* Par recherche de mots-clés, lesthétique en Tunisie a enregistré 5.000 demandes sur Internet contre 330 clics seulement pour le Maroc. * Le Maroc passe à côté dune manne de 12 millions de packages essentiellement tournés vers les pays en voie de développement. * Sur 10 touristes médicaux en Tunisie, on en compte un pour le Maroc. Le tourisme médical est une manne en arrivées touristiques à ne pas négliger. Enregistrant une croissance positive, le tourisme de santé dans les pays en développement a attiré 12 millions de touristes ayant bénéficié d'une opération à moindre coût. Pour accompagner cette tendance, plusieurs agences et tour-opérateurs ont été créés spécialement pour le secteur, ce qui nest hélas pas encore le cas pour le Maroc. Cette tendance favorise le tourisme médical avec des destinations comme Genève, Tunis, Bangkok ou encore Singapour. Les tour-opérateurs proposent même aux patients-touristes l'accès à une clinique spécialisée dans la chirurgie plastique, comprenant le billet davion, lhôtel et les frais relatifs à lopération, tout cela en pension complète. Ce segment a participé au développement de limage de marque du Maroc, notamment sur le plan du contenu santé, auprès des marchés émetteurs. Aujourdhui, on fait plus confiance à la médecine du pays de manière générale. Et pourtant, «Par rapport à la Tunisie, le Maroc est très en retard. On compte, sur 10 touristes médicaux pour la Tunisie, un seul pour le Maroc pour la même qualité de soins», soutient le Dr Aadil Rachid, spécialiste en chirurgie maxillo-faciale et en chirurgie esthétique. Daprès lui, il faut imputer cela dabord au fait que la Tunisie a démarré cette activité bien avant le Maroc, avec au moins 5 à 6 années davance sur nous et ce pays est de ce fait très présent sur le marketing à linternational. «Et puis, au Maroc, tous les confrères ne sintéressent pas beaucoup à ce marché international parce que par rapport à la Tunisie, nous avons quand même un marché intérieur important, présent et très demandeur», poursuit le Dr Aadil. Sil est difficile de recenser exactement le nombre de touristes médicaux qui se rendent au Maroc ou en Tunisie, lécart entre les deux pays reste palpable si lon se réfère aux indicateurs du web, où lon peut constater que sur la Tunisie il y a eu 5.000 demandes de renseignements par mot-clé sur la chirurgie esthétique en ce mois de décembre contre seulement 330 demandes pour le Maroc. Ce nest pas que les praticiens marocains aient quelque chose à envier à leurs confrères tunisiens, puisquil y a des expériences réussies dans ce sens, mais elles se comptent sur les doigts dune seule main, et pour cause, «le positionnement sur le marché international demande dimportants investissements marketing à linternational. Mais on gagnera à le faire puisquil y a encore des marchés inexploités comme le marché espagnol ou anglais. Jusquà ce jour, les touristes médicaux émanent essentiellement de la France», estime le Dr Rachid Aadil. Un soutien logistique des agences de voyage et des tour opérateurs est important pour soutenir leffort des praticiens marocains. Mais il nen est rien ! Contactée par nos soins, la responsable dune agence de voyage explique que la principale raison pour laquelle les tour-opérateurs ne proposent pas de packages médicaux sur le Maroc est que lexpérience marocaine en la matière est encore fraîche. «Cette tendance du tourisme médical est récente et elle lest encore plus au Maroc ; du coup, lessentiel des propositions faites sur le Net est celles des praticiens eux-mêmes», explique-t-elle. Elle estime aussi que pour développer un package cela demande des études de marché et que dans ce sens le Maroc na pas encore gagné en grande visibilité par rapport à lextérieur. Elle ne nie pas cependant une crainte des agences de voyages de complications qui seraient liées à déventuelles interventions. «Le nom dune agence impliquée dans une affaire pareille ne manquerait pas de porter préjudice à son image», ajoute-t-elle. Un prétexte à mettre en brèche puisquun tour dhorizon dans les principaux sites marocains proposant des prestations esthétiques nous fait comprendre que lexercice de la chirurgie esthétique est très contrôlé de même que les prestations répondent aux normes internationales. Mieux encore, dans une clinique comme le Littoral, les blocs opératoires sont certifiés ISO 5, norme la plus stricte en terme de salles dopération. De même que lautorisation dexercer la médecine est délivrée par le secrétariat général du gouvernement après une étude minutieuse du dossier et vérification des diplômes auprès des universités qui ont délivré ces mêmes diplômes. «La qualification en chirurgie esthétique au Maroc est délivrée par le Conseil national de l'Ordre des médecins. Le chirurgien se présente devant une commission qui contrôle ses diplômes, vérifie sa formation et évalue ses compétences. Ce qui signifie que le chirurgien qualifié possède une formation complète dans ce domaine», constate-t-on. Autres avantages que compte le Maroc sur ce créneau, une proximité immédiate avec lEurope permettant une facilité du suivi post-opératoire mais surtout un séjour à la clé à des prix très intéressants. Les mêmes pratiques quen Tunisie, cest-à-dire moins 50 % par rapport à lEurope. De même que la plupart des praticiens proposent des formules de financement intéressantes et acceptent les cartes de crédit Visa et MasterCard pour ceux qui préfèrent utiliser ce mode de paiement. Mais un obstacle majeur demeure, notamment la position de la législation sur la question. Il nexiste pas, du moins aucun de bien connu, de texte régissant lexercice de la chirurgie pour des non Marocains ou des non résidents au Maroc. Selon un juriste, ce point importe peu puisque lexercice de la profession est soumis au Droit marocain tant quil est pratiqué sur le sol marocain quelle que soit la nationalité du patient. Alors quest-ce qui manque pour rattraper le train de cette niche touristique qui assure un nombre important darrivées ?