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Najib Bachiri, un «rebelle» au service de l’environnement
Publié dans Finances news le 01 - 02 - 2007

Le Président de l’Association « Homme et environnement » de Berkane est l’un des personnages les plus singuliers qu’on puisse rencontrer au cours d’une vie.
C’est un passionné de la question environnementale au Maroc doublé d’un poète qui cultive la discrétion. Pourtant, c’est un fervent militant connu aussi bien au Maroc qu’à l’étranger puisque plusieurs journalistes et acteurs associatifs étrangers viennent régulièrement le consulter sur le sujet. Cet homme n’a plus connu de vacances depuis des lustres, comme il n’a plus droit à aucun loisir. Mais il ne s’en plaint pas : « Le travail constitue l’essentiel de ma vie ». Bien d’autres ont constaté le fait, notamment un célèbre journaliste hollandais, Steven Adolf, qui travaille pour le NRC Handelsblad, le plus grand quotidien néerlandais. Ce correspondant en Espagne a écrit tout un chapitre sur Najib dans un de ses livres sur l’environnement. Najib Bachiri est donc célèbre sous d’autres cieux ; mais ici au Maroc, on ne retient de lui que sa farouche opposition au grand projet de Fadesa à Saïdia, devenant ainsi la bête noire des autorités de tutelle de la région. Il décrie haut et fort les méfaits que peut engendrer un tel projet sur l’environnement, sur les ressources hydriques, mais aussi sur les espèces rares qui ont été chassées de leur habitat naturel. Il ne manifeste aucune crainte, ni peur de représailles.
C’est certainement un trait caractéristique des gens de l’Oriental réputés coriaces.
« Peut-être que j’ai cela dans les gènes ». N’a-t-il vraiment jamais peur ?
« Je ne sais pas. En tout cas, dans ma famille, la peur n’a jamais eu aucune place. D’ailleurs, j’ai des ancêtres qui ont passé des années et des années en prison pour les idées qu’ils défendaient. Même mon grand-père a été emprisonné à Marrakech où il est mort… Mais vous savez, quand on sert une cause, il faut complètement éliminer la peur, sinon on n’avancera plus. Je suis seulement terrorisé à l’idée que mes actes pourraient affecter les autres de façon négative. Aussi, j’analyse d’abord mes actes afin d’éviter cela». Déterminé, il l’est effectivement, mais il reste un être très sensible. D’ailleurs, c’est un jaloux de sa passion. «Quand je me sens un peu seul, j’essaye d’écrire de la poésie en anglais ; c’est une manière de parler à soi et d’exorciser nos craintes, nos envies et frustrations». Il se rappelle cette nuit à l’Université de Fès en 79, alors que l’orage s’abattait sur la ville, où il se réveilla à trois heures du matin et eut une pensée pour les sans-abri. Cela l’a inspiré pour écrire un poème en anglais : «Dans un coin noir de ma ville, il s’assied et parle au vent qui nettoie les rues vides. Avec ses mots, il remplit l’atmosphère de sa peine. Le ciel s’est transformé et la pluie commença à tomber». Et Najib lit de tout: «j’adore particulièrement la littérature anglaise et je lis également tout ce qui est lié à l’environnement ; je m’accroche au changement, non pas climatique, mais pour être à jour de ce qui se passe ailleurs». Alors, si vous étiez ministre, qu’auriez-vous décrété ? « Je ne pense pas devenir ministre. Je suis un homme pragmatique, je n’imagine pas être dans une position que je n’accepte pas. Dans le contexte marocain, je sais qu’il y a des limites qu’il ne faut pas franchir et que mes actes seront contrôlés. Je suis comme une baleine qui aime l’océan; être ministre c’est comme un poisson rouge dans un bocal à qui chaque jour son maître vient donner à manger, et derrière lui, un chat qui rêve du jour où il avalera le poisson. Non, ça ne me convient pas ! ». Mais l’essentiel pour lui est de faire accéder la population au dialogue. « Chaque activité sans concertation aboutit à un résultat négatif; mais quand on intègre tout le monde dans un projet, cela motive chacun à fournir un effort ». Dans ce contexte, il est intéressant de savoir que Bachiri n’est pas cantonné dans l’activité environnementale, mais également dans le développement durable . Mieux, il est sollicité par le citoyen lambda chaque fois qu’il rencontre des problèmes, notamment les gens nécessiteux et les dépourvus comme les Subsahariens candidats à l’émigration. Une question sensible à laquelle il prête une extrême attention, accompagné du Père Lépine, le prêtre de la ville d’Oujda. Tous les deux essaient d’apporter leur aide à ces populations en détresse. Najib Bachiri n’aime pas posséder. « De Gaulle avait dit un jour : « les possédants sont toujours possédés par ce qu’ils possèdent ». Alors je ne veux pas être possédé ». Au plan familial, il précise ne pas avoir d’enfant, « mais je pense que dans la vie il ne faut pas être égoïste ; je pense aux autres citoyens et à leurs enfants et à la meilleure façon de leur garantir un avenir. Dans l’Association, j’ai plusieurs ateliers pour les enfants que je considère comme miens ». Comment cet homme a-t-il développé cette fibre écolo au point de fonder une association dédiée à cette problématique ? « Beaucoup de personnes, notamment des étrangers, me surprennent en me disant que j’ai une pensée occidentale. Or, la protection de l’environnement fait partie de notre culture marocaine. Quand j’étais petit, ma grand-mère me disait toujours de ne jamais toucher une hirondelle, parce que si l’on fait mal aux hirondelles, une fois adulte, on a les mains qui tremblent. Et c’est ainsi que j’ai grandi dans une maison où l’on respecte l’environnement. Ce n’est pas une mode qui nous vient d’Occident, puisque notre culture recèle les dispositions essentielles pour veiller à la protection de l’environnement. Et si vraiment on essaie de préserver la culture marocaine, je pense qu’il y aura beaucoup de choses qui contribueront à la protection de l’environnement». Si Najib Bachiri obéissait à sa grand-mère, il n’était pas pour autant un enfant sage, sans être non plus turbulent. Il était en fait curieux de son environnement : «Je voulais toujours découvrir des choses qui n’intéressaient pas vraiment les enfants ou ceux qui n’avaient pas le courage de poser des questions un peu ambiguës ». Ainsi, quand sa mère lui demandait de rester sagement à la maison, Najib partait à la découverte du paysage immédiat et n’hésitait pas à se baigner dans les rivières voisines. Adolescent, il continuait à cultiver des sujets d’intérêt autres que ceux des jeunes de son âge. « Je m’intéressais à la lecture et je m’exerçais à la poésie. Dans notre maison, il y avait aussi beaucoup d’enfants du voisinage, souvent pauvres, et j’ai appris leur souffrance et comment les respecter ». De cette époque, Najib garde un douloureux souvenir, celui d’un père qui décède dans sa voiture des suites d’une crise cardiaque. « Mon père a succombé sous mes yeux, ça a été le moment le plus dur de ma vie », explique-t-il avec une larme aux yeux. Après des études en littérature anglaise, il s’est adonné à sa passion, la lutte pour la protection de l’environnement… Il voue un culte à l’abbé Pierre et au Père Lépine, ce dernier s’étant désintéressé de sa personne pour servir les autres. « Il m’a beaucoup marqué, c’est pour moi l’abbé Pierre de l’Oriental ». Depuis, on ne cesse de l’agresser, mais Najib n’est pas rancunier, bien au contraire. « Je n’ai pas de haine ! ». Par contre, il avoue avoir un défaut particulier : « Je juge mal parfois, mais, au final, je ne suis qu’un être humain, car il m’arrive de regretter. Cela dit, je ne suis pas prisonnier de mon regret, puisque c’est l’ennemi de la vie et du progrès ».


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