La transformation profonde du système énergétique ainsi que la rationalisation de la consommation de l'énergie sont les deux principaux axes de la nouvelle stratégie énergétique du Maroc pour réduire sa dépendance énergétique. En présence de tous les membres du gouvernement ainsi que les présidents des deux Chambres du Parlement, Amina Benkhadra, ministre de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement a présenté les grandes lignes de la nouvelle stratégie énergétique du Maroc, vendredi 6 mars, à Rabat, lors des premières Assises de l'énergie. Cet événement, sous le thème «Ensemble, maîtrisons notre avenir énergétique», a vu la présence d'une masse d'hommes d'affaires et de plusieurs experts internationaux. Placée sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, cette première rencontre a été marquée par la lecture d'un message Royal par Mohamed Mouatassim, conseiller de SM le Roi Mohammed VI. Le Souverain a appelé dans ce message à un changement profond des modes actuels de production et de consommation d'énergie, pour les rendre viables et utiles pour apporter le bien-être et la prospérité à l'humanité toute entière. «Le défi qui se pose de manière pressante à notre monde d'aujourd'hui n'est pas tant de manquer de ressources énergétiques que de mobiliser les investissements indispensables en la matière. Il est, donc, nécessaire de construire les infrastructures énergétiques nécessaires et de développer des technologies alternatives», a précisé SM le Roi. «Nous insistons sur la nécessité de diversifier nos sources d'énergie, de mobiliser nos ressources renouvelables, d'intensifier la recherche des hydrocarbures et de valoriser les schistes bitumineux. Ceci devrait se faire dans le cadre de l'adoption de l'efficacité énergétique -que Nous hissons au rang de priorité- en tant que mécanisme efficient permettant d'économiser les ressources énergétiques, d'en assurer la conservation et d'en rationaliser la consommation», a dit le Souverain. «La nouvelle stratégie énergétique nationale constitue une feuille de route qui vise à doter notre pays des moyens nécessaires pour assurer la disponibilité pérenne de l'énergie, préalable nécessaire à son développement durable. Cette stratégie rigoureuse et prometteuse ne peut être mise en œuvre avec succès que par la mise à niveau des ressources humaines et l'encouragement de la recherche scientifique. Elle fait également appel à toutes sortes de partenariats entre les secteurs public et privé, ainsi qu'à une large adhésion des citoyens et des composantes de la société civile.Tout en incarnant le thème de vos Assises «Ensemble, maîtrisons notre avenir énergétique», cette réalisation nationale va permettre de garantir la sécurité énergétique de notre pays. Elle sera également un puissant moteur propre à stimuler son développement durable et à assurer la compétitivité de son économie», a poursuivi le Souverain. Après la lecture du message Royal, Mme Benkhadra a présenté pour sa part les grands axes de la nouvelle stratégie du Royaume dans le domaine énergétique. «L'objectif de ces Assises est non seulement de partager la vision et faire et adhérer l'ensemble des acteurs de la société, mais également pour faire le point sur l'avancement des réalisations depuis des premières actions au courant du 2ème semestre 2008», a affirmé la ministre de l'Energie. «Pour faire face à la conjoncture mondiale actuelle, le système énergétique doit être en conséquences profondément transformé pour sécuriser la disponibilité de l'énergie et son accessibilité à des prix raisonnables afin de promouvoir le développement durable», a-t-elle ajouté. En effet, la nouvelle stratégie pour le secteur énergétique s'articule autour des principaux axes suivants : construire un bouquet électrique optimisé autour de choix technologiques fiables et compétitifs, développer des énergies renouvelables afin d'attendre 10% à l'horizon 2010 dans le bilan énergétique et 18% dans le bilan électrique. Ce plan vise aussi à ériger l'efficacité énergétique, mobiliser les ressources nationales régionales et équilibrer la production nationale et les importations. Cette stratégie a été déclinée en plan et programmes d'actions à court, moyen et long termes. «La consommation nationale de l'électricité serait multipliée au minimum par 4 et au maximum par 6 durant la période allant de 2007 à 2030. La puissance électrique installée serait au même horizon multipliée par 3,5», a indiqué Mme Benkhadra. De même, «des investissements d'un montant de plus de 90 milliards de dirhams seront réalisés dans le secteur énergétique durant la période 2008-2015», a-t-elle noté. Cette nouvelle stratégie vise à réduire la dépendance pétrolière du bilan énergétique du pays. Cette réduction se fera à la fois par l'élimination progressive du fuel oil de la production électrique au fur et à mesure de l'entrée en service des nouvelles centrales à charbon et des nouveaux parcs éoliens, par l'utilisation plus extensive de la cogénération et des énergies alternatives dans l'industrie et par le rajeunissement des parcs de véhicules plus sobres en carburant. Cette part qui est actuellement de 61% devrait baisser à 44% en 2020 et 38% en 2030. «Le soubassement de cette architecture s'appuie sur l'efficacité énergétique dont l'objectif est de réaliser une économie d'énergie de 12 % à l'horizon 2020», a souligné Mme Benkhadra. «Le secteur de l'énergie est appelé plus que par le passé à renforcer ses structures et à moderniser ses modes de gestion dans le cadre d'une nouvelle gouvernance», a-t-elle conclu. Le Maroc importe 97% de ses besoins en énergie Le Maroc importe actuellement près de 97% de ses approvisionnements en ressources énergétiques en raison de la faiblesse de ses propres ressources. Cette forte dépendance de l'extérieur combinée à la tendance haussière des cours des produits énergétiques, notamment le pétrole qui représente près de 61% de la consommation énergétique globale nationale, pèse lourdement sur les finances de notre pays. La facture énergétique s'est ainsi alourdie à 71 milliards de dirhams en 2008 contre seulement 21 milliards de dirhams en 2003, la part du pétrole absorbant plus de 87% de ces montants. La consommation nationale en énergie primaire s'est établie à 14,7% de TEP en 2008 en croissance de près de 7,2% par rapport à 2007. Entre 2002 et 2008, la demande électrique a enregistré une croissance annuelle moyenne de 7,5%, en raison de la quasi-généralisation de l'accès à l'électricité et de l'expansion économique. La consommation nationale en produits pétroliers dont la croissance annuelle moyenne se situait entre 4 et 5%, a enregistré en 2008 une forte augmentation de 11,2% pour atteindre 8,96 millions de tonnes. Cette croissance est due essentiellement à la hausse de l'utilisation du fuel par l'ONE. Promouvoir les énergies renouvelables Présent à son tour aux premières Assises de l'énergie, Ali Fassi Fihri, directeur général de l'Office national de l'électricité (ONE), a précisé que l'ONE est disposé à accompagner les investisseurs privés dans le domaine des énergies renouvelables, notamment dans la filière solaire. «L'ONE est disposé à accompagner toutes les visions présentées lors des premières Assises nationales de l'énergie», a précisé M. Fassi Fihri. Il a mis l'accent à cette occasion sur la volonté du Maroc de diversifier son bouquet énergétique. Le directeur général de l'ONE a fait part, dans ce cadre, de la disponibilité de l'opérateur national d'ouvrir son réseau pour le transport de l'électricité, soit du producteur vers un utilisateur au Maroc, soit d'un producteur vers l'étranger. «Le Maroc se positionne aujourd'hui avec une vision et une stratégie, mais également avec des moyens», a relevé M. Fassi Fihri.