Perspectives mitigées pour les valeurs du secteur agroalimentaire. Si certaines sociétés pourront éventuellement tirer leur épingle du jeu, il n'en sera pas de même pour d'autres. Wafa Bourse, en tout cas, recommande l'achat de Branoma, d'Unimer et de l La Bourse de Casablanca a entamé, à la fin de la semaine dernière, une petite remontée, améliorant de fait la contre-performance annuelle qui s'est établie à -8,93%, soit 599,61 points. Selon certains analystes, l'année 2002 devrait être certainement celle de la reprise. Il s'avère en effet que les bas niveaux de valorisation des cours rendent les titres plus attractifs alors que, parallèlement, le bénéfice par action devrait, selon les analystes de Wafa Bourse, croître à une moyenne de 5% par an en 2001 et 2002 (en ligne avec la croissance économique attendue). De même, l'offre et la demande de papier devraient connaître une hausse résultant des mesures fiscales incitatives initiées pour les nouvelles sociétés inscrites à la cote, tandis que les institutionnels devraient profiter d'un environnement fiscal plus favorable pour dynamiser davantage le marché. Cette reprise, prévue, se répercutera de manière différente sur les multiples secteurs cotés à la Bourse de Casablanca. A en croire Wafa Bourse, en tout cas, les perspectives du secteur agroalimentaire restent très disparates. Composé de 8 sociétés représentant 9,7% de la capitalisation boursière globale de la BVC, l'agroalimentaire a bénéficié de plusieurs éléments qui ont favorisé son développement, notamment en 2000. Il s'agit de la libéralisation du secteur huilier, qui a induit la disparition du système de tarification dégressive et son remplacement par des droits de douane fixes de 2,5% sur les graines et les huiles brutes et de 25% sur les huiles raffinées et les tourteaux; de l'arrêt de la subvention et l'engagement de modération des prix de vente sur deux ans avec la commercialisation d'une huile de table à un prix inférieur au prix actuel. De même, la SBM a filialisé son activité de production et d'embouteillage en créant la Société Centrale des Boissons Gazeuses, en mai 2000. Toutefois, plusieurs facteurs sont venus assombrir l'horizon du secteur de l'agroalimentaire, note Wafa Bourse. Oulmès a ainsi connu des perturbations sociales qui ont impacté négativement sur le chiffre d'affaires; le secteur de l'eau a connu une intensification de la concurrence à cause du lancement de nouvelles eaux de table à des prix très compétitifs; le segment de la bière et des boissons gazeuses a accueilli un nouveau concurrent (Cobomi, du Groupe Castel), bien que sa part de marché reste encore faible (2% pour la bière et 3% pour les boissons gazeuses); les coûts de transport ont été impactés par la hausse du prix du fuel. Perspectives Selon l'environnement au sein duquel elles évoluent, les sociétés de l'agroalimentaire sont appelées à se comporter différemment. Selon les recommandations de Wafa Bourse, trois titres sont à acheter (Branoma, Centrale Laitière, Unimer), trois à conserver (SBM, Cosumar, Lesieur) et deux à alléger (Oulmès, LGMC). Nous nous intéresserons ainsi aux trois titres recommandés à l'achat. - Branoma : Avec une production déclinée exclusivement vers la bière, Branoma a mis en place une stratégie orientée vers différents axes : abandon de l'activité des boissons gazeuses; l'ouverture à l'international grce à des accords de partenariat et aux exportations; l'intégration verticale (externalisation de certaines activités) et horizontale (politique de diversification avec l'accès à des métiers adjacents à son métier traditionnel) de l'activité et l'effort de réduction des coûts et d'amélioration des marges. Au niveau des indicateurs, Branoma a réalisé en 2000 un CA en progression de 4%, à 224 MDH, pour une marge opérationnelle qui s'établit à 16,6% en 2000, soit une hausse de 10% par rapport à 1999. D'autre part, elle a distribué un dividende de 60 DH par action au titre de l'exercice 2000 (contre 32 DH en 1999) en raison de l'importance de sa trésorerie active. Ces performances devraient s'améliorer au terme de l'exercice 2001. Wafa Bourse prévoit ainsi un résultat net respectivement de 31 MDH (+1,8%) et 33 MDH (+5,3%) en 2001 et 2002. De même, le CA devrait connaître une croissance de l'ordre de 1,5%, tandis que la marge opérationnelle devrait s'améliorer légèrement par rapport à 2000, grce à l'amélioration de la marge brute et de la productivité du personnel. Toutefois, le résultat financier devrait être divisé par deux à cause, notamment, de la baisse des produits d'intérêts (l'importante distribution de dividendes devrait conduire à une baisse de la trésorerie). Sur le plan boursier, le titre Branoma est recommandé à l'achat au regard de son niveau de rendement. Le rendement du dividende de Branoma est en effet de 8,8%, supérieur de 58% au secteur et de 106% au marché. D'autre part, il se traite avec un PER similaire à la moyenne sectorielle mais inférieur de 12% au marché. En outre, en termes de P/B, la valeur se traite avec une prime moyenne de 25%, justifiée par le niveau élevé du retour sur fonds propres de la société. - Centrale Laitière : Avec près de 65% du marché du lait et 85% de celui des produits dérivés, la Centrale Laitière a réalisé, au terme de l'exercice 2000, un chiffe d'affaires en progression de 5% à 2,63 Mds de DH. La marge d'exploitation est quant à elle passée de 8,6% en 1999 à 10,3% en 2000, alors que le résultat net non courant s'est apprécié, passant de -63 MDH à -42 MDH entre 1999 et 2000 enregistrant une bonne progression de +63% à 187 MDH. Ces performances sont la conséquence d'une nouvelle stratégie établie par la société et déclinée, entre autres, par le biais de la réorganisation de la force de vente, le lancement de nouveaux produits, la réalisation de multiples opérations de rénovation (Dan'Up, lait pasteurisé, etc.) ainsi que par la mise en place d'un programme d'amélioration de la qualité. En outre, il a été annoncé une augmentation de capital réservée au groupe Danone (qui porterait sa participation à 28,7% contre 20% actuellement) sur la base d'un cours de 4.300 DH par action, soit plus que le double du cours actuel. Par ailleurs, les investissements engagés en 2000 ont atteint 177 MDH. Au niveau des perspectives, Wafa Bourse prévoit une croissance du chiffre d'affaires de l'ordre de 5% d'ici 2002 "en raison de la politique d'innovation très dynamique de la société, aidée par Danone qui a justement renforcé sa position dans le capital de la société". La marge d'exploitation devrait également s'améliorer et atteindre 11,6% d'ici 2002, alors que le résultat net devrait s'établir à 206 MDH (+9,9%) et 231 MDH (+12,3%). Sur le plan boursier, le titre Centrale Laitière se traite avec une décote moyenne de 13% par rapport au secteur et de 22% par rapport au marché, tandis que le rendement est globalement en ligne avec celui du secteur et supérieur de 24% au marché. Par ailleurs, le niveau du P/B est globalement similaire à celui du secteur agroalimentaire, tandis que le retour sur fonds propres attendu figure parmi les plus élevés du secteur. A l'aide de la méthode qui met en corrélation le P/B et le ROE, Wafa Bourse aboutit à un cours théorique de 2.760 DH, soit un potentiel d'appréciation de 26% par rapport au cours de 2.190 DH retenu pour l'étude... - Unimer : Groupe agro-industriel diversifié, Unimer a réalisé de bonnes performances financières au titre de l'exercice 2001. Le CA s'est en effet inscrit en hausse de 15% à 291 MDH par rapport à l'exercice précédent pour une marge d'exploitation qui s'établit à 11,4%, soit une variation de +22% par rapport à 2000. Quant au résultat net part du groupe, il s'est établi à 27,8 MDH, soit une hausse de 66% par rapport à l'exercice passé. Ces résultats résultent de la succession de plusieurs évènements. Hormis l'introduction en Bourse, le groupe a initié le lancement de nouveaux produits (confiture d'abricots et concentré de tomates) qui, déjà, représentent 9% du CA consolidé 2000/2001. De plus, le groupe a déniché de nouveaux horizons de croissance en s'attaquant à de nouveaux marchés, notamment en Suisse, en Italie, en Danemark et en Tunisie. Poursuivant ses objectifs de croissance, le groupe a opéré une prise de participation à hauteur de 98% pour un montant de 30 MDH dans la société Top Food et a investi dans une unité de concentré de tomate. Par ailleurs, il était prévu de changer de conditionnement, avec toute la production qui devait être en " ouverture facile " en septembre 2001. Côté perspectives, Wafa Bourse table sur une hausse du CA de 11% pour les deux prochains exercices, en 2002 et 2003. Quant au résultat net part du groupe, il devrait s'établir à 32 MDH en 2002 et 37 MDH en 2002. Au niveau boursier, Unimer présente des décotes en termes de PER par rapport au marché (28%) et par rapport au secteur agroalimentaire (24%), ce qui ne cadre pas avec la croissance bénéficiaire attendue pour les deux prochains exercices. Le P/B présente, quant à lui, une décote de 10% par rapport au secteur, alors que la rentabilité des fonds propres est supérieure de près de 21% à la moyenne sectorielle. Par ailleurs, le niveau de rendement reste inférieur de 6% à celui de la moyenne du secteur, mais il reste largement au-dessus de celui du marché (supérieur de près de 25%).