* Il sagit plutôt dune récession, mais la possibilité dune crise nest pas à écarter. * Les transferts des MRE et le tourisme peuvent souffrir dun marasme dans la zone Euro. «Lorsque léconomie américaine a des problèmes, toute léconomie mondiale est impactée», ont souligné plusieurs économistes lors du dernier Forum de Davos. Les propos rassurants de Condoleeza Rice, Secrétaire dEtat américaine aux Affaires étrangères nont pas convaincu. «Léconomie américaine est résistante», a-t-elle expliqué. «Mais pour combien de temps ?», rétorquent les analystes et autres observateurs qui doutent de la capacité du gouvernement US à redresser la situation dans des conditions nationales et internationales fortement hostiles. Les signes avant-coureurs dune crise ou du moins dune récession aux Etats-Unis sont là. Le Dollar est à son plus bas niveau face aux autres devises. LEuro continue de passer de record en record. Au point que certains pays ou organisations comme lOPEP envisagent de changer le Dollar comme monnaie de référence. Le déficit budgétaire et commercial américain se situe aussi à des niveaux inquiétants. Linflation arrive elle aussi à un stade préoccupant avec un taux de 4,1%. La crise immobilière a aggravé la situation et ses effets se sont traduits par une crise financière qui a touché les groupes européens. Le renchérissement record des matières premières, surtout le prix du baril de pétrole qui frôle les 100 dollars est une autre contrainte de taille. Les pertes sont colossales. Les analystes trouvent que la crise actuelle sera la plus dure de toutes depuis laprès-guerre. Dautres estiment quelle dépassera celle de 1929. «Lendettement des ménages en 1929 était de 130% du PIB ; actuellement, il dépasse les 220%», a expliqué Youssef Abouali professeur universitaire. Léconomie américaine commence à subir de sérieux revers. Elle est fortement concurrencée par lUE, le Japon et surtout la montée en puissance de certains pays émergents comme lInde, la Chine ou le Brésil». Mais quel impact pourrait avoir cette crise sur léconomie nationale? Il est clair que le pays a choisi de sintégrer dans léconomie mondiale avec un niveau douverture très élevé. Toutefois, le pays a montré par le passé quil était capable dabsorber les chocs. Comme cétait le cas après les événements du 11 septembre 2001. Léconomie marocaine a fait preuve dune certaine adaptabilité et a pu limiter sensiblement les dégâts collatéraux. «Les Etats-Unis sont la locomotive de léconomie mondiale et quand ce géant est enrhumé cest le monde entier qui est grippé», a affirmé Driss Benali économiste. Il a refusé de parler de crise. «Cest juste une récession qui peut durer un certain moment. Mais la possibilité dune crise nest pas à écarter», a-t-il dit. LAdministration américaine est suffisamment armée et a les outils nécessaires pour faire face à toutes les éventualités. Mais il nempêche que les événements actuels ont déjà des effets néfastes sur léconomie européenne surtout la zone Euro à laquelle léconomie marocaine est fortement reliée». Le professeur Benali a expliqué que «léconomie marocaine reste fragile à plus dun titre et tout marasme se répercuterait sur léconomie du pays. Toutes les économies de la zone Euro ont revu à la baisse leur taux de croissance pour lannée 2008. Et qui dit recul dit chômage. Le Maroc se base beaucoup sur les recettes voyages et les transferts des MRE venant de lEurope. Ces deux paramètres vont être certainement impactés». Dans ces conditions, léconomie du pays serait mise à rude épreuve surtout avec lenvolée des prix du brut. Les 6,2% de croissance annoncés par le gouvernement seront difficilement tenables. Benali a relevé aussi un autre indicateur qui peut être touché et qui concerne les investissement directs étrangers (IDE). «Les IDE vont certainement recevoir des coups. Les multinationales vont revoir à la baisse leur programme dexpansion à linternational faute de débouché à cause de la baisse de la demande mondiale. Par ailleurs, Benali nuance en affirmant que le pays ne subira pas de choc grave car son économie nest pas fortement industrialisée et nest pas tournée vers lexport. Sur le plan monétaire, la parité actuelle de lEuro par rapport au Dollar est en faveur du Maroc. Le Dirham est aligné sur un panier de devises à 70% pour lEuro et 10% pour le Dollar. Cette situation permet damortir le choc au niveau de limportation du pétrole mais pas au niveau de léquipement qui provient pour lessentiel de lEurope. Cette tendance est aussi pénalisante pour les exportations marocaines qui sont chères par rapports aux produits cotés en Dollar. Concernant la Bourse de Casablanca, Benali a expliqué que la place est très immunisée du fait que le flottant ne dépasse pas les 35% et que les capitaux sont essentiellement marocains. La présence des investisseurs étrangers reste marginale et ne peut en aucun cas provoquer de crises.