Pour de nombreuses familles, les premiers sons de cloche associés à ceux des caisses enregistreuses sont synonymes de cauchemar. De la maternelle au supérieur, lautomne savère budgétivore. Les études pèsent de plus en plus lourd sur les ressources familiales. En cette rentrée, la facture est bien salée aussi bien sur le plan macro-économique que du point de vue micro-économique. Mais il faut dire que les agrégats nationaux sont transposés fidèlement sur ceux des ménages. Pour les particuliers, parmi les dépenses qui ont bien garni la facture, celles de la rentrée scolaire figurent en bonne position. Le malheur est que ces dépenses sont devenues équivalentes à lendettement essentiellement chez les fonctionnaires qui narrivent même pas à joindre les deux bouts en temps normal. Devant une telle situation, sociétés de financement et banques ont profité de loccasion en mettant à leur disposition des offres innovantes et attractives. Chacune prétendant que la rentrée scolaire sera exceptionnelle si les concernés contractent son offre. Crédit Mouadaf avec deux mois de différé, crédit 1.2.3. qui permet de bénéficier dun seul crédit pour gérer deux évènements, de trois mois de différé et de prêts immédiatement disponibles, spécial fonctionnaire et autres sont à la disposition de ces parents déboussolés. La question que lon se pose est comment une personne ayant contracté un crédit cette année pourrait en profiter lannée suivante ? Selon un agent dune société de financement, «la réponse est toute simple : ce même fonctionnaire peut prendre un autre crédit en vue de rembourser le reliquat et profiter du nouveau crédit». Par ailleurs, nombreux sont les fonctionnaires qui ne profitent pas de ces offres, parce quils ont déjà contracté dautres prêts auprès dautres sociétés de financement ou bien parce que la centrale des contentieux les classe dans le registre des clients non solvables. A ce moment-là ce sont les proches qui mettent la main à la poche. Ceci pour dire que les sociétés de financement sont sur leurs gardes essentiellement dans un contexte caractérisé par la hausse des créances en souffrance et la nécessité dune meilleure conformité aux règles de Bâle II (ratio Cooke). Aujourd'hui encore, le secteur du crédit à la consommation n'arrive pas à sortir de sa léthargie. Aux effets négatifs de la baisse du TEG et aux difficultés de refinancement à moindre coût, viennent se greffer les nouvelles exigences de l'autorité de tutelle du secteur quest Bank Al-Maghrib en matière de provisionnement. Du côté fonctionnaires, bien gérer ses dettes est de toute évidence important dans la mesure où, chaque année, ils se retrouvent dans le tourbillon de la rentrée pour acheter vêtements et fournitures scolaires. A. M. professeur : «jai deux petites filles inscrites dans une école privée; pour cette rentrée, jai déboursé 7.000 DH entre frais de scolarité et manuels scolaires. Pour le ramadan, je ny pense même pas». Comment A.M. sest-il procuré toute cette somme alors que son salaire oscille autour de 6.000 DH ? Il a préféré voir avec les proches. Les sociétés de financement sont, selon lui, des arnaqueuses dont les services virent au cauchemar. Pour Y. B., cadre dans une ONG, la situation nest pas très embarrassante : «avec un salaire de 15.000 balles, je couvre les frais de scolarité de mes deux enfants sans problèmes, mais je ne peux pas économiser pour faire face aux imprévus». Si ces personnes souffrent de cette manière, quen est-il du petit fonctionnaire qui touche un salaire de 3.000 DH ? Quel est le sort de sa progéniture ? Parce quil ne faut pas se leurrer, les établissements publics aussi nécessitent des frais dinscription et des manuels scolaires. Si ce fonctionnaire prend un crédit, il sendette jusquau cou et dès quil reçoit son salaire, il commence à prélever sur le suivant et la boucle est bouclée. Aujourdhui, lInitiative nationale pour le développement humain bat son plein. Cette initiative devra par ailleurs se pencher sur ce volet, essentiellement pour les familles nombreuses qui narrivent même à assurer la scolarisation de leurs enfants dans les établissements publics. De même, il savère indispensable de veiller à lamélioration de lenseignement public parce quaujourdhui, même les parents qui nont pas les moyens sorientent vers les écoles privées en empruntant la voie facile : celle de lendettement.