgré la mise en œuvre du Traité de Lisbonne. L’Europe n’est pas une puissance militaire. Elle n’est pas autre chose qu’une puissance commerciale. Elle n’est même pas une puissance économique au sens d’un ensemble qui a une politique budgétaire commune comme soubassement à une monnaie de réserve capable d’être une alternative au Dollar».
C’est la raison pour laquelle, renseigne-t-il, «il y a toujours cette difficulté de l’Europe à parler à l’unisson selon les mêmes axes stratégiques avec le Sud. Le Sud n’est pas prêt, dans l’immédiat à se conformer aux objectifs de valeurs universelles, de démocratie, de droits de l’homme… qui sont inclus à la fois dans la déclaration de Barcelone et dans celle identique de l’UPM. La démocratie ne s’importe pas, elle ne s’applique pas par décret, elle exige un lent apprentissage».
Ce déficit de gouvernance de la région MENA, explique en partie l’enlisement des projets d’intégration régionale. C’est dire qu’il n’y a que les démocraties qui sont capables d’altérer leur souveraineté économique, commerciale, financière et fiscale au profit d’un organe exécutif régional. «Si l’Union européenne est le seul modèle d’intégration régionale accompli dans le monde, bien plus que le Nafta,… c’est parce qu’il y a des politiques communes avec leurs assises budgétaires. L’absence d’un budget général de l’UE, traduction d’une politique économique commune, se fait lourdement sentir sur le marché des changes à la faveur de la crise grecque », relève Abouyoub,
Quid de l’UMA ?
A l’instar de l’UPM, l’Union du Maghreb Arabe se veut une nécessité incontournable. «Or, tant que nous n’avons pas la capacité de garantir les conditions équitables de concurrence sur les marchés du Maghreb , tant que nous ne sommes pas capables d’offrir à l’industriel des garanties en matière de propriété intellectuelle, de droits douaniers,…, nous ne pourrons pas réussir un marché commun maghrébin complémentaire», martèle Abouyoub qui cite, au passage, l’exemple de l’automobile avec Renault qui s’installe à Tanger Med avec une capacité très largement supérieure aux besoins du marché maghrébin. «Pour des raisons qui ont fait que le Maghreb n’a pas pu se faire, il y aura, en Algérie, une usine Renault pour le marché algérien.
Es-t-ce que c’est stratégiquement raisonnable ? Est-ce que c’est économiquement viable ?», s’interroge-t-il ?
Cela pour dire que les démarches qui permettent d’imaginer un marché commun maghrébin ne sont pas réunies. Les politiques économiques de certains pays maghrébins sont malheureusement conçues de nature hégémonique, voire anti-intégration économique. « Je pense que si on continue comme ça, bientôt il sera trop tard parce que le taux de « fusion » dans le Nord sera tellement important que l’espace maghrébin sera nécessairement et involontairement (par déduction mathématique) intégré dans celui européen», conclut Hassan Abouyoub.
* Patriotisme : Le syndrome du bon élève
«Il y a une première posture qui me semble salutaire et devoir s’imposer : c’est d’arrêter de nous comparer aux autres et de ne pas succomber à ce que l’on appelle le syndrome du bon élève. Nous n’avons pas à rougir de ce que nous sommes. Nous sommes le produit d’une accumulation culturelle, ethnique, géographique, historique fabuleuse… Et nous devons être fiers de ce que nous sommes avec nos atouts et nos faiblesses. Parce que cela entraînera nécessairement l’adhésion de nos concitoyens à la chose publique, renforcera les comportements patriotiques. Engageons nous à concurrence de nos capacités contributives, individuelles et collectives, limitons nous à des objectifs réalisables, aussi modestes soient-il, et traduisons-les dans le concret. Et puis aimons-nous !».
* Ce qu’il en pense : Démocratie : Les partis héritent d’une rente politique
«En parlant d’un espace politique, donc d’un système partisan, on doit se demander si ces structures partisanes héritées depuis le protectorat français, si ces créations obéissent à ce que l’on appelle les critères standards existant dans les démocraties avancées ?
Lorsque l’on prend en compte les critères communément admis qui définissent les grands partis de ce monde, je suis obligé de constater que la plupart de nos partis sont encore en quête de structures modernes et efficaces et de bases populaires significatives. L’absence de compétences spécialisées au niveau des sièges, la couverture très inégale du territoire par un maillage opérationnel de délégations, antennes, les stratégies de communication et la fonction tribunitienne etc..sont autant de carences qui ne seront plus acceptables. Elles privent le pays d’un débat politique vital pour créer l’appropriation nécessaire du dessein qui nous unit. Les dernières consultations électorales montrent clairement une méfiance de l’opinion par rapport à nos structures partisanes : les effets de la rente et du consensus politiques auront vécu. L’initiative du PAM aura donc eu le mérite d’interpeller les bénéficiaires de la rente politique et d’accélérer le cours de l’Histoire. La non-interférence de la Monarchie dans le jeu partisan crée désormais les conditions d’un jeu politique plus conforme aux normes avancées et permet de dire que le Maroc a entamé sérieusement et sereinement sa mue démocratique.
Les électeurs marocains potentiels ne croient pas aux partis politiques ni au jeu politique. Je pense que l’un des grands enjeux de la démocratie, c’est la capacité de ces partis à mobiliser les 85% qui continuent à ignorer la chose politique».
* IDH : Un indice qu’il faut prendre avec des pincettes
«Si l’on prend le Maroc avec les trois critères qui constituent l’Indice de Développement Humain et calculé à partir de nos statistiques, objectivement, le résultat n’est pas contestable. Sur l’enseignement et la déperdition scolaire, sur la mortalité maternelle et infantile, nous sommes certainement très en retard. Mais lorsque l’on nous compare aux autres nations, je constate que l’on classe des pays qui n’ont pas de comptabilité nationale ni d’appareil statistique ou qui n’ont pas une crédibilité statistique suffisante. Nous devons donc apprécier ces comparaisons avec une certaine réserve». Sur le plan méthodologique, l’approche est totalement contestable et mérite une démarche plus holistique. Les travaux faits par le HCP, sur la pauvreté, les disparités sociales sectorielles et régionales, nous offrent un terreau fertile pour redessiner l’architecture des indicateurs socio économiques dans le monde.


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