* Ne disposant pas de beaucoup de ressources naturelles, le Maroc cherche des dons et des aides au développement pour équilibrer son économie. * La conditionnalité de loctroi des dons est heureusement de moins en moins utilisée. * Chaque donateur met en place des mécanismes de suivi : cas du Japon. Depuis son indépendance à ce jour, le Maroc a souvent reçu des dons et des aides au développement de pays étrangers, tirant profit de sa situation géopolitique stratégique. Cest en effet un pays clé dans la région. Mais, ce nest pas pour autant quil en tire le meilleur parti puisque ces aides ont plutôt contribué à une culture de dépendance économique. Faut-il reconnaître que le pays na pas la possibilité de faire autrement ? Comme lexplique Jawad Kerdoudi, président de lInstitut Marocain des Relations Internationales, en effet, «le Maroc nayant pas beaucoup de ressources naturelles en dehors des phosphates, il est normal quil recherche des dons et des aides des pays étrangers pour équilibrer son budget». Dans certains domaines, laide na pas eu limpact attendu, notamment lamélioration des conditions des Marocains dans certaines situations. À titre dexemple, limportant don fait par le Japon en août 2007 de 52 millions de DH pour soutenir le projet national de protection contre les inondations. Au vu des pertes humaines et matérielles enregistrées lors des récentes intempéries, il savère que le financement, à lui seul, nest pas une solution à tous les problèmes auxquels le Maroc doit faire face. «Il faut dabord rappeler que laide liée offerte par un pays étranger au Maroc peut être conditionnée par lachat par le Maroc de biens et de services en provenance de ce pays étranger. Mais cette conditionnalité est de moins en moins utilisée, pour permettre au pays aidé dêtre libre du choix de ses fournisseurs», explique Jawad Kerdoudi. Ainsi, et souvent, la contrepartie à cette aide peut être lachat de biens et de services en provenance du pays qui la fournie. Sinon, le pays donateur cherche à stabiliser le pays aidé et à développer son économie, afin quil puisse devenir un client potentiel du pays donateur. Heureusement donc que cette contrepartie, si contrepartie il y a, sinscrit beaucoup plus sur le plan économique que sur le plan politique. Mais le politique y joue un rôle tout autre. «Laide est effectivement liée à la qualité des relations extérieures. Le Maroc reçoit principalement laide de lUnion européenne à laquelle il est lié depuis plus dun demi-siècle», souligne le président de lIMRI. Cest ainsi que le Maroc va recevoir 654 millions deuros dans le cadre de la Politique européenne de voisinage pour la période 2007-2010. Ensuite viennent les Etats-unis comme deuxième plus important pourvoyeur daide. Dans le cadre du Millenium Challenge Account, les USA ont accordé au Maroc un don de 750 millions de dollars. Le troisième pourvoyeur daide est composé des pays arabes, et en premier lieu, lArabie Saoudite et les pays du Golfe (Emirats Arabes Unis, Koweït, Qatar et Bahreïn). Il ne faut pas omettre de cette liste un pays qui, depuis 1975 à mars 2008, a octroyé des aides non remboursables dune valeur de 2.353.780 de DH et une enveloppe de plus de 16 Mds de DH dans le cadre de la coopération financière remboursable. Il ne faut pas non plus omettre de mettre laccent sur un facteur positif des donations. Celui de jeter des ponts entre des pays lointains comme le Maroc et le Japon. «Les deux pays sont liés par dexcellentes relations damitié et de coopération depuis plus de 50 ans de vie diplomatique commune. La coopération entre nos deux pays compte plus de 40 années dexistence et le Japon a instauré, depuis les années 60, une tradition de coopération et de transfert de savoir-faire en se positionnant ainsi parmi les premiers pays, après lindépendance, en dehors de la France, à avoir envoyé des volontaires et des experts au Maroc pour assister leurs homologues et amis marocains dans des secteurs et domaines stratégiques», nous explique-t-on auprès du service de coopération à lAmbassade du Japon au Maroc. Maroc-Japon : Deux pays rapprochés grâce au développement Lintérêt du Japon pour le Maroc nest pas singulier, il fait partie de lintérêt que le Japon accorde au continent africain. Ainsi, en 1993, le Japon a lancé linitiative de la Conférence Internationale de Tokyo sur le Développement de lAfrique (TICAD) avec lONU et la Banque mondiale, qui est à sa 4ème édition. Lors de la TICAD IV, tenue à Yokohama cette année, le Japon sest engagé à doubler son aide dici 2012. Cet engagement est lexpression de la bonne volonté du peuple japonais à soutenir lAfrique et aider à relever les défis de développement des pays africains dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Toujours selon les services de coopération bilatérale à lAmbassade du Japon, la philosophie qui anime lesprit même de la coopération économique est bien évidemment le même qui insuffle le processus de TICAD, à savoir : «lAppropriation», qui est la prise de conscience par les pays africains de leur avenir et de leur développement et de ne pas être le principal acteur ; et le «Partenariat» qui va consolider cette approche dappropriation avec la communauté internationale. Ainsi, ces deux pays foncièrement différents et éloignés sur le plan géographique, se retrouvent rapprochés autour de la question du développement. Avançant des dons importants et des aides financières au développement, le Japon a instauré de multiples mécanismes de suivi et dévaluation de laide financière non remboursable. Ces évaluations se font selon les agendas des projets et par le biais dentités japonaises différentes. Mais, avant tout, le suivi et lévaluation du gouvernement du Japon sont basés sur des principes et des objectifs fixés pour chaque programme ou chaque projet selon des bases de référence, comme on le souligne à lambassade du Japon. «Tout dabord, il faut souligner lexistence dun organisme officiel du Japon quest lAgence Japonaise de Coopération Internationale (JICA), organisme chargé de la coopération technique et de lexécution des programmes et des projets de laide financière non remboursable du Japon (dons). En plus du suivi, la JICA évalue la pertinence et lefficacité de la coopération. Depuis le 1er octobre 2008, la JICA est lorganisme dexécution de la coopération économique du Japon après la fusion de la Banque Japonaise de Coopération Internationale (JBIC) et JICA sous la bannière de JICA. Ainsi, la JICA devient la plus grande et plus importante agence de coopération bilatérale dans le monde». Lambassade du Japon est aussi mandatée pour effectuer un travail dévaluation des projets réalisés. De même que le gouvernement du Japon envoie des missions indépendantes pour effectuer le travail dévaluation des projets de coopération. Enfin, la Cour des comptes du Japon effectue, pour sa part, le travail daudit des programmes et projets de la coopération bilatérale. Quattend-on en retour ? «Ce sont les attentes du peuple japonais, plutôt. Laide publique au développement du Japon est, avant tout, lexpression de la bonne volonté du contribuable japonais qui exige lefficacité, la rigueur, la transparence et la visibilité. Ce sont les attentes du peuple japonais, et le gouvernement du Japon est tenu de répondre à cette exigence», conclut-on à lAmbassade.