* Recourir au crédit revolving est devenu machinal pour bon nombre de citoyens ne pouvant faire face aux imprévus. * Devant un tel besoin, les banques et sociétés de financement ont innové en la matière en mettant à la disposition des clients des cartes qui, selon leurs dires, ont des avantages multiples. Le crédit permanent ou crédit revolving est une forme de crédit consistant à mettre à la disposition d'un emprunteur une somme d'argent sur un compte particulier ouvert auprès de l'établissement dispensateur de ce crédit, de façon permanente, et avec laquelle il peut financer les achats de son choix. Il constitue une formule particulière de crédit à la consommation et relève par conséquent de la réglementation y afférente. Le renouvellement du crédit permanent s'opère au fur et à mesure des remboursements de l'emprunteur dans la limite du montant autorisé par l'organisme et à concurrence de la partie remboursée. Cette formule de crédit est généralement assortie d'une carte de crédit utilisable dans le réseau des commerces affiliés qui acceptent cette carte. Si cette formule présente l'avantage de la souplesse, elle est généralement coûteuse, peut constituer une incitation dangereuse à la surconsommation - voire au surendettement - et nécessite donc une parfaite gestion de compte. «Tu y mets le doigt et le corps y passe tout entier, raconte un ancien revolving addict». «On ne cesse de puiser dans une réserve qui se remplit sans cesse et les remboursements grimpent. Pour surnager, certains contractent alors d'autres crédits pour rembourser le précédent». Dans un pays comme la France, la progression du crédit revolving a été de 150 % entre 1991 et 1998. Le succès du crédit renouvelable repose sur une demande importante et durable de crédits de petits montants, émanant d'une clientèle nombreuse et solvable dans la majorité des cas. Cette forme de crédit à la consommation a suscité diverses critiques de la part notamment d'associations de consommateurs qui ont mis en cause son rôle dans le surendettement des ménages. Le glissement que l'on observe des crédits affectés vers les crédits non affectés prive, en effet, les emprunteurs des protections attachées à l'affectation contractuelle. Au Maroc, on assiste ces dernières années à un jaillissement des cartes liées au crédit revolving. En effet, si quelques années auparavant ce type de crédit à la consommation était de l'apanage d'Attijari Cetelem, ex-filiale de la BCM, il faut dire qu'on assiste aujourd'hui à un développement de plus en plus accentué du crédit renouvelé. Aujourd'hui, à l'instar de Cetelem, plusieurs banques ont innové en la matière. Attijariwafa bank vient de lancer la carte Mizane (voir FNH n° 358), la Banque Populaire met à la disposition des citoyens la carte Relax censée éviter les frustrations et permettre de couvrir les différents besoins. La BMCI a lancé la carte Viva, l'argument cette fois-ci étant que les dépenses imprévues ont comme inconvénient d'être imprévues. Impossible d'échapper à leurs formules tentantes, elles font feu de tout bois : dans la boîte aux lettres, au téléphone, sur les panneaux d'affichage ou dans la presse. Dès qu'on ouvre une lettre, un coupon nous offre de 5.000 à 50.000 DH, disponibles à la date de notre choix. Comment fonctionne le crédit revolving ? Par ailleurs, le remboursement, en s'étalant dans le temps, coûte relativement plus cher que celui habituel. Et pour être plus attractives, les offres de revolving affichent généralement des taux mensuels qu'il faut multiplier par 12. Les taux d'intérêt et d'assurances s'appliquent mois par mois sur le capital restant dû. Contrairement aux prêts amortissables classiques, le taux à la souscription n'est pas garanti. Rien dans le contrat de prêt ne garantit que le taux annoncé le jour de la souscription sera celui appliqué le jour de l'utilisation effective de l'argent, surtout si celle-ci a lieu quelques mois plus tard. Sur ce point, l'information sur l'évolution des taux n'est pas toujours bien annoncée. Ce type d'emprunt présente l'avantage de pouvoir effectuer les petits achats qui ne sauraient être financés par un prêt classique, sans demander l'aval de la banque. Malheureusement, ce type de crédit peut parfois conduire au surendettement lorsqu'il devient un moyen de paiement habituel. D'après un spécialiste du secteur bancaire, «le crédit revolving est la vache à lait des crédits à la consommation. Dans ce type de crédit, le taux n'est pas déterminant pour le consommateur. Il est attiré surtout par la facilité de son obtention». Il n'y a pas de réelle vérification des antécédents financiers de l'emprunteur, pourtant obligatoire. Le montant du crédit varie selon la capacité d'endettement du consommateur. Son taux est révisable, ce qui le différencie d'un crédit à la consommation classique. Par ailleurs, le taux d'intérêt n'est appliqué que si le consommateur utilise l'argent mis à sa disposition et uniquement sur la portion utilisée. La durée initiale d'un crédit permanent est d'un an renouvelable. En cas de modification des conditions relatives au crédit, le client doit être informé par l'organisme prêteur trois mois avant la fin de la période. L'emprunteur peut refuser ces nouvelles conditions dans les 20 jours qui précèdent leur mise en place. Dans ce cas, il est tenu de rembourser les sommes qu'il a utilisées selon les règles qui ont été définies dans le contrat initial. Si dans les trois ans qui suivent la mise à disposition de l'argent, le consommateur ne l'a pas utilisé et qu'il ne donne pas suite au courrier concernant la reconduction du contrat, alors le compte est clos. En outre, s'il rembourse les sommes de manière anticipée, aucune indemnité ne peut lui être demandée.