L'Indice Général de la Bourse de Casablanca a clturé l'année 2000 sur une contre-performance de -15,27% 658,43 points. Suivant la même tendance, la capitalisation boursière a régressé de 16%, passant de 136,43 Mds 114,88 Mds de DH entre 1999 et 2000 Quel avenir pour la place de Casablanca ? Il est logique de se poser la question devant un marché qui ne laisse transparaître aucun signe de reprise durable. Et ce, malgré la sortie médiatisée de M. Fathallah Oualalou, ministre de l'Economie, des Finances, de la Privatisation et du Tourisme. La Bourse de Casablanca est-elle dés lors condamnée vivre le même scénario que l'année dernière ? Cette hypothèse ne semble pas exclue, même s'il y a quelques signaux forts qui prêtent l'optimisme. Il faut rappeler que l'année dernière, l'Indice Général est resté pratiquement insensible tous les événements qui, dans un marché efficient, auraient pu provoquer une reprise. L'IGB aura en effet connu cinq phases essentielles dans son évolution, telles que les décrivent les analystes de Safabourse : la première phase, qui a duré deux mois, a été caractérisée par une performance de -6,98% de l'IGB fin février qui traduisait l'attentisme des investisseurs la publication des résultats annuels. La seconde phase a été marquée par une légère hausse de l'Indice l'approche notamment de la publication des résultats annuels 1999 : l'IGB avait ainsi clturé le mois de mars en ramenant la contre-performance annuelle -4,71%, avant d'entamer durant le mois d'avril une nouvelle baisse alternée avec des hausses insignifiantes. La troisiéme étape a été symbolisée par un retournement de tendance o l'IGB a gagné 62 points entre le 3 et le 17 mai en passant de 671,43 733,34 points, suite la réunion tenue entre les professionnels et le ministre de l'Economie et des Finances. Cette période aura été également marquée par des prises de bénéfices massives qui ont de nouveau provoqué la chute des cours; laquelle s'est poursuivie jusqu' fin juin 2000 o l'Indice s'établissait 724,15 points. Aprés cette période, l'IGB a évolué en dents de scie, avec de légéres hausses du fait de distributions de dividendes assez conséquentes. La quatriéme phase a été "l'effet pétrole" : l'annonce de la découverte de pétrole et de gaz par le Souverain a impacté sur le marché boursier qui a gagné 9 points en 3 séances, avec une performance annuelle ramenée -1,67%. Enfin, dans la cinquiéme étape, "l'effet pétrole" qui s'est vite estompé a cédé la place un nouveau repli du marché accentué surtout durant le mois de novembre. Au 6 décembre, l'IGB atteignait son plus bas niveau de l'année avec une régression de -16,69% 647,41 points. La revalorisation des portefeuilles qui caractérise les fins d'année a permis néanmoins de redresser un peu la barre, pour permettre l'IGB de terminer l'année sur une contre-performance de -15,27% 658,43 points, pour une capitalisation boursiére qui a régressé de 16% 114,88 Mds de DH. De méme, en l'absence d'opérations stratégiques, le volume annuel des transactions a accusé un recul de 60% 37,77 Mds de DH par rapport 1999. Cette physionomie globale du marché s'explique, selon les analystes de Safabourse, par la perte de confiance des investisseurs qui ont déserté le marché pour rechercher des placements alternatifs aprés deux années de pertes et le rachat massif des parts d'OPCVM qui ont provoqué un tassement des cours. Cette situation traduisait en fait la morosité économique qui prévalait l'époque, induite par deux années consécutives de sécheresse et de stagnation du PIB. Quel marché pour 2001 ? Pour 2001, plusieurs observateurs nourrissent l'espoir d'une reprise, mais avec une certaine réserve. Selon Safabourse en tout cas, " l'année 2001 se présente comme une année difficile pour le marché boursier o il est impératif de recouvrer la confiance des investisseurs fortement éprouvée par plus de deux années de baisses de cours". Aussi, souligne la société de Bourse, la tendance de cette année " semble plus dépendante d'un comportement psychologique des investisseurs que d'une réaction rationnelle la santé économique du pays ou des résultats des sociétés cotées". Certains indicateurs incitent cependant l'optimisme et pourraient entraner un retournement de la tendance baissiére actuelle : il s'agit de l'amélioration de la conjoncture économique dans l'hypothése de l'augmentation de la valeur ajoutée agricole qui devrait induire une croissance du PIB de 8% selon le Ministére de l'Economie, des Finances, de la Privatisation et du Tourisme; l'amélioration de la balance commerciale grce une meilleure couverture des exportations par les importations, et ce dans l'hypothése de la stabilisation du prix du pétrole autour de 25 dollars le baril et un meilleur comportement de l'euro face au dollar; la matrise de l'inflation et du déficit budgétaire grce l'encaissement des recettes de privatisation de Maroc Telecom; la relance de l'investissement public et privé grce, d'une part au budget alloué dans le cadre de la Loi de Finances 2001 (23,5 Mds de DH ou 6% du PIB) et, d'autre part, aux incitations et encouragements consentis dans le cadre de la Loi de Finances, en particulier pour les secteurs agricole et touristique; le niveau de valorisation attrayant avec un PER du marché de 10 fois les bénéfices contre 24 fois durant l'été 1998. Pourtant, malgré ces hypothéses favorables, le marché reste confronté des problémes structurels qui risquent de voir tout espoir de reprise annihilé : le manque de liquidité et de profondeur du marché, la passivité des investisseurs institutionnels et étrangers, le caractére purement légal de la communication financiére et la politique monétaire (voir Finances News N¡110) sont autant d'éléments sur lesquels il convient de se pencher. A défaut, une reproduction du scénario de l'année boursiére 2000 serait plus que probable. C'est dire qu'il reste encore beaucoup de travail faire, méme si les autorités ont manifesté leur volonté de changer le cours actuel des choses